Partie 6

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Vas-y toi au Bronze. Mitch et les autres y sont, y'a un groupe qui joue. Moi je vais rentrer réviser aussi, proposa Louis à son meilleur ami.
Putain, Louis, tu fais chier ! Déride-toi un peu, blâma Niall. De toute façon, tu vas quand même tout déchirer et être premier !
J'ai juste pas envie, insista-t-il.
Comme tu voudras, soupira le blondinet. Fais gaffe en rentrant.

En vérité, Louis ne comptait pas rentrer chez lui. Il essayait juste de trouver un moyen d'esquiver son ami. Alors que Niall se précipitait vers le bar, Louis se dirigea tranquillement vers la sortie du campus à l'opposé, d'un pas nonchalant. Secrètement, chaque soir, pendant ses rondes, depuis presque une semaine, il espérait que son bel ange noir apparaisse. Il avait tant de choses à lui demander.

Il le sentait.

Il sentait la présence de l'inconnu - elle était devenue une seconde peau - mais l'homme restait encore tapi dans l'ombre. Alors Louis attendit. Il attendit qu'il se manifeste pour pouvoir lui parler, le questionner.

Louis fut attaqué par derrière. Un bras puissant lui obstrua la gorge. Il se débattit en donnant un coup de coude bien placé dans l'abdomen qui faisait barrage dans son dos. Il attrapa le bras et le tordit en faisant volte-face. Le sourire au coin des lèvres, son coeur se mit soudainement à battre plus vite, en voyant enfin le visage de son agresseur. Il était toujours aussi beau.

Mais Louis n'eut pas le temps de réagir que son corps vacilla. Un quart de seconde d'inattention et ce fut le choc. Il s'écrasa au sol emportant avec lui son adversaire, fier d'avoir tout de même réussi à le déstabiliser aussi.

Juste au-dessus de lui, à quelques centimètres de son visage, se trouvait l'homme de toutes ses pensées.
Je t'avais dit que tu devais renforcer ta garde.
A peine ces mots furent prononcés, Louis sentit la chair de poule se répandre sur tout son corps. La voix à la fois grave et douce de son bel inconnu éveillait en lui un désir qu'il n'avait jamais ressenti auparavant.

Les choses insensées et inexpliquées faisaient pourtant partie de sa vie mais ça, cette chose, ce tourbillon de sensations qui grandissait au fond de lui chaque fois que son regard rencontrait ces beaux yeux verts, c'était complètement fou.
Tu m'as pris par surprise, se défendit le jeune chasseur, espérant garder une certaine assurance.
Justement, Louis, c'est là ta faiblesse. Tu es un excellent chasseur, tu as de l'instinct mais tu ne l'exploites pas assez, réprouva l'inconnu d'un ton très solennel. Tu te bats très bien mais tu manques encore de précision.
Ah, parce que tu es un expert peut-être ! le taquina le plus jeune pour détendre l'atmosphère.

Louis savait se battre. Peut-être pas assez bien aux yeux de l'inconnu mais il savait. La violence, il ne s'en servait que pour se défendre et attaquer quand il le fallait. Dans le fond, il n'avait jamais aimé ça. Il l'utilisait juste pour la bonne cause. Ses meilleures armes restaient l'humour et les sarcasmes.
Je dis juste que tu devrais être plus attentif, surtout lorsque tu es seul.
Je savais que tu étais dans le coin, confia malicieusement Louis en plongeant son regard dans les deux émeraudes qui le fascinaient tant.
Tu m'attendais ?
Peut-être...

Un simple murmure et le monde autour d'eux s'écroula. Allongés l'un sur l'autre, sur l'herbe fraîche de la nuit, ces deux-là plongèrent dans une bulle où le temps n'existait plus. Leurs souffles se mélangèrent. Louis était bercé par la voix chaude et le regard envoûtant de son bel inconnu. Il avait l'impression de ne plus rien contrôler, attiré irrémédiablement par sa bouche rosée. Il aurait juste fallu que l'un ou l'autre s'approche un peu plus. Harold pouvait très bien sentir les palpitations du jeune chasseur s'accélérer, découvrant ainsi que l'attirance qu'il éprouvait était belle et bien partagée. Plus de doute possible.

