Introduction

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A le tombé du jour, mon père et moi avions traversé le village de Ségador et nous apprêtions à pénétrer dans une forêt de marronniers. Leurs feuilles orangées tapissait le sol. Je chantais à tue-tête et sautais dans les flaques. Mon père, riant aux éclats, me soulevait et des milliers de corbeaux voltaient autour de nous en poussant de majestueux cris. Au fur et à mesure que nous avancions sur le chemin terreux, une atmosphère pesante s'installait et me mis mal à l'aise. Instinctivement je me rapprochai de mon père serrant de toutes mes forces sa grande main terreuse. Le soleil avait disparue de l'horizon, la forêt dense s'était éteinte et semblais déserte. Seul Hujin poser sur mon épaule poussait de petit croassement comme pour me rassurer. Épuisée mes paupières s'alourdissais. Soudain mon père accéléra le pas. Il resserra son emprise et bientôt il me tenait par les deux épaules avec une force incroyable. Je compris à son souffle rapide que la situation devenait critique. Je courrais à toutes vitesse cependant je n'arrivais pas à le rattraper. A mesure que l'on avançait les arbres semblaient se rapprocher les uns les autres. Le sol mouillé et la pénombre me firent trébucher sur une racine et je tombai de tout mon long sur mon bras. La douleur fut si intense et inattendue que je me mis à pleurer. Mon père plaqua sa main froide sur ma bouche. Elle tremblait. Des larmes roulèrent sur mes joues mais cette fois, en silence.

***

Quelques minutes plus tard nous nous arrêtâmes dans une clairière. Eclairée par la lune et les milliers d'étoiles on pouvait y voir presque comme de jour. Il me prit par les avant-bras, s'accroupit et me dis d'une voix précipitée :

« Atrance, on ne peut pas continuer ainsi. Tu es trop jeune pour un si long voyage et pour tous les dangers qu'il implique. C'est mieux si... »Il s'interrompit, hésita, puis lâcha mes épaules. Il prit son bâton runique et dit d'une voix douce cette fois :

« Tu vas t'asseoir et je vais tracer un cercle autour de toi. Ce cercle est magique,grâce aux runes de nos ancêtres, il va te protéger et te rendre totalement invisible. Écoute-moi bien, tant que tu es à l'intérieur rien ne peut t'arriver. Je vais m'absenté un moment tu m'attendras ici et je veux que tu me promettes que sous aucun prétexte tu ne sortiras du cercle. Tu m'as compris ? »

Je restais muette, comme sonnée. Pendant un temps je refusais d'y croire puis peu à peu,la peur, la fatigue et la douleur prirent le devant. Je criais de toutes mes forces, hurlais des paroles incompréhensibles et pleurais à chaudes larmes. Mon père me pris dans ses bras.

- Je suis obligé Astrance, s'il te plait promet le moi...

- Non...non ...je ...je veux rester avec toi !

Sa gifle me coupa le souffle et me força à me taire. D'un air résolus il prit son bâton et traça un cercle dans la terre boueuse. Il dessina une série de signe au sol. J'essayais de me relever pour en sortir mais mon bras ne répondait plus. Sans que je puisse faire quoique ce soit le cercle fut tracé. Mon père avait lancé le sort. Sa main posée au sol diffusait une forte lumière bleue. Les rayons de sa magie s'intensifiaient et bientôt ils créèrent une orbe azur autour de moi. Je sentais sur ma peau une drôle de sensation. Comme un léger vent chaud qui faisait voler mes cheveux. Je ne voyais plus rien. Juste cette douce lumière bleue qui s'estompait mais restai  néanmoins bien visible. Plus aucun bruit, je me sentais calme tout à coup et en sécurité.


Comme un voile le filtre qui me bouchait la vue s'envola. Mon père m'adressa un dernier regard et disparut dans la nuit. Si le cercle me protégeait il ne me réchauffait pas. Le froid me mordait les joues. La tête dans les genoux j'attendais. Il n'est jamais revenu. Au matin une petite pluie se mis à tomber. Le soleil brillait à travers ses gouttelettes et un petit vent frais me réveilla totalement. Le cercle au sol avait disparu. D'hier il ne restait que la terre boueuse.

Le cri du corbeau bleuWhere stories live. Discover now