VI. Les retrouvailles

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Alors que j'entrais dans le restaurant, je fus chaleureusement accueillie par une dame d'une soixantaine d'années qui m'installa à une table non loin d'une grande table placée au centre. Je n'avais jamais vu, de toute ma vie, une aussi belle décoration dans un restaurant, même en pleine ville. Alors qu'elle m'apportait la carte, une dizaine de personnes sortait de ce qui semblait être une salle réservée au personnel pour s'installer à la grande table.

-Maman, je t'avais dit de ne pas travailler ce soir, je m'occupe de tout, va t'installer avec les autres à table, déclara un homme d'une trentaine d'années en apparaissant derrière elle.

-Je veux m'occuper de la demoiselle, qu'est ce que je vous sers madame?

-Elisa ? C'est bien toi ? Mais qu'est ce que tu fais là ?

-Jules? J'y crois pas ! S'exclama Elisa, comment tu vas?

-Mieux que toi on dirait, répondit l'homme en la serrant dans ses bras, tu es rentrée pour les fêtes?

-J'ai essayé, c'était une belle erreur, je finis le réveillon seule en pleine campagne dans un restaurant sans savoir si ma voiture pourra repartir à la fin de mon repas, tu as déjà vécu pire ? Plaisantais-je, heureuse de voir un visage familier après toute cette tempête.

-Maman, tu te rappelles de Elisa ? On faisait les quatre cent coups, on était irrécupérables.

-Oui, je me souviens, et puis elle a décidé de quitter le village pour vivre la grande vie sans que tu ne puisses la suivre.

-La ville te réussi à merveille Elisa.

-Qu'est-ce que vous faites tous les deux? L'équipe vous attend pour trinquer ! Déclara joyeusement un homme d'une quarantaine d'année vêtu d'un tablier blanc.

-Tu n'as qu'à te joindre à nous, Elisa ! S'exclama son ancien ami, tu en profiteras pour me dire comment tu as atterri ici.

La jeune femme se leva et rejoignit l'équiipe en saluant tout le monde tandis que Jules faisait les présentations.

-Joyeux noël ! Crièrent les personnes autour de la table en cognant leurs verres les uns aux autres.

-Jules, tu sais, je ne veux pas déranger, je voulais juste manger un bout avant de rentrer chez moi et que ma voiture ne me lâche, lui murmura-t-elle, un fast-food m'aurait suffit mais il n'y a rien de tel dans les parages.

-Tu ne déranges pas, crois-moi, notre chef prévoit toujours plus à manger au cas où, et encore plus quand c'est noël. Je suis vraiment étonné de te voir dans le coin.

-Je suis étonnée d'être venue moi aussi, je peux te l'assurer. J'ai voulu faire l'effort cett année, j'ai posé des jours que j'ai négocié pendant presque quatre mois ci ce n'est pas plus, j'ai fais des cadeaux à tout le monde, je suis tombée en panne, mon téléphone perso m'a lâché, je n'ai plus que mon pro avec moi, ils n'ont pas pris en compte la liste des aliments que je ne mangeais pas, en fait, ils n'ont fait que ceux de la liste quand j'y repense, j'ai mangé à la table des enfants et pour couronner le tout, les traditions qu'on faisait tous les ans sont devenues trop nulles pour leurs gosses, tu te rends compte ? Depuis quand faire des jeux de noel, aller voir les décorations et tout le reste c'est devenu inintéressant ? Je me suis pris la tête avec eux et je suis partie.

-On va essayer de rattraper tout ça, lui dit la mère de Jules en lui touchant le bras, c'est important de passer un bon réveillon.

Elisa lui répondit avec un immense sourire, touchée par les attentions qu'ils avaient tous pour elle. Il y avait neuf personnes en plus d'elle autour de cette table, Jules, sa mère, deux autres personnes portant un tablier beige et vert similaire à celui de Jules, qui était l'uniforme pour le service en salle, les cinq autres personnes portaient des tenues adaptées à la cuisine.

-Qu'est-ce que tu as fait toutes ses années? se renseigna Jules en dégustant les toasts posés sur la table.

-Quand je suis partie, j'en ai profité pour finir mes études avec un stage dans une entreprise qui se promettait d'être grandiose, je ne me suis pas trompée, dans le milieu de la finance aujourd'hui, on ne peut pas trouver mieux. Mais l'ambiance général s'est dégradé quand l'entreprise à pris de l'ampleur et j'ai décidé de partir, j'ai décidé de plus ou moins me réorienter dans la presse, on m'a confié la rubrique d'un blog pour commencer et maintenant j'en ai plusieurs à gérer sans oublier les articles dans les magazines. Je crois que je me plais bien là- bas pour l'instant. Je ne regrette pas d'être partie. Je n'aurais jamais eu la vie que j'ai en ce moment si j'étais resté ne serait-ce que quelques mois de plus dans les environs. Allez, assez parler de moi, qu'est-ce que tu deviens toi ?

-Pas grand chose de plus que lorsque tu es partie, j'ai essayé d'aller en ville aussi. Je n'ai pas réussi et je suis rentré ici plein de désillusions, comme beaucoup d'autres. Je n'imagine même pas les étapes par lesquelles tu as dû passer pour réussir là bas. J'ai voulu me lancer dans la restauration gastronomique. J'ai tenté le concours d'une école d'apprentissage, et je l'ai réussi de justesse, mais les frais scolaires étaient trop élevés, je n'ai pas trouvé de gastronomique qui voulait de moi comme apprenti, des résultats au test trop juste et le logement posait souci apparement. Je suis retourné auprès de ma famille et je me prépare à reprendre ce restaurant là d'ici quelques mois. C'est presque ce que j'avais imaginé au final, à un détail près, celui de la ville, ajouta-t-il en rigolant.

-Ca va toujours avec... Mince, comment elle s'appelait ? Morgane?

-Elle est partie juste après toi, répondit Madeleine à sa place, il n'en a plus jamais parlé quand leur histoire s'est terminée. C'était une histoire de rivalité si je me souviens bien, elle n'a pas supporté qu'il ait eu envie de te suivre et tout faire pour te retrouver.

-Merci maman, ce n'est pas du tout gênant...

Toute l'équipe rigolait tout en se servant dans les plats qui venait d'arriver.

-En même temps, si c'est pour elle que tu as voulu partir, sache que j'aurais fait la même, dit l'un des cuisiniers en faisant un clin d'œil.

-C'est gentil de votre part les amis, mais vous n'aidez vraiment pas, ajouta le principal concerné toujours en rigolant, c'était il y a presque dix ans maintenant, ça ne sert à rien de ressasser le passé vous allez me porter malheur et elle va ressurgir de nul part.

-Tu n'as qu'à être honnête et lui dire fiston, on sait tous que tu voulais aller dans cette école sur Paris pour ton rêve de restaurant mais aussi pour suivre Elisa, Morgane n'a pas du tout apprécié que tu parles de ton départ d'un coup après le sien, je pense qu'elle est toujours jalouse de savoir que tu as réussi, déclara Jean à Elisa, tu es une des seules de tout le groupe à avoir eu assez de courage pour ne pas revenir.

-Je pense surtout qu'elle n'avait pas d'autres solutions, répondit Jules, Elisa a toujours été la plus débrouillarde et la plus courageuse, c'était évident qu'elle allait réussir.

-J'ai beaucoup ramé au début quand même, tout n'a pas toujours été rose et ça ne l'est toujours pas, il y a des moments où je me dis que ma vie serait beaucoup plus calme si j'étais resté.

-Tu aurais fini par t'ennuyer, tu as toujours rêvé d'aventures, je suis même surpris que tu sois resté en France tout ce temps, tu n'as pas voyagé ?

-J'en ai eu l'occasion pour quelques réunions avec d'autres entreprises, mais je n'ai pu visiter que les salles de réunions et ma chambre d'hôtel.

-Avant de passer au dessert, ça vous dit de jouer à un jeu? Proposa soudainement un apprenti cuisinier.

Un Signe De NoëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant