Juliet Ashton

63 8 2
                                    

Mr Stark nous a fait convoqué au restaurant sans aucune explication peu après l'heure du dîner. Lorsque Peter et moi sommes arrivés, le détective nous informe que nous allons procéder à une reconstitution. Nous devons donc sortir quelques instants dans la rue froide. Peter me tient la main, la sienne était chaude  et rassurante. La rue est déserte car tout le monde sait que le  Phillies a été le théâtre d'un meurtre, car tout le monde  préfère rester chez soi à lire un livre en étant confortablement installé dans un fauteuil en velours, car tout le monde sait qu'il faut être fou pour sortir à une telle heure un soir de novembre.  Oui, c'est cela, je deviens folle avec toutes ces histoires de crimes ! Même mes pensées divaguent. C'est étonnant, je n'avais jamais remarqué à quel point la façade du diner est chaleureuse. Sa longue vitre permet  d'éclairer le trottoir et d'attirer les clients esseulés et égarés comme des papillons de nuit. Ainsi, la vitre offre à la rue austère une vue sur un intérieur apaisant. Elle est surmontée par une longue devanture rouge où l'on peut lire en lettres d'or "Phillies". Soudain, Peter me tire le bras ainsi que de mes
rêveries car il est temps de rentrer.

 Lorsque je pousse la porte et entre dans la pièce, j'ai l'impression de voir Mr Evans assis à côté de Mister Stark. Ses yeux sombres me fixent et son teint est livide. Je serre la main de Peter à la broyer, il me regarde interloqué. Je tourne la tête comme si rien ne s'était produit et je comprends que Mark n'était qu'un fantôme. Un fantôme qui me hante nuits et jours. A chaque fois je revois la même scène, Mr Evans qui boit son verre et s'écroule au sol. 

Mr Collins et moi nous nous asseyons à l'extrémité gauche du comptoir et commandons deux verres de vin. Nous nous sommes rencontrés ici, au diner, aux mêmes places, il y a 2 ans. Depuis nous nous aimons d'un amour ardent et sommes fiancés depuis peu, même si nous n'avons pas beaucoup d'argent. J'aperçois au fond de la pièce un miroir où je vois le reflet de Peter. Ce que je préfère chez lui c'est son regard étincelant, ses yeux ténébreux pétillent même si ça n'a pas toujours été le cas. J'affectionne aussi ses lèvres fines, si douces que j'aime embrasser. Il a un visage allongé, mat et doux que je caresse souvent lorsque nous sommes seuls.  

Ce soir, comme tous les autres soirs, il porte un chapeau assorti à son costume bleu marine car il a honte de ses cheveux noirs comme la ruelle qui borde le dîner. Il les a hérités de sa mère italienne et il les plaque en arrière. Je n'aime pas qu'il porte de chapeau car il n'a pas à taire ses origines. Aussi, il n'apprécie guère son nez aquilin qui donne l'impression qu'il s'est battu. J'aperçois aussi son cou délicat et ses larges épaules contre lesquelles je me blottis lorsque j'ai peur. Le miroir ne me permet d'en voir plus, mais s'il était plus grand, j'aurais pu voir son corps élancé, voir son allure athlétique, voir ses bras musclé et rassurant, voir son costume bleu comme l'encre de ces lettres, un des rares car il n' a pas les moyens d'en avoir d'autres, voir ses gestes lents et posés qui cachent en réalité sa nervosité, et enfin, deviner à sa prestance sa voix rauque. 

Je me tourne vers lui et souris. J'espère que l'enquête se clôture rapidement car j'aime Peter et veux me marier au plus vite. Je bois mon verre tandis que Peter se lève en direction du détective Stark. Je sais ce qu'il va demander car nous l'avons déjà réalisé 3 jours auparavant, ce qui est très étrange. Restée seule sur ma chaise, je regarde à nouveau la glace.

 Je vois à présent l'arrière du diner. Le mur est aussi jaune que Cooper est blond, ce dernier n'a pas de très bons goûts en matière de décoration puisqu'il a aussi décidé de peindre le contour de la vitre en vert, le même que ses yeux. J'ai toujours eu l'impression qu'il ne fait qu'un avec son établissement car il l'aime beaucoup, c'est toute sa vie et il en est fière. Au fond de la pièce, contre la vitre, j'aperçois quelques tables en bois et je crois revoir Peter et moi, assis, nous tenant les mains, en nous regardant dans les yeux et en souriant naïvement. Notre premier rendez-vous a eu lieu, ici, à la table la plus à gauche, nous étions éclairé par la faible ampoule qui se situe au milieu de la pièce.

 Soudain, Peter revient s'asseoir à mes côtés en fumant sa cigarette alors que je paye Mister Cooper.



Voilà, c'est tout pour ce soir ! Mais on se retrouve vendredi avec un autre personnage (je vous laisse deviner lequel 😉). Bonne lecture (et n'hésitez pas à me laisser votre avis dans les commentaires)

NighthawksOù les histoires vivent. Découvrez maintenant