Lettre 5

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12h. Nous nous voyons dans douze heures. Cela fait presque un mois que l'on ne s'est pas vus, toutes ces questions dans ma tête... Elles ne s'arrêtent jamais. Dis-moi toi, comment tu fais pour cesser ses tourments? Comment tu fais pour faire taire l'écho de mon prénom? Vais-je devoir te faire la bise? T'embrasser? Te sourire? Vas-tu me voir? Est-ce que nos regards se croiseront? Est-ce que tu vas me regarder? Est-ce que je vais sentir les mêmes sensations qu'à chaque fois? Je n'ai pas écris depuis une semaine et bizarrement c'était vide en moi. Maintenant? ça recommence... Mêmes choses, mêmes erreurs, mêmes sentiments. En philo, sentiments se définie par "juger à partir des idées". Et l'idée de te voir proche de moi, ça me provoque l'ineffable. Tout me ramène à toi, en anglais, en philo, en histoire, dans un film, un livre. J'ai commencée à lire AFTER; Theresa, une fille coincée et sage tombe amoureuse d'Hardin, le bad boy de l'histoire. Tous ces amis à lui sont sympa, proches, attachants sauf lui : renfermé et froid. ça me rappelle deux personnes tiens. Une fille hyper timide que ces parents traitent de dévergondé, de pas assez comme ci ou comme ça; et un garçon hyper renfermé, qui ne s'attache plus à cause de je ne sais quel passé qui détruit toutes celles qui s'approchent de lui, de près ou de loin. De quoi vas-t'on parler? Est-ce que les mêmes sujets vont revenir sur la table comme à chaque fois? Mon téléphone sonne, c'est toi, le fameux cœur que j'ai mis comme surnom. Tu veux venir me voir "seul" comme d'habitude. Qu'est-ce que t'as contre les gens? Pourquoi tu n'arrives pas à assumer que l'on se parle? Qu'est-ce qu'il va se passer au juste? Est-ce que tu vas rompre cette limite platonique que l'on a jamais franchi? Je m'imagine encore beaucoup de scénarios. Moi qui arrive à minuit, après le concert de Genesis. Je rejoins mon meilleur ami et il nous emmène chez lui. Tu es là, sur le canapé, avec ta balance et ton cendrier. Tu lèves la tête et un sourire se provoque sur ton visage, on se regarde, longtemps, trop, jusqu'à ce que Mathieu me demande pour la troisième fois ce que je veux boire. Je vais donc me servir une bière et tu arrives derrière moi. Je sens ta présence à quelques mètres d'écart. Nous abordons une conversation inutile et Mathieu nous rejoins pour faire disparaître le malaise de la pièce. Au milieu de la soirée, je me mettrai à danser avec Gaëlle et tu resterai à l'écart, à me regarder. Je sens déjà ton regard posé sur moi. Ce regard que je ne pourrais oublier, la seule chose qui exprime quelque chose de toi. Les yeux sont en réalité la seule chose qui ne peut pas mentir. Et quand tu me regardes, tu ne mens jamais. Ensuite je m'écroulerais sur le canapé où tu serais assis. Je rirai, de nervosité, d'amour, d'alcool. Tu ferais mine de m'ignorer. Puis je te demanderai de me rouler une clope pendant que je vais me resservir. En réalité, j'irais voir Gaëlle, ma meilleure conseillère pour lui demander quoi faire et elle me répondrais par un simple "Va le pecho putain". "Pecho" est un mot assez péjoratif pour ce que j'aimerais vraiment faire. T'embrasser, t'aimer, te faire rire, être dans tes bras mais ne pas ramener tout cela au mot "pecho". C'est trop court pour dire tout ce qu'il y a derrière. Je retournerai enfin à tes côtés et peut-être que j'irais entre tes bras, peut-être que je te sourirai juste, peut-être que je t'embrasserais fougueusement. Je ne sais pas vraiment ce qu'il se passera dans sept heures maintenant. Peut-être que tout le contraire va se produire, peut-être mieux. Je m'impatiente. C'est terrible d'attendre alors que l'on ne s'est pas vus depuis une éternité. Il s'est passé tant de choses entre temps : des absences (pour ne pas changer), des messages, des déceptions, des larmes et encore et toujours de l'amour. Réciproque ou pas, de l'amour. Si je peux t'assurer une chose pour ce soir, c'est que dès que je vais te voir, il se déclenchera de la foudre en moi, terrible et colérique mais lumineuse. Des petits éclairs par milliers. Du silence. De l'absence. Un moment paralysé. De l'ambiguïté aussi, comme à chaque fois que l'on recommence. Combien de fois on a recommencé? Combien de fois je suis retombé amoureuse de toi? à chaque fois. Même quand on ne se voit pas et que je pense simplement à ton sourire, à tes lèvres, à nos corps collés, entremêlés, donnant quelque chose de... Comment on dit quand on ne fait qu'un? J'en perd mes mots mais c'est exactement ce que je veux dire. J'ai peur, Paul. De ne plus te plaire (même si je ne saurais jamais vraiment si c'est déjà arrivé), de ne pas pouvoir te parler ou que cela finisse mal. Avec toi, il suffit d'une fois pour que t'arrêtes tout, sans savoir, sans comprendre. C'est ça la différence entre nous, moi qui veut toujours tout savoir et comprendre tandis que ça me hante la nuit. Toi, tu n'essaie pas, tu ne vois que ce que tu veux, tu interprète mal et tu foire tout. Il suffit que j'ai le malheur de rire avec un autre pour que tu te barres, mais cette fois, je ne reviendrai plus. Je n'aurai plus la force de continuer ce petit jeu même si la dernière ligne que j'ai écrite n'est pas crédible C'est très dur de tenter de te suivre quand tu ne sais même pas ce que tu fais toi même. Et si, tu ne m'aimes plus ce soir ? Comment j'irai moi, demain? Est-ce que ça sera encore comme ça dans 5ans? Comment tu te vois dans 5ans? L'autre jour, je regardais un article sur l'amour en psycho; entre 6mois et 2ans dure l'amour passionnel, au delà de cette durée, soit cela se tasse, soit on change de partenaire. C'est bizarre, je ne me suis pas sentie viser dedans, peut-être parce qu'on à cesser de s'aimer pendant quelque temps, peut-être car cela ne fait que 5mois, qu'on se revoit. Est-ce que dans un mois ça passera? Est-ce que ça ne brûlera plus autant? Est-ce que je cesserai de me sentir piqué quand je te vois ou simplement quand je pense à toi? J'ai passé toute ma soirée à m'imaginer avec toi, ce soir. Il ne reste pas beaucoup de temps, je n'ai presque pas écouté le concert, trop occupée à paniquer à l'idée de me trouver avec toi, dans la même pièce, sans pouvoir bouger. Il manque du temps pour que j'écrive encore, à ce soir, à demain, je l'espère à toujours.

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⏰ Dernière mise à jour : Dec 06, 2018 ⏰

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