Harold, lui, avait déjà compris que son propre coeur était perdu. Depuis bien trop longtemps. Il ne battait plus et pourtant, il ne l'avait jamais senti aussi vivant. Mais il devait constamment lutter contre cette chose qui le poursuivait : la raison.

Harold se releva, brisant la tension qui grimpait à vue d'oeil. Louis sentit un pincement au coeur, regrettant de ne pas pouvoir faire prolonger l'instant. Il agrippa la main de l'étranger pour se relever qui, comme la dernière fois, était encore cachée par une mitaine en cuir.
Demain, même endroit, même heure. Et sois en forme. Je ne remets pas en cause les cours de ton oncle, Louis, mais tu n'es pas prêt. Et de l'entraînement, il t'en faudra beaucoup plus pour l'affronter.
Mais putain ! s'énerva Louis, las de tous ces mystères. Comment tu sais que Giles est mon oncle ? Et tu ne m'as toujours pas dit comment tu savais qui j'étais ? Qui on était ? Toi aussi tu es un Enfant d'Abel, c'est ça ? Mais d'une autre ville ? Et affronter qui, bordel ? continua Louis, les nerfs à vif, sortant toutes ces questions d'une traite, sans prendre son souffle.
Je t'expliquerai tout ça demain.

Louis était désorienté, agacé. Il ne comprenait pas comment un homme pouvait autant l'énerver et l'attirer en même temps alors qu'il le connaissait à peine. Jamais ça ne lui était arrivé. Il était habituellement réfléchi dans le choix des hommes qu'il fréquentait, son mode de vie lui obligeant une certaine vigilance. Et clairement, c'est ce qui expliquait que sa vie amoureuse était un tel fiasco. Comment expliquer à son partenaire ses nombreuses sorties nocturnes sans passer pour un enfoiré ?

En y réfléchissant bien, Louis n'était effectivement jamais tombé amoureux et n'avait jamais connu d'histoire sérieuses.

Est-ce que je peux au moins enfin savoir ton nom ? Parce que là, clairement, tu me files un rancard comme ça, dans le normal et tu crois franchement que je vais me présenter comme une fleur demain et que...
Harry, révéla enfin le bel inconnu, le sourire aux lèvres face à la tirade de Louis. Appelle-moi Harry.
Il tourna les talons et laissa le jeune chasseur sur cette révélation.
Ouais, enfin... j'ai peut-être mieux à faire, hein ! rétorqua Louis fier comme un paon alors qu'il se tortillait les doigts dans tous les sens ne laissant aucune crédibilité à sa désinvolture déguisée. Je verrai demain... Har-ry ! dit-il en insistant sur le prénom qui désormais tournait en boucle dans sa tête.
C'est toi qui vois, dit Harry d'un air faussement détaché en regardant une dernière fois le jeune homme.

Le franc parler de Louis l'amusait et le charmait. Ça et la malice dans ses yeux bleus qui criait "bien sûr que je viendrai. Je ne sais pas qui tu es, mais je viendrai." Mais Harold avait compris comment son jeune protégé fonctionnait. Louis aimait le jeu, l'audace et la séduction qui s'instaurait petit à petit entre eux. Cette séduction qui en fait était bien plus forte et plus profonde qu'il n'y paraissait. Ils étaient connectés, depuis bien longtemps. Harold avait la faculté de ressentir ce que Louis essayait désespérément de cacher. C'était la part animale en lui qui le flairait. Et Harry savait qu'il serait de plus en plus difficile de résister. Sa raison et sa culpabilité le dévoraient. Son humanité s'embrasait comme jamais et la bête hurlait de désir.

Harold courait définitivement à sa perte. Louis était une tentation dangereuse mais peu importe, le jeu en valait la chandelle.

Se sentir vivant une dernière fois.

Se sentir vivant avant que tout ne bascule.

Blood MoonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant