Chapitre 9 : Voyage interstellaire

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Le Samedi 21 Mars. 

Il est déjà dix-neuf heures trente, et ça doit faire au moins une heure que je suis prête. Je me sens tellement ridicule de trépigner ainsi. On croirait voir l'ado prépubère que va devenir Ruby une fois qu'elle aura mis les pieds au collège. Ridicule. Mais en attendant, il est dix-neuf heures trente, et il n'est toujours pas là. Que peut-il bien faire ? Est-ce que j'ai fait quelque chose de mal ? 'est tout moi ça. On a dû s'échanger une dizaine de sms tout au plus depuis hier soir, et je me lance déjà dans des tergiversations incroyables. Je me repasse notre conversation en tête, mettant un point d'honneur à analyser chacun des messages que j'ai pu envoyer. J'ai beau ressasser tout ça, je ne trouve ni sous entendus, ni blagues douteuses, ou d'expressions à double sens. Je tire sur mon tee-shirt et ajuste le gilet épais que j'ai enfilé par dessus, tâtant la poche pour vérifier si mon carnet - mon fidèle compagnon - y est bien. On ne sait jamais, peut-être que j'aurai un flash, une révélation qui me permettrait d'enfin réunir toutes les informations cruciale à ma mission : résoudre les formes indéterminées qui règnent au sein de l'empire mathématique. Une tâche ardue, mais dont je ne démords pas. 

Pour la vingtième fois en cinq minutes, je jette un coup d'œil à ma montre et soupire. Heureusement que Ruby est chez une amie, et mes parents sur le chemin pour la ramener. Je me serai déjà fait lynchée. 

Lorsque le bruit strident de la sonnette retentit, il est vingt heures passées. Je m'engouffre en dehors de l'appartement, manquant de rentrer dans Eddie, qui me sourit d'un air gêné. 

- Désolé pour le retard. On n'avait pas prévu d'heure spécifique, mais j'ai tourné pour trouver une place. 

Je lui jette une œillade appuyée tandis que les portes de l'ascenseur se referment. 

- Eddie. Tu habites ici, t'es au courant ? 

Il me regarde comme si j'avais affirmé avoir vu un éléphant volant - Dumbo, si vous préférez. 

-  Oui, merci, ricane-t-il. Je n'ai juste pas de place de garage attitrée, je n'étais pas garé proche de l'immeuble.  Et j'ai dû trouver la bonne place. 

Je fronce les sourcils, et remonte la fermeture éclair de mon gilet, suivant Eddie qui traverse la route. 

- Comment ça, la bonne place ? 

J'aperçois la Ford violette à quelques mètres de là. Il me suis tandis que je la contourne pour arriver côté passager. 

- Tu vas me prendre pour un dingue, mais je ne voulais que la portière passagère soit du côté du trottoir, explique-t-il en ouvrant ma portière, me faisant signe de grimper à l'intérieur, l'air gêné.

Et malgré ce qu'il a dit, je trouve ça plutôt mignon. Enfin, attentionné quoi.

- Est-ce que j'ai le droit de savoir où on va ? je demande en attachant ma ceinture. 

Eddie remet en place le foulard bleu qu'il porte autour du cou en ignorant ma question, l'air hilare. Avec son blouson rouge en plus, on peut dire qu'on le voit de loin. J'aime bien cette manie qu'il a d'avoir toujours un vêtement coloré. Ça le rend encore plus vivant. Et ça me rend heureuse.

- Même pas un indice ?

Il secoue la tête négativement. Au lieu de ça, il sourit et demande : 

- C'est quoi ton histoire la plus embarrassante ?

Je le regarde sans comprendre.

- Quoi ? C'est le meilleur moyen d'apprendre à se connaitre, se justifie-t-il. Ça en dit long sur toi. Et en plus, ça fait passer le temps du trajet. Je vais commencer, si tu veux. 

DopamineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant