XXIV. Camille + Camille

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Avec Camile on s'est mis tous les deux d'accord : On arrête les caprices et on se sort les doigts du cul. J'ai arrêté de faire mon gland moyen et de prétexter ne pas me trouver un boulot à la hauteur de mes compétences et Camille, elle, s'est enfin choisi une université pour ses études. Et forcément...Les deux se trouvent être diamétralement opposés. Cela aurait été trop beau et trop facile de pouvoir vivre l'un à côté de l'autre.

"- Tu as tout ? T'es sûr de toi ?

- Mes caleçons, mes chaussettes et...mon air des mauvais jours pour faire chier les gens s'asseyant à côté de moi dans le train.

- Parfait !"

Aujourd'hui est le premier jour de mon nouveau départ. Je pars. Je quitte la plage. Je quitte mon petit bungalow transpirant l'air marin. Je quitte ces hurlements que j'ai laissés au vent et ce téléphone que j'ai jeté à la mer. Je laisse tout ce avec quoi je suis venu. Je ne dirais pas que je suis un homme nouveau, neuf, refait, loin de là, mais je suis un homme apaisé, heureux et prêt à avancer.

"- Donc, tu m'envoies un message quand tu arrives ?

- Dès que je suis à l'hôtel, promis. Et toi ? Ton vol est demain, c'est ça ?

- Ouep ! Ce soir on a une fête avec les gars du café donc je reste encore un peu."

Parce que oui, j'ai été celui à partir le premier. Arrive le dernier, mais se fait la malle le premier. C'est tout moi. Mais d'un certain côté, ça m'arrange. Je n'ai jamais été trop "fête" et encore moins les pots de départs et autres conneries. Je n'aime pas dire "au revoir". Je n'ai jamais aimé dire ça. J'ai l'impression que quitter une personne vous enlève un bout de vous-même. Que l'on vous arrache quelque chose. Comme si vous alliez repartir tout nu, les fesses à l'air. On s'imprègne tellement des gens qui nous entourent indirectement, qu'on ne se rend compte du vide qu'ils laissent qu'une fois que l'on est seuls. C'est triste. On devrait avoir conscience de ça beaucoup plus souvent.

"- Bon bah...C'est l'heure hein..."

On se retrouve tous les deux à la gare, à attendre l'embarquement pour le train et plus je la regarde, moins j'ai envie de partir. C'est vraiment niais ou stupide, mais...Camille me manque déjà. Elle est là, à quelques mètres de moi même pas, mais j'ai l'impression que dans ma tête, elle se trouve déjà à des kilomètres. Je n'ai pas envie de partir. Pas sans elle en tout cas.

"- Si tu pleures, je te jure, je te frappe.

- Je ne pleure pas.

- Tu as les yeux larmoyants.

- C'est mon allergie qui revient."

Une allergie au départ comme on vous les offre bien, vous savez ?

"- On se reverra, ce n'est pas la fin et puis on en a déjà discuté...plein de fois même !

- Je vais m'ennuyer sans toi.

- Camille...

- Quoi ?!

- Arrête de faire l'enfant et grimpe dans ce foutu train !"

Au fond, je crois que c'est Camille la plus triste de nous deux, parce que derrière toute cette soudaine envie pressante de voir mes fesses monter à bord du train...C'est juste un masque. Je déteste ce genre de masque. Ce genre de personnes voulant se montrer "fortes" pour je ne sais trop quelles raisons. Vous savez, il n'y a rien de plus humain que de pleurer. Premièrement, ça fait un bien fou, deuxièmement ça vous dévoile au monde.

Alors, pleurez. Laissez couler.

"- Promis, je t'appelle quand j'arrive !

- Oui, oui.

- Et dès que je suis installé et que j'ai un week-end de libre, je viens te voir.

- D'accord.

- Et même durant mes vacances, je prendrais le premier train qui part.

- Pas de problème.

- ARRÊTE DE T'EN FOUTRE BORDEL ET CHIALE AU LIEU DE M'ENVOYER CHIER ! JE M'EN VAIS MERDE !

- Je N'AI PAS DE MOUCHOIRS SUR MOI !"

Tout ça pour ça ?

"- Tiens."

Je lui tends un bout de manche de ma chemise blanche. Ça faisait un moment que je n'avais pas mis de chemise. Je me sentirais presque trop à l'étroit.

Alors je la prends dans mes bras en la serrant fort contre moi tandis qu'elle se laisse complètement aller.

"- Tu vois, personne ne te vois, à part moi."

C'est la première fois que je vois le visage de Camille ravagé par les douces larmes d'une séparation bien trop sucrée.

"- T'as intérêt à m'appeler !

- Tu seras mon premier appel...Promis. Bon, je dois y aller...

- Tu m'appelles hein !

- Oui, ne t'inquiète pas et puis on va vite se retrouver. Je te le promets. Promets-moi aussi de ne rien lâcher à la fac et de faire de ton mieux.

- Promis.

- Bien..."

Je la lâche et me retourne en direction de mon train qui n'attend pratiquement plus que moi. Je déteste les au revoir. Je les ai toujours détestés.

Ne te retourne pas. Ne te retourne pas. Ne te retourne pas.

"- CAMILLE !"

Pourtant, sa voix m'appelle et tout naturellement, je ne peux résister à cette douce tentation que d'entendre sa voix.

"- JE T'AIME"

J'ai toujours trouvé que l'amour était une équation bien trop compliquée pour être un jour comprise ou bien même résolue. Il y a constamment une différence et rarement une égalité entre les deux parties. Pourtant, de mon point de vue, je pense que "Camille + Camille" peut avoir un résultat surprenant.


FIN

Camille + CamilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant