Peter Collins

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Le meurtre de Mr Evans nous avait tous déjà troublé mais l'enquête nous a d'autant plus agité. Je me souviens que lorsque le détective nous a convoqués Juliet avait eu peur et moi aussi, mais je devais le cacher pour la rassurer. Mr Stark nous déclare de sa voix froide et grave que nous allons participer à une reconstitution. Il est probable que le célèbre Henry Stark n'a toujours pas trouvé la clé de l'énigme car, d'après les journaux, il trouve la solution en quelques heures seulement et n'a jamais eu besoin de reconstitution. Il demande donc à Juliette et moi de sortir quelques instants car jeudi, Mr Evans s'était retrouvé seul avec le serveur avant notre arrivée. Je saisis la main froide de ma chère Juliet et marche en direction de la sortie. La rue du Phillies est de la couleur des chats  égaré dans la nuit et a pour seule source de lumière l'établissement.

Malgré ma veste, j'ai froid et je frissonne, mais je ne sais pas si c'est dû à la température ou à la peur. Peur que je ressens pour Juliette. Juliette que j'aime d'un amour brûlant mais que j'ai peur de perdre. La perdre comme son regard lorsqu'elle regarde la façade du diner. Diner qui a été le témoin d'un crime. Crime qui sera résolu ce soir au bord d'une rue froide. Je regarde l'intérieur du Phillies lorsque Mr Stark boit sa coupe de champagne, cela signifie que c'est à notre tour d'entrer. J'appelle Mrs Ashton qui ne semble pas entendre et fixe la devanture rouge du bar d'un air absent. Je tire son bras et me dirige vers l'intérieur.

Une fois la porte passée, Juliet ralentit le pas, devient livide et m'écrase la main dans mon incompréhension. Je lui caresse le dos, puis, nous nous asseyons au même emplacement que le soir du meurtre et je commande deux verres de vin à Mister Cooper. J'en bois quelques gorgées tandis que Juliet regarde le miroir au fond de la salle. Il y a au bout du comptoir un journal datant de la veille. Sur la une, je comprends que la photo est un portrait de l'homme assis à l'autre bout de la pièce. C'est un homme aussi imposant que sa carrière. Tout était droit chez le célèbre Mister Stark sa posture, ses épaules qui paraissent très large dans son costume noir, son visage carré, sa mâchoire saillante qui donne l'impression qu'il est prêt à attaquer, son nez, sa moustache brune, ses lèvres pincées, ses oreilles et les rides de son front qu'il avait eu à force de réflexion. Mais ce qui est le plus droit chez lui, est son sens de la justice. Il faisait partie de ces gens pour lesquels le gris n'existait, tout était blanc ou noir et c'est ce qui avait  permis à Henri Stark de résoudre toutes ses enquêtes. L'article parle probablement d'une récente affaire dans laquelle l'aide du détective fut cruciale.

Soudain, je me rappelle que jeudi, j'avais eu envie de fumer et, n'ayant pas de feu, j'avais dû en demander à  Mister Evans. Je me dirige alors vers le détective et m'aperçois qu'il est beaucoup moins impressionnant que  sur la photo. En réalité, il est plus petit et donne l'impression d'être plus vieux, cet effet est probablement  dû à la fatigue de l'enquête, bref, il est plus humain. Je lui demande son briquet et il m'en donne un plutôt similaire à celui de Mark Evans, il est en métal argenté et doit valoir une petite somme. Je le remercie et je retourne m'asseoir auprès de Juliet Ashton.


Voilà c'est tout pour aujourd'hui, j'espère que vous aimez :-)

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