Chapitre 5

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C'était la deuxième fois que ce satané hybride me faisait m'évanouir comme une princesse en détresse. La première fois, directement dans mon esprit, ou plutôt dans le sien, et la deuxième fois, il avait préféré me mettre directement un coup sur la tête si j'en croyais la violente douleur dans mon crâne. 

Cependant, je n'étais plus assise dans une grotte froide et humide. C'était même le contraire. La température était agréable et un doux tissus m'enveloppait comme dans un cocon. Mais ce n'était pas le toucher qui me donna le plus d'informations. Je pouvais entendre un ronronnement en bruit de fond. Comme un moteur de voiture étouffé. Une odeur de cuir s'échappait de mon lit de fortune, ce qui me laissait à penser que j'étais à présent dans un véhicule en route. Je prenais garde à ne changer, ni le rythme, ni la profondeur de ma respiration. 

Malheureusement, je n'arrivai toujours pas à évaluer le nombre de personnes présentes dans la voiture. Ils ne parlaient pas ; n'émettaient aucun bruits capables de me renseigner sur leur identité. Le seul moyen, présentant moins de risques que d'ouvrir les yeux, était d'utiliser ma maîtrise de l'air. En espérant que les occupants ne perçoivent pas les changements d'énergie au sein de l'habitacle. 

Je me concentrai comme lors de mes entraînements sur l'air que j'inspirais plus froids, que celui de mes expirations, plus chaud. Je visualisai la position de mon corps sur le lit de cuir et j'imaginai le reste de la pièce. 

- Si tu veux des réponses, tu n'as qu'à simplement ouvrir les yeux. 

Cette voix... Conan. Bien sûr. Vu la puissance de sa magie et son habilité à la manier, il avait dû sentir facilement les perturbations . Bon, eh bien, pour la discrétion, on repassera...

Mes yeux s'habituèrent lentement à la luminosité de l'habitacle. Je me trouvais bien sur la banquette arrière d'une voiture en marche dont les vitres étaient teintées. Anna était assise près de moi et sa mine préoccupée ne me disait rien qui vaille. 

- Tiens, me dit-elle en déposant des vêtements secs. En passant, il faudra que je t'emmène dans une boutique de lingerie la prochaine fois que l'on fera les boutiques. 

Ah oui... j'étais toujours en sous-vêtements. Je tendis la main pour m'emparer du pull et du jeans mais les révélations d'hier me revinrent en pleine figure. Comment pouvait-elle me sourire comme si rien ne s'était passé ? Comme si je n'avais pas découvert sa nature démoniaque ? Je ne savais même plus où j'en étais. Depuis tout ce temps, je ne m'étais pas méfié d'elle. Je lui avais sûrement laissé un millier de chances de me faire passer de vie à trépas. Pourquoi n'a-t-elle rien tenté ? 

- Tous les démons ne sont pas des monstres, contrairement à ce que l'on t'as enseigné, déclara-t-elle d'une voix douce dénuée de reproches mais d'où un soupçon de peine se manifestait. Nous naissons, nous vivons et nous mourrons comme les humains, même si certains vivent plusieurs siècles. 

- Comme les humains ? répétai-je sèchement en me remémorant toutes les scènes de crimes que j'avais visité. Les vampires boivent le sang des humains comme des parasites. Les démons aspirent l'énergie de nouveau-nés et les métamorphes dévorent des cadavres humains. 

- Et les humains sont capables de s'entre-tuer, de violer, torturer. Ils manges des animaux pour survivre. Nous sommes pareils. Certes, des individus méritent de mourir pour leurs crimes mais tous les êtres surnaturels ne sont pas damnables. Tout comme les humains, il y a du bon et du mauvais. Les sorciers ne sont pas non plus irréprochables. Vous êtes à la fois, la police, les juges et les bourreaux. Ce n'est pas un système que je qualifierais d'infaillible.  

"Sorcier" était un terme péjoratif pour désigner les chasseurs. Evidemment, nous n'étions pas très bien vu par la communauté surnaturelle. Quand les différentes espèces et les clans ne se faisaient pas la guerre entre eux, ils nous combattaient. Les métamorphes s'associaient généralement contre les vampires et les démons. Les autres espèces se greffaient au conflit en choisissant le clan avec le plus de chances de vaincre. Mais malheureusement pour nous, une paix fragile s'était installée. Certes les vampires avaient l'avantage ; leur population s'agrandissait facilement puisqu'ils leur suffisaient de transformer des humains et les pouvoirs d'un individu âgé de quelques siècles surpassaient nombre de métamorphes. Cependant, des vampires néoformés étaient presque sans défenses, incapable de marcher au soleil, des capacités psychiques inexistantes et bien sûr, une soif obnubilante. Les maîtres vampires les plus responsables gardaient leurs progénitures dans de solides nids jusqu'à ce qu'elles soient capable de voler de leurs propres ailes.  Les jeunes vampires moins chanceux dévoraient les humains à porter de crocs, laissant ainsi derrière eux des cadavres digne d'une carte de visite.  

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 31, 2019 ⏰

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