La Madrague.

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Les semaines s'enchaînèrent et avec elles, son apprentissage de la douceur. C'est vrai qu'il s'était toujours dit que cette violence physique n'était qu'une marque de sa rage et de son dégoût intérieurs. Mais au côté d'Aurélien, tout lui semblait plus beau. Cette rage s'apaisait et son dégoût s'envolait petit à petit. Aurélien était une vraie bénédiction du ciel, un petit ange qui était descendu pour prendre soin de lui et lui ouvrir les yeux sur ce que l'amour et le bonheur voulaient vraiment dire. Il ne l'avait plus jamais touché avec brutalité et lorsqu'il sentait que ses gestes envers Aurélien devenaient plus violents et sa voix plus menaçante, un simple sourire de lui ou son prénom tendrement prononcé le ramenait sur le bon chemin. Ils avaient fait l'amour, comme Aurélien aimait appeler l'acte sexuel, plusieurs fois depuis la dernière et il avait enfin comprit comment faire passer toute sa tendresse, son désir, son amour ou encore son envie sans jamais être brusque ou passer par la force. Je ne te repousserai jamais tu le sais, lui avait-il dit un jour. Alors n'agit pas comme si tu devais me prendre de force ce que je te donne de mon plein gré. Il faisait passer tout son amour à travers ses regards, ses caresses, ses baisers, tout en ondulant doucement du bassin pour venir rencontrer le sien et le résultat était bien plus agréable que ce soit pour Aurélien, comme pour lui.

Ils avaient vu leurs potes à plusieurs reprises et ils leur avaient annoncé, devant leurs regards ahuris, qu'ils étaient ensemble. Skread lui avait lancé un petit sourire de l'homme qui s'en doutait alors que Ablaye était resté paralysé sur sa chaise, complètement choqué, et que Claude... avait réagit comme il réagissait toujours. Il les avait enlacés, leur assurant qu'il était au courant depuis le début de toute cette histoire et leur donnant sa bénédiction. Avant, bien sûr, de prendre Guillaume à part et de le menacer de ne jamais faire de mal à Aurélien et le prévenant qu'il lui casserait la gueule si jamais il le faisait pleurer. Guillaume sourit en pensant qu'heureusement il ne lui avait pas tenu ce discours quelques semaines plus tôt, quand il l'avait complètement détruit avec ses conneries. Guillaume les prévint qu'ils n'avaient pas intérêt, eux, à tomber amoureux de lui et Ablaye lui avait demandé d'un air perplexe comment il pouvait penser une seule seconde que c'était possible. Il s'était tourné vers Skread en souriant et avait répondu que si un connard d'hétéro de son niveau était tombé amoureux d'Aurélien alors ce n'était pas impossible que d'autres connards d'hétéros en tombent amoureux. Ablaye l'avait mal prit, se voyant insulter de connard d'hétéro à son tour, et Skread l'avait rassuré en lui donnant une autre bière, lui disant de se calmer et qu'il rigolait.

Guillaume pensait à tout ça, un bras autour de la taille d'Aurélien qui somnolait contre lui, la tête nichée sur son épaule. Tous ces petits gestes affectueux et moments tendres lui avaient manqué quand il se battait intérieurement avec ses démons. Il caressa doucement ses cheveux en l'observant respirer paisiblement dans son cou et passa son pouce sur ses lèvres entrouvertes, les caressant délicatement, avant de déposer un tendre baiser sur celles-ci.

« Dors bien, petit ange. »

*

Aurélien regardait Guillaume penché au-dessus de lui, un sourire rayonnant sur les lèvres. Il était allongé sur le matelas de son lit, les cheveux éparpillés autour de son visage comme une pluie d'étoiles, et un fin sourire sur le visage. Il passa une main tendrement sur sa joue, venant caresser les courts cheveux de Guillaume, et le regarda avec énormément de tendresse.

« Vas-y, Guillaume... Je suis prêt. »

Guillaume se pencha vers lui, déposant un baiser amoureux sur ses lèvres, et le pénétra lentement dans le même temps en douceur. Il étouffa un petit gémissement à la sensation contre sa bouche, malgré y être à présent habitué. Guillaume déposa un autre baiser, puis un autre, sur ses lèvres, sans jamais vraiment séparer leurs bouches de plus de quelques millimètres. Aurélien passa ses bras autour de sa nuque, glissant ses doigts dans ses cheveux fins, et ferma les yeux lentement se concentrant sur les sensations qu'il venait faire naître dans son bas-ventre. Les douces ondulations du bassin de Guillaume contre le sien lui arracha un soupire de contentement, qui fut bientôt remplacé par des petits gémissements de plaisir. Il sentit la bouche de Guillaume se détacher doucement de la sienne pour venir déposer un petit baiser apaisant sur sa tempe, tandis que ses doigts s'enroulaient avec douceur autour de sa propre intimité. Ses gémissements se firent un peu plus licencieux, rajoutant son propre plaisir à celui que lui donnait Guillaume et quand il le sentit venir en lui dans un gémissement rauque, sa propre semence se déversa à son tour sur les doigts de Guillaume. Il ouvrit les yeux et offrit un petit sourire fatigué à son amant qui se retira avec douceur de lui, avant de tomber sur le matelas à ses côtés. Il se tourna vers lui, les yeux se fermant sous la fatigue, et se blottit contre lui.

« Je t'aime, Guillaume.

— Moi aussi Orel, plus que tout. »

Il le sentit l'attirer plus encore contre lui, passant un bras protecteur par-dessus sa taille, et il se laissa sombrer dans un sommeil bienvenue.

*

Sur la plage abandonnée
Coquillage et crustacés
Qui l'eût cru déplorent la perte de l'été
Qui depuis s'en est allé
On a rangé les vacances
Dans des valises en carton
Et c'est triste quand on pense à la saison
Du soleil et des chansons.

Pourtant je sais bien l'année prochaine
Tout refleurira nous reviendrons
Mais en attendant je suis en peine
De quitter la mer et ma maison.

Le mistral va s'habituer
A courir sans les voiliers
Et c'est dans ma chevelure ébouriffée
Qu'il va le plus me manquer
Le soleil mon grand copain
Ne me brulera que de loin.

Croyant que nous sommes ensemble un peu fâchés
D'être tous deux séparés...

Le train m'emmènera vers l'automne
Retrouver la ville sous la pluie
Mon chagrin ne sera pour personne
Je le garderai comme un ami.

Mais aux premiers jours d'été
Tous les ennuis oubliés
Nous reviendrons faire la fête aux crustacés
De la plage ensoleillée
De la plage ensoleillée
De la plage ensoleillée...

*

Les paroles de cette chanson d'un temps désormais révolu firent leur chemin dans son esprit et il se mit à les fredonner doucement, serrant son petit ami contre lui, à présent profondément endormi dans ses bras. Il déposa un tendre baiser sur son front, recouvert de ses cheveux remplis de sueurs, et caressa sa joue de ses doigts. Le souffle d'Aurélien passait lentement le seuil de ses lèvres pour venir s'échouer sur son cou et il sourit amoureusement.

« Je t'aime Orel, mon rayon de soleil. »

Il ferma les yeux, se laissant à son tour emporté dans le monde des rêves, se disant qu'aucun rêve ne serait jamais aussi beau que celui qu'il vivait éveillé, près d'Aurélien.

Fiction OrelxGringe - C'est pas que du sexe.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant