Chapitre XIII

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L'odeur de la mort. Ce fût cela qui frappa Damon en premier, qui le rendit vulnérable face à la fragilité de la vie humaine. Le corps déchiré de cet homme, à peine plus âgé que lui, lui donna l'impression d'être dans un de ces films d'horreur à petit budget qui passaient de temps en temps à la télévision. Mais là, il était dans la vraie vie. C'était un vrai mort qui se trouvait devant lui. C'était du vrai sang qui restait sous l'oreille droite d'Angel après qu'elle se soit lavé, c'était un vrai râle qui restait en suspend dans cette pièce, inaudible, dans l'attente d'une oreille attentive.

Un haut-le-cœur le surprit, le forçant à faire un pas en arrière. La jeune fille le remarqua et lui demanda d'ouvrir les volets pendant qu'elle irait vérifier si rien ne lui avait échappé la première fois.

Elle s'approcha du corps, prenant une longue inspiration. Son regard s’affûta, elle était de nouveau dans son élément : la froideur de la mort. Elle releva l'angle des éclaboussures de sang qui allaient droit sur l'ordinateur face à Thomas. Son agresseur était donc derrière lui.

Thomas avait un bouton sur son clavier qui lui permettait d'appeler des renforts si le besoin en était, or, il n'y avait pas eu d'alerte. Il devait donc être en confiance avec son assassin, ou il ne l'avait pas vu. Cependant Angel ne voyait pas trop où il aurait pu se cacher dans cette pièce dépouillée, elle ignora donc cette option.

Les coupures étaient nettes, et le message clair. Il n'y avait rien à tirer de plus du défunt.

Damon s'était approché doucement, comme pour voir par lui même que le fil qui retenait tout homme à la vie avait été tranché net par un virtuose du macabre.

Angel le regarda et décida de le mettre à l'épreuve. C'était la première fois qu'elle avait sous son aile un « nouveau ». Elle lui demanda ses conclusions sur la mort de Thomas et ses observations personnelles. L'adolescent lui lança un regard qui en disait long sur son état d'esprit : il ne voulait pas regarder la mort en face, la peur de mourir l'entravait, le contraignait à se complaire dans une vie bercé d'ignorance et d'utopies imaginées par les Hommes pour se permettre de survivre dans ce monde de fous. Elle le força à affronter la phobie humaine. A la contempler dans toute sa splendide noirceur, dans sa sublime dangerosité.

Et il se perdit dans cette contemplation magnifique. La mort l'intrigua, l'attira, l'aspira. Il était prit dans ce cycle sanglant, ne pouvant s'en défaire. Retenant tous les détails sordides, se surprenant à les trouver artistiques. Il admira tout son saoul l'absurdité de l'humanité ; supprimer sa propre espèce.

C'était un désir malsain qui s'empara de lui, un voyeurisme monstrueux et terrible. Mais mût pas un irrépressible pressentiment il fouilla les poches du cadavre. Il en ressortit un morceau de papier imbibé de sang et le déchiffra difficilement.

-Arrête de chercher..., murmura-t-il.

L'adolescente l'avait regardé faire. Il avait du flaire. Elle tendit la main pour examiner à son tour le billet. L'encre était noir et simple, c'était écrit en majuscule et l'écriture ne lui rappelait rien. Mais un petite tâche foncée attisa sa curiosité. Elle attrapa une autre feuille dans le bureau et la posa par dessus le morceau de papier, elle prit un crayon de papier qui traînait puis elle griffonna dessus de façon à ce que tout le message apparaisse. La signature était en caractères plus fins, plus originaux : M.N.

Elle tapota la carte de visite des hommes de la nuit, les yeux plongés dans le vague. Damon lui demanda s'il n'y avait pas des caméras de surveillances dans le bâtiments qui couvriraient l'entré du bureau de Thomas, ou quelqu'un à l'accueil qui aurait pu voir quelque chose d'inhabituel. Angel acquiesça et dit qu'elle se chargerait du standardiste, tandis que lui aurait à trouver la salle de surveillance. Elle lui indiqua le chemin et lui apprit que l'agent de garde se nommait Jordan, puis elle disparu.

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