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La vie est bizarre ou c'est moi qui le suis, enfin je n'en sais rien. Je ne sais pas si les gens m'aiment ou pas, s'ils me détestent ou s'ils font semblant. Mais ce dont je suis certaine, est que je ne peux compter sur personne que moi, car personne ne pourrait comprendre ce que je ressens. Les gens passent la majeure partie de leur temps à me critiquer au lieu d'essayer de me comprendre. Ceux qui ne me connaissent pas me voient différemment une fille insignifiante, méchante, snob, ennuyeuse, cruche, impolie et faible, rien n'en est de la vraie moi. Je n'ai pas une seule amie à qui parler comment pourrais-je en avoir si je parle à peine avec une personne ? Les gens qui ne sont pas timides ne comprennent pas ma personnalité encore moins mon silence. Je fais des efforts pour être amicale et ouverte, mais ce qu'ils ne comprennent encore pas est que ce n'est pas si facile de partager ce que je ressens, de faire part de mes idées.

-Mademoiselle Hamilton..

Je sursaute et relève la tête. À force de tirailler entre mes pensées, j'ai oublié que j'étais en classe. Je passe un regard furtif dans la salle et me rends compte que tout les regards sont portés sur moi, encore une fois.

-Vous pouvez répondre à la question posée, on perd du temps.

Le professeur me presse du regard alors que je ne sais que dire. Mon coeur bat plus vite que de raison, je tremble de peur si bien que l'angoisse me tord le ventre. Je peine à tenir debout, il ne manquerait plus que je m'évanouisse.

-Je... Je...

Ça y est, mes foutus bégaiements reprennent alors je baisse les yeux en entendant déjà les moqueries des autres élèves.

-Je suppose que vous n'avez pas encore appris vos leçons. Reprend le prof.

Je hoche encore une fois de la tête, c'est tellement plus facile d'abandonner. Il se masse les tempes avant d'affirmer :

-Dites à votre père de venir me voir demain, au bureau du directeur, et j'espère qu'il viendra cette fois-ci.

Je m'assieds et me mords la lèvre jusqu'à sentir le goût de fer dans ma bouche. Je ramène quelques mèches de cheveux à l'avant de façon à cacher mon visage. Je n'aimerais pas voir tous ces visages qui doivent être marqués par la moquerie. Ce n'est pas parce que je ne connais pas la réponse à la question qui pose problème, c'est plutôt parce que j'ai peur de répondre, j'ai honte de l'affirmer c'est pourtant la réalité.

je m'appelle Annabelle Hamilton, j'ai dix-sept ans, brune, yeux d'un bleu profond et clair de peau, je suis banale. Je suis ce genre de fille intelligente mais qui a peur de la masse, je ne peux articuler ne serait qu'un mot en classe et si jamais j'arrive à le faire, je serais prise dun tremblement à n'en pas finir. Je me rappelle comme si c'était hier, l'année dernière je n'ai pas pu échapper à un exposer en français. Tous ces regards portés sur moi m'avaient presque fait évanouir. J'ai dû faire face aux humiliations des autres élèves, et ce jusqu'à présent.

La cloche ayant sonné, je presse le pas en essayant de passer inaperçue comme toujours. Cela fait exactement sept ans que je fréquente cette école, que je vois presque les mêmes visages et je suis certaine que même un fantôme est plus visible que moi. Une fois devant la cour, je relâche tout l'air bloqué dans mes poumons et me glisse sur le blanc en attendant ma soeur. Traverser la cour est un véritable calvaire, un regard suffit pour me rendre mal à l'aise et maladroite. J'ai l'impression que chaque regard est un jugement, que des murmures sont des critiques. Peu de temps après, elle se gare devant moi. J'ouvre la portière et monte dans l'habitacle. Après avoir bouclé ma ceinture, je pousse un énième soupir qui n'échappe pas à ma soeur.

-Alors cette journée ?

Becky me regarde du coin de l'œil attendant que je réponde.

-Comme d'habitude, à part que papa est convoqué demain.

Ce Qui Nous Lie [Sous Contrat] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant