"My happy ending exists only in my dreams"
- Dead by Sunrise / My Suffering
À première vue, on aurait dit un punk un peu perdu sans ses huit chiens enragés et sa troupe d'alcooliques édentés sur les talons. Ses vêtements étaient des moins communs et attiraient souvent les regards les plus coincés. Son pantalon kaki froissé aux multiples fermetures éclair inutiles paraissait trop grand et tombait sur ses cuisses, malgré la ceinture noire qui le retenait - une rangée d'anneaux métalliques sur une lamelle de cuir noir d'où pendaient trois fines chaines argentées retombant sur le côté du tissu vert. Des baskets grises aux nombreux motifs noirs se laçaient jusqu'à ses chevilles, recouvertes par endroits aléatoires par le bas de son pantalon. Il portait un t-shirt simple, vacillant entre le beige et le gris et déchiré volontairement par endroits illogiques, et par-dessus, un banal blouson en cuir noir - le plus banal de sa tenue probablement. Et ses cheveux ne se portaient pas mieux ; leur couleur est longueur n'étant jamais définitive. Sur son crâne rasé, une simple bande de mèches noires de geai partait du haut de sa nuque et qui, aplaties, venaient se coller sur son front jusqu'à l'arrête de son nez.L'apercevoir une seconde serait si peu le connaître, car il viendrait à l'esprit des plus ignorants que dans ce corps se cachait un jeune homme rebelle et rejeté, désemparé dans une solitude, volontairement écarté du moindre contact humain et se droguant pour oublier qu'il n'avait rien accompli de sa vie - et n'avait certainement pas les moyens de le faire un jour. Mais si seulement ces gens étaient à peine plus patients, s'ils attendaient qu'il lève les yeux lorsqu'il se sentait suffoquer sous les regards curieux, ils verraient. Ils verraient ce visage aux traits enfantins et innocents, détruits pas ses propres pensées ténébreuses assombrissant ses iris bruns profonds. Des yeux brillants de bonté et du besoin d'être aimé, de la haine qu'il avait envers lui-même et de questions - des milliers de questions qui lui faisaient se demander jusqu'où cela le mènerait-il. Son piercing à la lèvre ne faisait que renforcer la confusion causée par ce contraste entre la lumière et l'ombre qui composaient sa personne. Et sa peau légèrement rosie semblait ici des plus pâles parmi les Australiens mâtes en maillot de bain qui circulaient sans le remarquer.
A le voir, il s'apparenterait à une erreur ; une corneille égarée parmi les colombes, un rockeur brisé échoué dans une foule de vacanciers heureux.
Avec le temps, ses chaussures commençaient à s'enfoncer dans le sable fin. Toutes les poignées de minutes, il laissait échapper un soupir épuisé et remuait ses pieds pour faire cesser cette fossilisation. Le rebord de pierre où il était assis était comme une frontière : face à lui, la mer calme d'un bleu gris regorgeait d'un monde rieur et entraîné par ce bonheur simple qu'était la liberté. Des enfants couraient et tombaient sur le sable ou des couples demeuraient allongés sur leurs serviettes en se regardant paisiblement, tous éclairés par un ciel orangé aux nuages rosâtres transpercés par les derniers rayons du soleil couchant. Et derrière, c'est de là qu'il venait avant de se poser sur cette marche sans réfléchir - derrière, là où il passait la plupart, voire gaspillait tout son temps qu'il lui était imparti pour se changer les idées sur ce continent.
C'était un bar, un simple bar comme il y en avait des tonnes sur les bords de mer en Australie - et bien plus près des grandes plages de la capitale. Ce genre d'endroit créé pour faire croire à une ambiance paradisiaque ; des lumières changeant de couleur, des toits recouverts de paille, des chaises tressées, un plancher en bois parsemé de sable et des piliers en bois sculptés d'où pendaient des colliers de fleurs en plastique. Et une musique constante en fond, toujours, si habituelle pour lui qu'elle avait fini par se faire sourde à ses tympans.
Ce n'était pas un bar très grand ; il était surtout fréquenté par les habitués comme lui. Enfin, c'était différent dans son cas. La Californie d'où il venait était loin, très loin de Sidney. Mais pour une ville si éloignée, il y avait passé beaucoup de temps pour se vider la tête, trouver l'inspiration ou simplement mettre de côté les idées noires qui le rongeaient. Durant ses mauvaises passes - les tournées qui lui montaient à la tête, les excès de drogue et d'alcool, sa dépression - il était venu passer quelques semaines ici totalement seul. Cela le reposait, lui faisait reconsidérer sa vie. Maintenant, il connaissait mieux les lieux et se sentait presque chez lui. Lorsqu'il avait commencé à gagner mieux sa vie, il avait acheté une adorable maison en bord de mer pour ses longues vacances improvisées. Et il ne bougeait pas beaucoup : il se contentait de la petite dose de bonheur que lui offrait ces environs, toujours la même plage, toujours le même bar, à quelques centaines de pas de sa résidence ensoleillée. Il avait fait connaissances avec certains clients, ceux qui prenaient toujours le même cocktail et s'asseyaient à la même table lorsqu'ils venaient le même mois de chaque année.
VOUS LISEZ
And I Fall 🇫🇷(CxT Bennington)
Fanfic"𝒀𝒐𝒖'𝒍𝒍 𝒂𝒍𝒘𝒂𝒚𝒔 𝒃𝒆 𝒕𝒉𝒆 𝒐𝒏𝒆 𝒕𝒐 𝒄𝒂𝒕𝒄𝒉 𝒎𝒆 𝒘𝒉𝒆𝒏 𝑰 𝑭𝒂𝒍𝒍 𝑰𝒏𝒕𝒐 𝒚𝒐𝒖 𝑨𝒏𝒅 𝑰 𝒇𝒂𝒅𝒆 𝒂𝒘𝒂𝒚 𝑰 𝒇𝒂𝒍𝒍 𝑰𝒏𝒕𝒐 𝒚𝒐𝒖 𝑨𝒏𝒅 𝑰 𝒇𝒂𝒅𝒆" - Into You / Dead by Sunrise 𝓑𝔂 𝓒𝓱𝓮𝓼𝓽𝓮𝓻 𝓑𝓮𝓷𝓷𝓲𝓷𝓰𝓽�...