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-C'est la radio ? Interrogea Tobio.

Des accords de piano emplissaient l'habitacle et Oikawa tapait ses doigts en rythme sur le volant. Kageyama n'avait jamais imaginé qu'il ait pu être un auditeur de classique.

-C'est un cd.

Encore mieux, il préférait ce genre de musique aux hits à la mode. Refoulant son étonnement, Tobio marmonna :

-C'est joli.

-River flows in you, répondit Oikawa en lui souriant. Yiruma.

Tobio n'était pas un adepte de piano, mais il appréciait la mélodie. Il retourna un petit sourire à Oikawa puis se détourna pour regarder par la fenêtre jusqu'à ce qu'ils fussent au drive. Cet intérêt ne fut pas nécessaire puisqu'Oikawa passa commande pour lui. Tobio entendit à sa façon de parler que la serveuse était sous son charme. Oikawa avait beau être complètement gay, il était toujours fier de voir qu'il pouvait séduire n'importe qui. Tobio leva les yeux au ciel et ne décrocha plus un mot de tout le trajet, même lorsque l'autre passeur posa les sacs sur ses cuisses et y laissa trainer sa main un peu plus longtemps qu'il ne fallait.

Une fois chez Oikawa, ils s'installèrent dans le canapé pour déballer leur nourriture, sans aucun doute extrêmement grasse et de qualité douteuse, mais peu importait. Tout deux se retrouvèrent les doigts couverts de sauce et de graisse, en mangeant sans se soucier de la présence de l'autre, sans chercher à être élégant ni courtois. Finalement, ils finirent affalés sur le canapé et repus. Kageyama ne se sentait vraiment pas en état de bouger dans l'immédiat et se demandait s'il pouvait s'endormir là, mais Oikawa parla enfin, en jouant avec sa paille entre ses doigts comme il le faisait avec une clope.

-C'était bon ?

Plus pour la banalité qu'un souci réel, songea Tobio. Plutôt pour briser la glace et entamer un rapprochement.

- Ouais, répondit-il juste en se léchant les doigts.

-C'était à quoi ? S'enquit Oikawa.

Tobio aurait pu penser que c'était une question insensée, puisque c'était Oikawa lui même qui avait choisi le menu. Néanmoins, l'esprit brouillé par un estomac rempli, il répondit nonchalamment.

-Au poulet.

-Laisse-moi goûter.

Tobio n'eut pas le temps de demander comment il comptait faire, puisqu'il avait déjà fini de manger, que la langue d'Oikawa était dans sa bouche. Kageyama le laissa faire quelques secondes et le repoussa d'un air qu'il tentait de rendre indigné.

-Nan mais, c'est dégueulasse !

Oikawa passa sa langue sur ses lèvres avec une délectation évidente.

-Je vais te faire des trucs bien plus d'égueulasses dans deux minutes, Tobio-chan.

Oh, Kageyama l'imaginait parfaitement. Tout ce qu'il sut répondre fut pourtant:

-Les glaces vont fondre...

Oikawa roula des yeux.

-Si c'est tout ce qui t'occupes, t'as qu'à la manger en même temps.

Il glissa du canapé et s'agenouilla sur le sol devant Kageyama, levant sur lui de grands yeux provocateurs.

-Oikawa, prévint Tobio alors que son jean se faisait déboutonner par des doigts adroits et impatients.

L'autre pouffa de rire en rabaissant le jean jusqu'aux genoux de Tobio. Il allait s'attaquer au boxer quand Kageyama l'arrêta.

-Non, dit-il d'un ton sec. Pas ici.

Il était beaucoup plus réveillé, d'un coup. Ça le perturbait. Il n'était pas aussi timide d'habitude, mais ils étaient dans le salon, dans un lieu ouvert, pas dans l'intimité de la chambre. C'était comme si cette fois, c'était dans le couple même que s'immisçait Kageyama, comme si toute discrétion s'était envolée. Nan, il n'en était pas au point de se faire sucer à la place où Iwaizumi regardait la télé. C'était de l'irrespect, même si tout le reste ne l'était pas moins, ce changement léger dans leur quotidien le laissait dubitatif et réticent.

-Quoi? Soupira Oikawa, frustré.

-La chambre.

Tobio se leva avec difficulté et manqua de trébucher dans son jean abaissé. Il agita les bras pour retrouver l'équilibre alors qu'Oikawa, redressé, le regardait en souriant d'un air amusé.

-J'aurai débandé avant que t'y arrives, tu sais? Plaisanta-t-il, et Tobio sentit son visage bouillir.

Il hésita entre remonter son pantalon ou l'enlever complètement, vacilla sur place un instant avant de s'envoler, soutenu par les bras d'Oikawa, un à la pliure des genoux et l'autre à sa taille. Il laissa échapper un cri de surprise.

-Qu'est ce que tu fais ? Paniqua-t-il en se raccrochant au cou d'Oikawa.

-Je te porte.

Le ton sérieux contrastait avec le sourire mutin. Ses doigts s'enfoncèrent légèrement dans la taille de Tobio.

-Sinon, ajouta Oikawa en voyant qu'il n'y avait pas de réponse, dans deux heures on y est encore.

Il porta Tobio jusque dans la chambre, et celui-ci eut un air étrange de déjà vu. Il fut déposé sur le lit, avec un peu plus de délicatesse que la première fois.

-Alors, on l'enlève, ce jean ? Taquina Oikawa.

Kageyama hocha paresseusement la tête en regardant le plafond d'un air absent.

-T'as l'air convaincu.

-Enlève moi ce putain de jean ! s'écria Tobio en relevant impatiemment la tête.

Oikawa sourit. Les chaussures, les chaussettes et le slim jonchèrent le sol en quelques secondes. Le lit grinça légèrement quand il grimpa dessus, ôta son t-shirt et rampa jusqu'à être au dessus de Kageyama. Accoudé de chaque côté de sa tête, il appuya ses lèvres ouvertes sur les siennes quelques secondes et Kageyama laissa ses mains errer sur sa poitrine où travaillaient les muscles. Il sentit le dessin des côtes, puis les abdos contractés, et passa son index autour du nombril avant de commencer à déboucler la ceinture. Oikawa sourit contre ses lèvres quand il y parvint.

-Ouuh, susurra-t-il en reculant son visage de quelques millimètres. Surveille tes mains, Tobio-chan.

L'une tirait sur le tissu pour essayer de descendre le pantalon, l'autre était d'ores et déjà dans le boxer. Oikawa recula les hanches hors de portée et enleva le t-shirt de Tobio. Ses doigts firent claquer l'élastique du boxer contre la peau de Kageyama qui sursauta.

-Ce truc serait tellement mieux par terre, minauda Oikawa.

-Je suis d'accord, haleta Tobio.

Avant qu'il ne s'en rende compte, le dernier rempart contre la nudité était accroché à la lampe de chevet.

-Oh mais attends, dit Oikawa, les mains posées sur les cuisses de Tobio qui se mordait les lèvres, c'est moi qui t'ai payé la bouffe. Tu devrais me... remercier.

Il lui adressa le grand sourire hypocrite que Tobio détestait tant.

-Putain, gémit Tobio.

-Quoi ?

-On parle ou on baise, là ?

Oikawa redressa la tête pour camoufler son rougissement.

-Impatient, Tobio-chan, tellement...impatient... Je devrais presque te laisser là comme ça tout seul.

-T'oserais pas, grogna Tobio, un avant bras en travers des yeux.

Un bruit de déchirure le fit relever la tête. Une capote. Le pantalon d'Oikawa était défait de juste ce qu'il fallait et baillait sur ses cuisses. Le jeune homme surprit le regard de Tobio et se pencha en avant pour murmurer à son oreille :

-Prêt pour le premier set, Tobio-chan ?


(je ne ferai aucun commentaire aujourd'hui ( ͡° ͜ʖ ͡°))

Des Coeurs et Des Corps - Scènes coupées et brouillonsWhere stories live. Discover now