Chapitre 5 : So fast

3.1K 330 126
                                    

Izuku avait toujours aimé l'école, depuis son premier jour. Quand il était petit, à son entrée en maternelle, il avait gardé le sourire au milieu de tous les autres enfants qui pleuraient, en faisant la promesse à sa mère qu'il lui raconterait sa journée en rentrant. Il s'était empressé d'embrasser sa maman, avait empoigné la hanse de son sac à dos All Might et avait foncé aux pieds de sa maîtresse qui attendait le départ des parents. Par la suite, il s'était appliqué pendant toute sa scolarité, avait compris assez facilement le programme, et se renseignait quand il n'arrivait pas à faire quelque chose. Il avait dû endurer le fait qu'il était dépourvu d'alter, et en avait été très malheureux, mais du haut de ses quatre petites années, il n'avait pas conscience de ce que cette révélation impliquait. Ce n'était pas qu'un simple rêve de gosse brisé, et il en avait eu conscience à son entrée au collège, quand il avait quitté Kacchan et avait dû endosser les effets de ce manque. Il allait devoir aller dans un lycée normal, et suivre un parcours qui le plongerait directement dans la vie active, comme la plus grande majorité des citoyens. Etant plus jeune, l'idée de devoir faire des études divergentes de celles héroïques ne lui avait pas effleuré l'esprit, mais maintenant qu'il suivait ces fameuses études, il peinait à assimiler l'ampleur de la chose.

Il était affalé, là, contre le banc qu'il empruntait pour quelques heures dans l'amphithéâtre, n'écoutant délibérément plus l'homme en face de lui qui parlait sans s'arrêter. Pourtant il ne doutait pas de la qualité de ses cours et savait qu'il les assurait de façon très intéressante. Il était assoupi depuis presque une bonne heure, baissant lâchement les bras pour aujourdhui. Un mal de tête commençait à naître en lui et Izuku accusait son insomnie de la veille pour en être (en partie) responsable. Comme toutes les nuits depuis plusieurs mois, il ne trouvait plus le sommeil et déprimait seul dans son lit pendant des heures entières. Il était lessivé et pourtant midi n'avait pas encore sonné. Il était beaucoup trop crevé pour se concentrer, alors à quoi bon essayer de se forcer ? Un poids était logé dans son ventre depuis son arrivée dans cette fac, cette boule se présentait au début de la journée, puis se retirait dès qu'Izuku quittait l'établissement. Et le vert en connaissait très bien la source de cette gêne : l'inconfort.

L'inconfort d'être contraint de rester ici, de ne pas avoir d'autres alternatives qui lui assureraient un futur sans trop de misères. Cette boule au ventre le gênait et remontait dans sa gorge pour la lui nouer.

Il n'était décidément pas à sa place, ici.

Un souffle tremblant lui échappa, et la cloche sonna presque immédiatement, comme si elle avait entendu son appel et savait qu'il ne se sentait pas bien. Il se leva rapidement, pressé de quitter cet endroit dans lequel il se sentait si mal. Le froid saisissant de décembre lui chatouilla immédiatement le visage, dans quelques minutes, son nez ainsi que ses joues seront rougies de froid. Il aurait vraiment dû prendre un gilet chaud ce matin, et ne pas se contenter d'un de ses gros pulls. Si au café il devait se vêtir convenablement et simplement, dans sa vie de tous les jours, il s'encombrait souvent de pulls larges dans lesquelles il se sentait plus à l'aise que jamais. Pas très esthétiques, mais douillets.

Il pressa alors le pas en direction de son lieu de travail, impatient de manger le repas qu'il s'était préparé. Une dizaine de minutes plus tard, la devanture du Starbucks se dressait au coin de la rue, et il y entra prestement, frigorifié. Merde, quel con, pensa-t-il en passant la porte, il ne fallait vraiment pas qu'il oublie de prendre un gilet la prochaine fois. Aussitôt, la chaleur douillette des lieux le décrispa, et la température chaleureuse le saisit. Comme à chaque fois, le café était très calme et presque vide. Izuku se dépêcha de se rendre dans la salle des employés, et se jeta sur l'une des chaise entourant la table pour sortir son bento de son sac et entamer son repas. Il avait la dalle ! Puis ne trainant plus, il se changea rapidement avec le t-shirt qu'il laissait dans son casier, et enfila le tablier au logo vert, sentourant les hanches de la lanière pour le maintenir.

