Lucifera.

Chapitre 11: Soir De Pleine Lune

Le lendemain, la journée passe très vite.
J'enchaîne les cours, l'esprit ailleurs.
Heureusement pour moi, Nicolae ne m'a pas trop reparlé de ma balade nocturne.
L'heure de mon dernier cours arrive.
Habituellement je n'aime pas assister aux cours de maths.
Ces heures ci sont terriblement longues mais aujourd'hui l'heure file à toute allure.
Mes pensées s'égarent et je ne cesse de penser à ce loup que j'ai revu hier soir.
Je mordille la gomme de mon crayon écoutant à peine le cours.
Je prends des notes par ci par là jusqu'à ce que la sonnerie retentisse.
Je balance mes affaires dans mon sac et est la première à sortir de l'amphithéâtre.
Je prends le chemin du manoir mais l'envie de retourner dans la forêt est plus forte que moi et je contourne mon chemin pour prendre les routes boueuses de l'orée de la forêt.
Je marche quelques instants sans trop savoir où je vais.
Écrasant sur mon passage des feuilles mortes recouvrent de frêle branches.
Je décide de m'asseoir contre un tronc d'arbre puis sors de ma besace un calepin et un stylo.
J'ai toujours aimé gribouiller des petits dessins quand je sais pas trop quoi faire et sans me venter je dois dire que j'ai un assez bon coup de crayon.
Je prends également mon portable et vise à mes oreilles mes écouteurs.
La musique m'a toujours emmené dans un autre univers.
Je me sens comme transporter.
Je dessine au hasard, me laissant mené par la musique qui m'arrache les tympans.
Au bout d'une vingtaine de minute, je pose mon stylo et le résultat de mon œuvre me surprent.
Je viens tout juste de dessiner un portrait mais pas n'importe lequel, le portrait d'un loup, mon loup.
Chaque détail est minutieusement représenté.
Ce regard profond, presque humain, son pelage ébène, cette posture dominante.
Je lève mon visage vers le ciel et remarque que le soleil est déjà couché.
C'est incroyable comme j'ai perdu la notion du temps!
Je range précautionneusement mon dessin ainci que mon portable puis me relève
Je frotte l'arrière de mon jean tâché par quelques grains de terre.
Au même moment, comme une coincidence improbable je me trouve face à mon loup.
Il se tient là, assis, son regard fixé sur moi.
Je m'approche de lui et me mets à sa hauteur.
Ma main viens doucement s'approcher de son visage et viens caresser le haut de son crâne.
Il se laisse faire sans rechinier.
Mes doigts s'entremêlent à son fin pelage, doux et soyeux.
Il ne me quitte pas des yeux comme s'il voulez communiquer avec moi.
Il y a comme une connexion entre nous, un lien fort qui ne peut être rompu.
J'ai déjà croisé la route d'innombrables loups garou.
Je sais parfaitement comment me comporter avec eux sans les offencer ni même les brusquer.
Le plus souvent ils sont très aggressifs mais je parviens toujours à les canaliser et parfois même à les adoucir.
Je sais également qu'ils en y a de beaucoup plus dangereux dont l'ont ne peux s'approcher.
Mais c'est bien la première fois que je fais la rencontre d'un loup aussi mystérieux que celui ci.
Nous sommes brusquement interrompu dans notre conversation muette par un bruit au loin dans mon dos.
Aussitôt le loup se relève et recule.
Je me retourne.
Je suis à l'affûs du moindre bruit, du moindre mouvement.
Je crois alors distinguer plusieurs ombres massives entre les feuillages des hauts arbres face à moi.
Je n'aurai sans doute pas compris de qui il s'agissait si je n'aurai pas reconnu ce parfum qui m'est familier.
En une fraction de seconde je me retrouva face... Aux frères Bartholy !
(Je rêve où ils m'ont suivi ?)
Ils me regardent chacun avec une colère que je ne leurs connaissaient pas.
Derrière moi, mon loup se rapprocha tout proche de moi si bien que je pouvais sentir sa respiration saccadé effleurer mes jambes.
Peter était plus en retrait que ses frères, Drogo me regardait avec méchanceté et Nicolae avec grande déception.

Nicolae: Écarte toi Lucie.

Son ton ferme me fis trésaillir.
Un mélange de tristesse et de colère s'empara de moi.
Je ferma violament mes poings et fronça les sourcils.