Elle avait les yeux clos. C'est lorsqu'un grand blond portant une barbe de trois jours se posta devant elle, les mains sur les hanches, qu'elle compris rapidement pourquoi il semblait contrarié.-Hally ta pause est terminée, tu ne t'es pas assez reposée ces deux derniers jours ? demanda t-il un peu sarcastiquement. Retourne vite au travail, je ne te paye pas pour que tu flânes !
-J'y vais boss, répondit-elle un peu ailleurs.Suite à l'incident survenu trois jours plus tôt, elle avait été incapable de dormir correctement. Des cauchemars la hantaient chaque fois qu'elle s'endormait. Le lendemain matin, elle en avait oublié son travail, celui de serveuse dans un café. Son patron avait essayé de l'appeler toute la matinée mais en vain. Ce n'est que vers 11h qu'elle lui répondit enfin. Comprenant qu'elle n'allait pas bien, il lui avait laissé deux jours pour qu'elle se repose un peu. Juste avant l'heure affluence, elle avait eu le droit à sa pause déjeuner. Son ventre ne criait pas spécialement famine mais le cuisinier avait insisté pour qu'elle mange, après tout personne ne voulait d'une travailleuse qui avait le ventre vide. Déjà qu'elle avait du mal à se concentrer, ne pas manger lui avait également causé un peu de tord.
-Mademoiselle, mademoiselle ? répétait une petite voix.
-Oh pardonnez-moi, j'étais perdue dans mes pensées. Vous voulez quoi comme dessert avec votre menu enfant ?
-Une glace, au chocolat s'il vous plait ! répondit la petite, pas plus haute que trois pommes.
-C'est noté, et pour vous madame ? répondit Hally en notant des signes sur son calepin.
-Une salade césar et un thé s'il vous plait. répondit une jeune femme qui devait probablement être sa mère.
-Très bien, je vous apporte ça !Elle avait repris du poil de la bête. Son travail n'était pas déplaisant. Du moins, quand les clients étaient sympathiques et respectueux. Elle avait pu faire ses preuves dans un café très réputé de Paris, après tout sa grande soeur avait travaillé quelques mois dans la même enseigne. D'ailleurs quand elle y repensait ça lui faisait un pincement au coeur. Lynda, de dix ans son ainée, était décédée a à peine 28 ans. Elle était partie en voyage à l'étranger, aux États Unis plus précisément avec son petit copain. Enfin même mari puisqu'ils s'étaient mariés vers ses 25 ans. Ils étaient partis un mois pour faire un road-trip et se ressourcer un peu. Mais à Chicago ils se sont retrouvés au milieu d'une guerre de deux gangs. Ils étaient au mauvais endroit au mauvais moment et ont reçu tout deux des balles perdues. Comme les hors-la-loi étaient dangereux, les secours ont eu du mal à intervenir. Et quand ils sont arrivés à l'hôpital, les plaies s'étaient infectés et ils n'ont pas réussi à survivre.
Elle était en train de troquer sa tenue de serveuse contre sa tenue de ville. La journée s'était plutôt bien passée. Dorénavant, elle ne prendra plus les transports mais prendra un taxi, même si elle aura besoin d'un budget plus élevé pour cela, quite à faire des heures supplémentaires. Mais plutôt aller en enfer que de remettre les pieds dans un transport en commun quelconque.
Hally soupira pour la centième fois de la journée. Elle était adossé sur le siège confortable de la voiture qui la ramenait chez elle. Finalement aujourd'hui c'était une collègue qui la déposait au plus près de chez elle. Elle la remercia d'un signe de la main accompagné d'un petit sourire avant de traverser la rue et s'engager dans une autre pour rejoindre son appartement. Quelques minutes suffirent pour qu'elle atteigne enfin sa zone de confort. Elle retrouvait bien vite sa petite boule de poils favorite, sa chienne Saku qu'elle avait d'ailleurs un peu délaissé ses derniers jours à cause de son état ... En câlinant sa petite Saku, elle fit attention et se rendit compte de la saleté des environs. Elle n'avait pas spécialement fait attention et surtout n'avait pas nettoyé son chez elle depuis plus d'une ou deux semaines. Elle grimaça mais se motiva pour avoir un appartement vivable, c'est ainsi qu'Hally passa l'après midi à faire un grand nettoyage des pièces sales. Elle pensait à tout et n'importe quoi. Mais quelque chose tournait dans ses pensées depuis deux jours. La personne qui hantait ses pensées ne répondait pas. Ni à ses appels, ni au message qu'elle lui avait envoyé et auquel elle n'avait eu aucun retour.
Le balais coincé entre les jambes, elle s'adossa à la porte et relu le message qu'elle avait envoyé et regrettait presque la sécheresse du ton qu'elle avait employé. « Pourquoi ? Qui es-tu ? Comment connais-tu Lynda ? Pourquoi m'avoir envoyé ce message ? Pourquoi tu n'as pas aidé les autres qui étaient dans le même cas ! Pourquoi moi ?! Comment savais-tu ce qui allait se produire ?! Que se passe t-il ! ». La fin du message n'était qu'une suite de lettre et de chiffres crées par ses sanglots et ses mains tremblotantes qu'elle n'avait pas eu la force d'effacer. C'est la poignée de la porte qui lui rentrait dans peau qui la fit se mouvoir un peu pour reprendre son ménage. Après deux bonnes heures de nettoyage complet de la totalité de son appartement, elle se sentis un peu satisfaite. Saku ne dépassait pas la hauteur de son mollet, mais c'était un grand conteneur d'amour. Alors elle prit soin d'elle pendant le peu de soirée qu'il lui restait aujourd'hui.
Une jeune brune ouvrit lentement les yeux. Le soleil lançait ses faibles rayons un peu partout dans la piece, mais elle prit du temps à s'en rendre compte.
-Déjà 8h30 ?! s'écria t-elle presque.
Hally devait être tous les matins au café aux environs de 9h. Elle se jeta sur sa penderie et prit des affaires propres qu'elle mis en quatrième vitesse. Elle se remerciait intérieurement d'avoir prit une douche le soir de la veille, cela lui évitait de devoir en prendre une ce matin. Saku, sentant la panique de sa maîtresse commença à aboyer. La jeune prit donc cinq minutes pour la sortir dans la rue pour la promener. Après tout, elle était déjà en retard, alors cinq minutes de plus ou de moins, ça ne changeait rien finalement. Une fois remontée chez elle avec la chienne toute heureuse de sa balade, elle se coiffa un peu et se rendis un minimum présentable pour le travail. Elle câlina sa petite boule de poils d'amour puis sortis de chez elle. Il était 8h45, et Hally s'arrêta quelques secondes sur le pas de son immeuble, réfléchissant à sa situation. C'était une heure ou les routes étaient embouteillées. Elle ne pouvait donc ni demander à un collègue de passer la chercher, ni commander un taxi. Y aller à pieds prendrait un temps fou, quarante cinq minutes au minimum. Elle eu presque une nausée en se disant qu'elle était obligée de prendre les transports en commun. Ce qu'elle redoutait le plus depuis trois jours.
-Mademoiselle, vous allez-bien ? Vous m'avez l'air bien pâle !
Une femme ayant dépassé la soixantaine la regardait avec des yeux inquiets.
-Oh merci je vais bien ... se reprit Hally.
-Vous savez, si vous n'allez pas bien, allez à l'hôpital ! s'enquit-elle.
-Je vous remercie madame mais ça va aller.La personne âgée lui lança un regard compatissant puis elle continua son chemin. Hally se dirigea donc vers le bus qui allait la mener au métro pour qu'elle arrive enfin à son travail. Le trajet le plus court qu'elle pouvait utiliser était de prendre le métro depuis chez elle, puis de prendre le tram et de marcher jusqu'à son travail. Mais à cause de l'accident des derniers jours, la station qui lui octroyait le changement était fermée. Elle devait donc changer d'itinéraire. C'était bien plus long que le trajet qu'elle prenait d'habitude mais elle n'avait pas le choix. Alors aujourd'hui, c'était bus puis métro.
L'ambiance du bus l'aurait presque fait vomir. Il y avait du monde, ceux qui allaient au travail. Quelque part, c'était plus rassurant que d'être seule tard le soir dans les rues. Alors elle se calla dans un siège qui venait de se libérer et attendit que le supplice soit terminé. Elle avait marché très vite dans la station pour aller chercher son métro. Une fois dans ce dernier, elle se détendit un peu. Après tout, ce n'était pas si dur que cela de prendre les transports en commun, malgré le fait qu'elle en était bien traumatisée. Elle avait mis ses écouteurs et avait monté le volume, afin qu'elle n'entende rien d'autre que le son de sa musique. Ça la détendait bien.
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Paranoïa
Mystery / ThrillerLa devise ou routine normale devait être « métro-boulot-dodo ». Mais dans la réalité, c'était plutôt « inquiétude-perte de confiance-paranoïa ». Surtout paranoïa. Chaque événement qui se passait dans le monde crée de l'inquiétude, la confiance des h...