Plusieurs heures passèrent, assez longues. Son collègue qui tenait le café avant son arrivée venait de partir, et Izuku se retrouvait maintenant plus seul que jamais. Nayant aucun client, il sortit son téléphone et se promena sur le fil d'actualité des News. Rien de bien intéressant. Quelques prouesses de héros par ci par là, la routine pour eux ainsi que pour les civils. Izuku se demandait vraiment, avec tous les héros qui patrouillaient, les médias qui vantaient leurs louanges à toute la planète, y avait-il vraiment des dégénérés qui tentaient encore leurs attaques ? Une étude avait était faite au début de l'année, et il avait été révélé que 97% des méfaits étaient déjoués par des super-héros. Il fallait vraiment être abruti pour continuer d'œuvrer pour le mal dans ces conditions. Il fallait être abruti pour œuvrer pour le mal tout court, pensait Izuku. Chaque personne avait sa façon de penser ainsi que ses problèmes, mais sa soif d'héroïsme était bien trop forte pour qu'il se laisse entrainer du mauvais côté.

Un raclement de gorge retentit, et Izuku en sursauta, il se releva bien vite, et rangea son smartphone dans la poche arrière de son jean. Il se confondit en excuses, mais se stoppa immédiatement quand il releva la tête. Des yeux rouges le fixaient, mais ce n'était pas ceux de Red Riot qu'il avait pris l'habitude de voir à cette heure-ci. Ceux-là étaient plus rouges. Et le froncement des sourcils qui les ornaient laissait entrevoir un air sévère.

Katsuki était là.

Et Eijiro était derrière lui.

« Salut mon pote ! » Le héla ce dernier.

Izuku lui répondit d'un grand sourire. Avec le temps et les habitudes, les marques d'affections d'Eijiro, qui, au départ, n'avaient pas lieux d'être, ne le dérangeaient plus du tout. C'est en tombant encore une fois dans le regard de son ami denfance qu'il perdit son sourire, et il se gratta la nuque, mal à laise et ne sachant quoi dire.

- Qu'est-ce que vous com-

- Un Caffe Latte Small, au nom de Katsuki cette fois.

Le reproche avait sonné, et Izuku déglutit. Il tendit ses bras le long de son corps, se courbant exagérément vers l'avant, et osa :

- Je suis vraiment désolé pour la dernière fois, ce n'était pas méchant, il détourna le regard sur le comptoir.

Un grognement lui répondit, moins violent que ceux qu'il avait pu entendre dans sa vie. Acceptait-il ses excuses ? Katsuki ne prenait même pas la peine de communiquer convenablement, et ses manières de procéder étaient souvent dures à déchiffrer. Red Riot sembla comprendre, lui. Il savança, se fichant de pousser –assez violement- son ami et s'appuya contre le comptoir.

- T'inquiète, il t'as déjà pardonné, hein Bakugo ?

Un regard noir lui répondit.

- Comme on est pote et que vous aussi, je t'invite à la soirée que j'organise demain !

Izuku commença à paniquer.

- Elle est pas là ton amie brune ? il parcourra rapidement la salle du regard, et reprit, ne laissant pas le temps au vert de placer le moindre mot. Bon bah tu lui diras qu'elle est invitée elle aussi ! Je vais prendre un immense chocolat chaud !

Il fit un grand geste avec ses bras en les étirant à l'horizontale pour illustrer la grandeur de ce qu'il voulait. Il avait mis un coup au blond dans son geste, mais ne réagit pas, se foutant de le brusquer.

- Quoi mais mec tes serieux ?! C'est pas mon pote !

Izuku était resté, silencieux, complétement perdu.

Ça s'était déroulé si vite. On ne lui avait même pas laissé son mot à dire.

~~~
6 décembre 2018

(PAUSE)Coffee - KatsudekuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant