Sin'Meyah, Tome 2 : En terre étrangère

Chapitre 5 : Une mer de merde

POINT DE VUE DE BYRON

Je m'étais retenu d'étrangler mon frère à son annonce. Je l'avais voulu. Oh cela avait dû se voir dans mon regard, mais j'avais su me contrôler. Je gardais ça pour plus tard. Là j'avais besoin de lui, même si je ne comptais pas le lui faire savoir. Il voulait nous accompagner ? Et puis quoi encore ? Il pouvait rêver ! Il était absolument hors de question qu'il accomplisse cette quête à nos côtés.

Après avoir chargé sa nouvelle cargaison la veille au soir, Frem avait largué les amarres et nous étions partis. Je m'étais éloigné de mon frère, bien décidé à ne pas le recroiser avant le sortilège du lendemain. Moins je le voyais, mieux je me portais. Nous étions partis nous reposer avec mon équipe, nous ne pouvions de toute façon rien faire pour le moment.

Il me fût difficile de trouver le sommeil. Je me sentais en colère, plus que d'habitude, et quelque part je savais qu'une part de celle-ci ne m'appartenait pas. Visiblement, notre lien ne s'était pas autant étiolé que je ne le pensais. Malgré la barrière magique protégeant Le Spectral, notre connexion persistait quelques peu. Cela me rassurait. Elle était vivante. Cette nuit fût agitée pour ma part, des tiraillements très désagréables se faisaient ressentir sur mes poignets et mes chevilles. Assez pour me laisser deviner qu'elle devait être ligotée. Fortement pour que je le ressente malgré les blocages. Elle devait souffrir et ça me tuait de ne rien pouvoir faire pour l'en empêcher.

Le lendemain matin, je passais mon temps à aider l'équipage tant que je le pouvais jusqu'à ce qu'approche l'heure de nous réunir avec Daever. Il souhaitait que l'on exécute le sortilège aux alentours de midi, selon lui c'était le moment le plus opportun. Autant dire que l'attente me sembla interminable.

Lorsque vint le moment, nous nous rejoignîmes sur la proue. Daever m'informa qu'il n'aurait pas besoin de quelconques matériaux. Il avait simplement besoin de se connecter à mon énergie. Et pour cela il allait falloir qu'il y ait un contact physique entre nous. Merveilleux.

Mais c'était nécessaire alors je pris sur moi. Sans plus de cérémonie, il apposa ses mains autour de ma tête, me demandant de me concentrer sur mon lien. Fermant les yeux, je lui obéis, focalisant mon attention sur ma protégée.

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POINT DE VUE DE BREENA

Le soleil devait déjà se trouver haut dans le ciel lorsque deux hommes vinrent me chercher. Ils ne me parlèrent pas, et moi non plus. Je failli m'écrouler sur le sol lorsqu'ils me détachèrent mais ils me retinrent de justesse. Tandis que j'essayais de reprendre assez de forces pour me tenir debout, ils en profitèrent pour me lier une nouvelle fois les mains derrière le dos. Ils serrèrent fortement la corde, me faisant une nouvelle fois grimacer de douleur. D'un pas vif et décidé, ils me guidèrent, ou me poussèrent plus précisément, pour sortir de cette cale.

Une fois arrivés sur le ponton, je ne pus empêcher mes yeux de se plisser, violemment agressés par les rayons du soleil. Ils peinaient à s'accoutumer à un tel changement.

Je fus menée près du capitaine, et fus entourée de ses hommes. Apparemment, un spectacle allait avoir lieu et je n'étais pas rassurée de savoir que j'en étais la pièce maitresse.

Après un long silence pendant lequel je n'avais cessé d'observer ce qu'il se passait autour de moi, essayant de deviner ce qu'ils me réservaient, le capitaine s'avança vers moi.

— Vois-tu, j'aurais aimé pouvoir faire plus amples connaissances, mais il se trouve que tu as mis à mal quelques-uns de mes plans en libérant cette créature. Je ne peux pas laisser ça impuni, ce serait indigne de ma réputation, n'est-ce pas les gars ?