Lettre 3

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Un message. Un seul. Je ne demande qu'un message de toi. Est-ce que tu penses à moi le soir, quand tu es seul face à tes démons ? Est-ce que tu penses à moi quand tu es avec tes amis? Relis-tu nos messages quelquefois? Dis-moi que tu as mis du temps à répondre car tu cherchais les mots, dis-moi que t'es triste ou fatigué, que tu me détestes, dis-moi que t'as souvent pensé à m'appeler, que t'as déjà été mal en pensant à ce que tu me faisais; dis-moi quelque chose, n'importe quoi, mais me laisse pas comme ça, pas après ce qu'on à vécu. Je ne sais plus comment te faire comprendre que tu me manques, alors j'ai publié les lettres. Ne m'en veut pas, je suis désespérée. Qu'est-ce que t'aurais fais toi à ma place? Tu sais que je ne suis pas patiente, que je n'aime pas être dans l'incertitude, que je déteste savoir que je suis dans l'oubli, que j'ai peur de l'abandon, que j'aime être rassurée, que j'ai besoin de ton attention mais tu joues avec ça et tu me brises en mille morceaux. Tu te souviens de la fois où t'étais venu me chercher après une dispute avec mon père ? Tu m'avais emmené dans une espèce de clairière, c'était en été, il faisait chaud et encore beau, le ciel était bleu et les nuages formaient une sorte de divinité au dessus de nous. J'avais renversé la bouteille de crémant sur mes jambes et sur le siège passager, ça sentait l'alcool à plein nez et nous on riaient comme deux cons. Tu m'as regardé à ce moment-là et j'ai compris que c'était une évidence. Tu m'as dis que je valais mieux que ça, qu'il fallait plus que j'y pense parce que t'allais t'en occuper. J'adore quand tu me dis que tu vas t'en occuper, c'est ta façon à toi de me dire que t'es pas indifférent à moi. 5ans. C'est le temps qu'il nous a fallut avant notre premier baiser. Les autres nous trouveraient fous, je dirai juste qu'on est fou l'un de l'autre. Tu as été proche de moi toute la soirée, je suis sortie pour prendre l'air, il faisait nuit, les étoiles illuminaient le monde, tes yeux bleus ressortaient, on distinguait ton visage sous la lumière étoilé. Je te regardais discrètement, je l'avoue. J'avais jamais pris le temps de te regarder vraiment, tes mains, tes ongles rongés par le stress, tes yeux bleus et brillants, tes cheveux que tu trouves jamais bien le matin et pourtant c'est décoiffé qu'ils sont les plus plaisants; ton ventre que tu trouves trop gros, que je trouve parfait. C'est fou comme tous les complexes que tu peux avoir sont les plus belles choses de toi pour moi. Alors ça sert à ça l'amour ? à se compléter, à aimer obligatoirement ce que l'autre déteste chez lui pour le rassurer mieux? Quand j'ai eue fini de t'admirer, tu as pris mes joues de tes deux mains et tu m'as embrassé. Ce baiser Paul, ce baiser. A la fois doux et brutal, comme deux adolescents qui ne savent pas comment s'y prendre; et sincère, comme ce que tu ne m'as jamais prouvé. C'est dans tes baisers que je trouve ton amour. Tu sais pourquoi j'ai toujours cru en nous? "parce qu'il n'y a pas d'amour, il n'y a que des preuves", et c'en était la plus belle, Paul. C'est peut-être complètement cliché mais quand tu m'as embrassé, le monde autour n'était devenu que néant et je ne sentais rien d'autre que toutes les sensations du monde en moi. On parle de l'échange en cours, moi je pense à l'échange de ce baiser, cette brûlure, ce feu, ce pétillement, tout est tempête et calme en même temps. On ne s'est pas embrassés souvent mais ça à été très intense. S'il y a bien une chose que je retiendrai dans notre histoire, et pourtant il y en a beaucoup, c'est le manque. Le manque de toi, de moi, le manque de mon cœur qui éprouve, le manque des paroles, de l'histoire. C'est vrai, les mots manquent comme dirait Victor Hugo, mon auteur préféré. Ton cœur est vide, ma parole est pleine. Il manquera toujours quelque chose en moi quand tu ne seras pas là, quand tu disparaîtras. Tes lèvres, j'en redemande. La douceur de cette membrane me manque. Ton timbre de voix, tes paroles me manque, quand tu me dis que je suis spéciale, que je suis un ange, que je suis différente et même plus que ça. Tes doigts me manque, long et précieux, le long de ma colonne, sur mes joues, caressant mes cheveux, baissant mon collant, ça me manque tout ça. Toi, ton être tout entier, dans toutes ces facettes intermédiaires; de ton front à tes mollets, en passant par tes cuisses puis tes bras, tous tes traits du visage. Quand j'écris cela, j'ai l'impression de te caresser sur la feuille, j'ai l'impression que t'es encore avec moi, seulement pour quelques minutes même si je sais pertinemment que la fin est toute proche. La fin de mes rêves ou la vraie fin; je veux dire, la fin qui me laissera en attente, en descente aux enfers? Tous ces moments à t'attendre, je ne les compte plus, ils ont trop durés, si bien que je me perds dedans. Excuse moi, tu me hantes, me paralyse, je ne sais plus s'il fait jour ou nuit. Tu le sais toi, quel est le cachet pour t'oublier? Est-ce que je vais passer ma vie à attendre un message de toi à chaque anniversaire? 24heures tous les ans. Finir mes soirées seules avec une bouteille à la main, des cadeaux tout autour de moi. Tout pourrait me combler mais tu n'es pas là pour allumer ma cigarette. Mais je sourirai, à chacun de mes anniversaires, à chaque bougie de plus, à chaque ride de plus, je sourirai car je saurai que, de ton côté, tu pensera à moi, au moins ce jour, et que t'aimerai que je t'envoie un message le jour du tien, plutôt que d'être avec ta famille. On serait tous les deux à l'autre bout du monde, des centaines de kilomètres nous sépareraient mais notre cœur ne serait qu'à un seul endroit : le collège. L'endroit où tout à commencé. Il a suffit que je te vois dans la cour de récréation. Une demande d'ami sur facebook, le soir. Je me souviens, tu te battais avec ton ami Antoine, le frère de ma meilleure amie de l'époque. C'est comme ça que j'ai su ton prénom. T'étais gros et la puberté n'avait pas encore fait son effet, mais je t'ai aimée. "Love at the first sight" : l'amour au premier regard; le coup de foudre. Je l'ai appris cette année en Anglais, on parlait d'amour et tu venais de me lâcher. J'ai dis que l'amour craignait, la prof m'a demandé pourquoi et je lui ai répondu que quand on est déçue par celui en qui on avait le plus confiance, tout se détruit autour de nous. Mais ce n'est pas grave. Parce que t'es revenu, même si j'étais en couple et que j'essayais de trouver un minimum de stabilité dans cette foutue vie et que t'as tout foutu en l'air, avec ton putain de sourire et tes beaux yeux. Il suffit que tu m'appelles pour que je foire tout. C'est facile pour toi non? T'as une fille qui est tout à toi quand tu le veux. Quoique tu fasses, même si tu fais les mêmes erreurs vingt ou trente fois, je serais toujours déstabiliser en te revoyant. C'est comme ça, j'y peux rien. C'est pas de ma faute si tu détruit tout ce que t'entreprend, Paul. Tout ce que tu fais, tu la choisis au fond. Et je sais que t'aimerais me choisir, au fond.

Est-ce que je t'aime suffit ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant