Chapitre 1

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Qui aurait cru que le premier réflexe d'un démon qui s'enfuit serait d'aller se réfugier dans les égouts ! 

Cela faisait deux heures que je traquais ce dévoreur d'enfants. Il n'était pas très fort, un démon basique qu'une simple élève pourrait tuer en guise d'entrainement, mais sa capacité à se dissimuler ne me facilitait pas la tache. En même temps, quand on voit à quoi cette chose pouvait ressembler, ce n'était pas étonnant. On pouvait le croire tout droit sorti d'un film Star Wars avec ses yeux globuleux, la bave qui lui coulait d'un orifice non identifié, deux choses ressemblant à des petites trompes et ses écailles noires aux reflets marrons.  

D'après nos informations, son espèce n'était pas obligée de manger des nourrissons au petit-déjeuné mais rien ne valait la chair fraîche pour certains.  

Je me retrouvais donc à poursuivre un démon dans les égouts malodorants de Paris alors que d'autres regardaient tranquillement la télévision avec un saladier de pop-corn. 

Quand on dit que pour faire certains métiers, il faut l'avoir dans le sang...

Les faibles émanations d'énergie de ma proie m'indiquaient que je gagnais du terrain, plus que quelques mètres. Afin d'éviter une confrontation salissante, je me concentrais sur la chaleur provenant de ma main. Un sentiment de colère grisante m'emplit alors. Une simple attaque avec une quantité d'énergie minime mais suffisante pour faire diversion pendant que je l'attaquais par derrière. Ma dague en argent forgée à partir de mon sang vibrait de façon presque imperceptible, dans l'attente de goûter au sang d'une nouvelle victime. 

Sans que je ne sache comment, le démon Cromus perçut ma présence puisqu'il se retourna pour m'envoyer un coup de poing dans l'estomac, me blessant par la même occasion avec une de ses griffes poilus. Alors que je percutais le mur, l'odorante créature sauta dans les airs pour atteindre une sortie. 

Humaine, je n'étais pas capable de faire la même chose. Il ne me restait plus qu'à trouver une échelle et le rejoindre à la surface sans qu'il n'y ait de témoins. 

Ma blessure à l'abdomen saignait mais au moins il n'avait administré aucun poison. Je me laissais guider par la fusion de mon inconscient et de ma dague. La traque se termina dans une ruelle sombre proche d'un de leur refuge. J'accélérai la cadence en espérant qu'il ne me détecterais pas grâce à mon sang. 

Je savais que j'avais peu de chance de m'en sortir dans un corps à corps en étant blessée. S'il était un tant soit peu intelligent, il me laisserait me fatiguer ou il appuierait là où ça fait mal. Bien, il me restait une dernière option. Ces monstres étaient forts mais ils manquaient d'agilité. Avec une profonde inspiration, je mobilisai ma capacité à manipuler l'air et envoyai ma dague à l'arrière de son crâne. Il n'eût pas le temps de l'éviter. 

Bien, un de moins. Il n'en restait plus que des millions d'autres. En réalité, personne ne savait combien de créatures surnaturelles vivaient sur Terre, à la surface ou en-dessous. S'ils faisaient des recensements, ils se gardaient bien de nous transmettre les résultats. Ah leur Administration était aussi pénible que celle des humains ! 

Il ne me restait plus qu'à prendre une photo de la victime, relever ses signes distinctifs pour compléter mon rapport et prendre le chemin de la maison. C'était à ce moment que je sentis une présence proche de mon nouvel ami et moi. Cela ne ressemblait à rien de ce que j'avais pu connaître. Une énergie à la fois puissante et délicate mais pas suffisamment pour correspondre à un vampire. Et puis il y avait quelque chose en plus. Plus sombre et animal. 

Pourtant, malgré mes efforts pour localiser la source, elle était trop diffuse et son propriétaire, beaucoup trop furtif. Pas de lots de deux pour le prix d'un. Je n'avais plus qu'à attendre que le corps disparaisse de lui-même. Lorsqu'un démon mourait, il ne restait rien de lui, à l'exception de quelques cendres. 

De retour dans ma voiture, je cherchais dans la boite à gants du désinfectant et des compresses. Mes "collègues de travail" étaient habitués à la vue du sang. On nous appelait les Chasseurs. Des humains entraînés au combat et à la traque des créatures surnaturelles. Certains comme moi possédaient des capacités bien utiles comme manipuler les éléments fondamentaux (eau, feu, terre et air), d'autres utilisaient la magie du sang. Notre but ? Exterminer le plus de ces monstres. 

