Où étaient-ils tous passés ? Amia scrutait le sous-bois en plissant les yeux pour mieux voir, tandis que la panique commençait à former une boule dans sa gorge et l'empêchait de respirer. Sans doute n'avaient-ils pas vu qu'elle ne les suivait plus, et avaient-ils disparu entre les arbres. La jeune fille espérait de tout son coeur qu'ils n'allaient pas tarder à se rendre compte de son absence, et qu'ils allaient vite faire demi-tour pour la retrouver.
On lui avait toujours dit que, lorsqu'on était perdu, il valait mieux rester sur place afin que les éventuels secours puissent la rejoindre plus facilement. Une cible en mouvement était toujours plus difficile à localiser qu'une autre restant immobile, pas vrai ? Mais dans le cas d'Amia, rester sur place s'avérait impossible : pas alors qu'elle était sûre que quelqu'un rôdait dans les alentours et que cette personne avait peut-être de mauvaises intentions... Le plus simple aurait été de retourner près de la plage où été amarré le Vengeur ; malheureusement, la jeune fille ne savait absolument pas comment s'y rendre, elle n'avait pas pensé à prendre mentalement ses repères en marchant. Il fallait l'avouer, elle comptait sur les autres pour emprunter les bons chemins et éviter de se perdre. A présent, elle se trouvait au beau milieu de la forêt, sans aucune idée de l'endroit précis où elle se trouvait. Elle était complètement perdue, en somme.
-Super, marmonna t-elle en donnant un coup de pied dans un petit caillou pour se donner une contenance. Pourquoi ces choses-là n'arrivent toujours qu'à moi ?
Habituellement, seuls les fous parlaient tous seuls et entretenaient de sérieuses discussions avec eux-mêmes, mais Amia avait besoin de se rassurer, et entendre le son de sa propre voix était un bon moyen pour cela. Se disant que ses amis avaient sans doute continué tout droit (peut-être savaient-ils parfaitement qu'elle n'était plus avec eux mais pensaient-ils qu'elle les rattraperait) elle se mit en route prudemment, un pas après l'autre, évitant soigneusement les racines traîtresses qui dépassaient à peine du sol mais suffiraient à la faire méchamment trébucher en cas d'inattention. Auparavant, il n'y en avait presque pas, mais comme toujours, plus elle s'enfonçait dans la forêt, plus le sol était inégal et moins la progression était aisée.
Le cri sinistre d'un hibou résonna quelque part à sa gauche, et elle ne put s'empêcher de maudire l'animal : le jour était levé, à présent, il était censé dormir ! Mais non, contre toute logique, il préférait rester éveillé pour effrayer la jeune fille avec ses hululements qui semblaient venir de partout à la fois et lui rappelaient le dernier - et le seul - film d'horreur qu'elle avait vu, il y avait au moins un an de cela. De temps à autre, elle en faisait encore des cauchemars. Et voilà que cet imbécile d'oiseau lui donnait des frissons avec ses cris d'outre-tombe !
Au détour de chaque arbre, chaque buisson, chaque souche même, elle s'attendait à se retrouver nez à nez avec la silhouette sombre qu'elle avait entraperçu peu avant la disparition de ses amis. Où étaient-ils passés, d'ailleurs ? Elle aurait dû les rattraper, depuis le temps. Peut-être était-elle partie dans la mauvaise direction, en fin de compte.
Une branche - ou était-ce une brindille ? - craqua brusquement quelque part derrière elle, la faisant sursauter. N'y tenant plus, elle se retourna d'un bond, et lança d'une voix qu'elle même perçut comme tremblante d'angoisse :
-Il y a quelqu'un ?
Aucune réponse, bien entendu. Pourtant, Amia n'avait certainement pas rêvé, et elle aurait juré d'avoir entendu des bruits de pas un instant plus tôt. Peut-être était-ce seulement son imagination qui lui jouait des tours.
Ou peut-être pas...
Elle recula de quelques pas, méfiante, et manqua de peu de trébucher sur une racine qui, sournoise, avait essayé de lui faire un croche-pied. Bon sang, qu'est-ce qu'elle détestait cette forêt ! Thalia pourrait dire tout ce qu'elle voudrait après ça, plus jamais elle ne l'écouterait. Ce ne sont que des arbres, avait-elle prétendu. Ouais, tu parles... Malgré tout, Amia commençait à se dire que c'était tout simplement sa nervosité qui la rendait folle lorsqu'une voix sèche et menaçante retentit dans son dos, la faisant à nouveau sauter en l'air :
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AMIA WHITE - 2. L'île de la Lune
ParanormalAmia et ses amis sont désormais en sécurité, bien à l'abri dans un campement sur l'île de Ré, où vivent ceux que l'on surnomme les "Ingrats d'Intemporia", des jeunes Elementalistes qui ont préféré vivre par eux-mêmes plutôt que de s'en remettre à Mm...