Certains étaient plus coriaces que d'autres. Le démon Cromus n'était qu'un petit chaton comparé à ses copains. On retrouvait par exemple les métamorphes. Enfin, surtout les prédateurs parce que les lapins-garous n'étaient pas terrifiants, sauf si vous étiez une carotte bien juteuse. Les carnivores étaient les plus dangereux. Beaucoup appréciaient la chair humaine en plat de résistance, il ne restaient d'ailleurs rien de leurs victimes après qu'elles soient passées sous leurs crocs acérés. 

Les loup-garous étaient bien plus redoutables, en particulier, en meute. Notre seul atout était leurs instincts incontrôlables. Ils se régénéraient vite, possédaient une force bien supérieure à la normale et des dents capables de détruire des métaux. 

Il existait autant d'espèces de démons que de fées. Surtout, n'imaginez pas une fée comme celle que l'on voit dans les Disney avec de petites ailes et un tutu vert à paillettes. Elles étaient certes proches de la nature mais cela ne les empêchait pas de tuer des humains si elles estimaient que c'était nécessaire. 

Et le pire pour la fin. Plus les vampires étaient vieux plus ils arrivaient à se contrôler et leur force et leur rapidité augmentaient. D'après ma tante, le danger le plus grand avant un ancien vampire était un démon de niveau supérieur. 

Je pénétrais le Quartier Général des Chasseurs pour déposer mon rapport quand mon instructeur bien aimé se pointa. Le bâtiment ne payait pas de mine à première vue. Il ressemblait davantage à une vieille usine désaffectée avec les branches de lierre et la mousse qui prenaient possession des murs. Mais les apparences étaient trompeuses chez les chasseurs. Il nous fallait compenser notre infériorité en nombre, en force et en pouvoir. L'odeur d'humidité et les courants d'air ne rendaient pas cet endroit plus plaisant. 

- Vous avez accompli votre mission Adria ? 

Moroy avait beau être un petit bonhomme qui me dépassait à peine, il pouvait faire preuve d'autant de cruauté envers ses ennemis que ses alliés. Pour lui, la fin justifiait les moyens. Une devise qu'il avait à maintes reprises tenté de me faire adopter. Ses préférences allaient de l'utilisation de potions douloureuses à ses pouvoirs élémentaires. 

- Oui, monsieur. J'allais faire mon rapport, répondis-je en me retournant pour lui faire face. 

Ce type était comme une oie, si vous ne lui faisiez pas face, il en profitait pour vous pincer les fesses. 

- Vous êtes blessée, remarqua-t-il en m'examinant de la tête aux pieds avec un regard malsain.

Bien observé mon cher Watson. 

- Oui, le Cromus était plus rusé qu'il n'en avait l'air, me justifiai-je en ne laissant rien paraître sur mon visage. 

- Un simple démon n'aurait pas dû être difficile à tuer pour une chasseuse de votre niveau, dit-il avec un ton doucereux.

- Une simple erreur qui ne se reproduira plus. C'est le résultat qui compte, il est mort, fis-je pour mettre fin à cette désagréable conversation. 

C'était le weekend, j'étais encore couverte de sang de démon. Ma blessure me lançait et je n'avais toujours pas commencé mon devoir d'écologie. Le boulot de chasseuse ne payait pas, un scandale compte tenu des risques si vous voulez mon avis. Tandis que certains étudiants prenaient des boulots de serveurs, moi je tuais des créatures surnaturelles pour les protéger. 

Bonjour, bonjour ! 

Me voici de retour avec une nouvelle histoire. Je sais que cela fait très longtemps de je n'ai pas publié mais je n'arrive tout simplement plus à écrire cette histoire. Alors pour progresser et arrêter de ruminer dans mon coin, je vous propose une nouvelle fiction dans le genre bit-lit ou urban fantasy.  J'ai déjà évoqué les vampires précédemment mais ce sera vraiment différent ici. Je change aussi la narration pour la première personne mais cette fois-ci au passé. L'ambiance sera aussi différente puisque je m'inspire des romans gothiques (ou tout du moins j'essaie en y ajoutant ma sauce). 

Voilà, j'espère que cela va vous plaire et n'hésitez-pas à me donner vos avis. 

NémésisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant