Toutes les nuits, depuis des mois, ce cauchemar me hante; la réminiscence de ses flammes immenses encerclant notre maison de ville. Je me réveille en sursaut toutes les nuits, en pleurs, ce souvenir me ronge de l'intérieur et je n'arrive pas à m'en débarrasser. Aujourd'hui je vis dans la maison secondaire de ma grand-mère Simone. C'est elle qui m'a accueilli quand mes parents sont décédés lors de cet incendie, causés par une cigarette mal éteinte et jetée dans la poubelle, asphyxiés par la fumée que j'ai également inhalé, depuis je souffre d'une BPCO moyenne qui était surement déjà là depuis un moment. Elle m'empêche de respirer convenablement et m'oblige à être sous assistance respiratoire. Tous les mois je dois être suivie et faire de court séjour à l'hôpital pendant le week-end.
Ça fait trois mois que je suis chez ma grand-mère, ça fait trois mois que mes parents sont morts et ça fait trois mois que mon frère a disparu sans laisser de nouvelles. Un frère ? Comment pourrais-je le considérer comme frère ? Il m'a abandonné dans ces flammes, dans cette fumée noire et agonisante. Pendant le premier mois je l'appelais tous les jours car j'étais inquiète pour lui, je pensais qu'il était blessé, qu'il errait dans les bois près de notre ancienne maison mais la police ne l'a jamais retrouvé. Depuis, je me suis faite une raison. Il n'existe plus pour moi, c'est malheureux n'est-ce pas. Après tout il a 22 ans il fait ce qu'il veut... Ça me rend triste de savoir qu'il a pu partir au pire moment de ma vie, juste après ces évènements horribles. Ce qui m'affecte le plus c'est qu'il ne réponde pas à mes appels mais seulement à ceux de mamie, pourquoi ? Je n'en sais rien mais Mamie m'a très bien fait comprendre qu'il ne veut pas me parler pour l'instant, et pourquoi je ne sais toujours pas et je ne le saurais certainement jamais.
Je suis actuellement sur un lit, un lit blanc, froid et sinistre. Dans une pièce où le silence règne et l'odeur de désinfectants et de médicaments s'entremêlent. Dans un hôpital, un immense hôpital, de couleurs différentes qui varient du jaune pâle au bleu ciel. Dans un quartier, un quartier rythmé de sirène et de bips continue ou discontinue des électrocardiogrammes. Dans une ville, ... Et on pourrait continuer comme ça pendant des heures avec des sujets ou des thèmes différents, après tout c'est calme et on s'ennuie vite, il faut bien s'occuper d'une façon ou d'une autre. Ça fait maintenant bientôt trois mois que je suis dans cette chambre, dans cet hôpital, dans ce quartier, dans cette ville alors que je devrais être dans une salle de cours, assise sur une chaise bancale à attendre la sonnerie annonçant le début de la pause méridienne. Même si mes poses se résument à être allongé dans l'herbe, écouteurs sur les oreilles et livre en mains du début jusqu'à la fin, ce sont les moments que je préfère. Vous savez ces moments où vous avez envie d'être seul et ne surtout pas être dérangé par un quelconque étranger à cette bulle qui vous entoure. Malheureusement, ces bons moments ne durent jamais très longtemps. À l'une de ces pauses un certain Gabriel, que je connais depuis le cm2 donc bientôt sept ans, viens soudainement perturber ce petit temps de détente pour me lancer un « salut comment vas-tu ? » et repartir aussitôt sans attendre ma réponse. Et dire qu'on est maintenant en première, je constate que le petit pois qu'il a en guise de cerveau n'a pas grossi d'un pouce. Ce qui est bizarre car il a toujours été bon dans sa scolarité, mais sa maturité ne doit pas suivre cette intelligence trop élevée. Ce qui est paradoxal c'est que je suis sortie avec lui deux semaines après!!!!!!!, je connais tout de lui et il connaît tout de moi ou presque, on était les meilleurs amis du monde sans l'être. Notre histoire a tenu deux mois jusqu'à que je le plaque parce que finalement être une simple connaissance ou une amie me suffisait et vous comprendrez bien plus tard pourquoi. Depuis, il me harcèle, me priant de revenir sur ma décision et qu'il m'aime de tout son cœur, il en devient violent et blessant quelquefois mais ne m'a jamais touché. C'est une personne que je respecte beaucoup, qui a un grand cœur, qui est doux et protecteur mais que je supporte de moins en moins au fur et à mesure des mois qui passes. Il m'a apporté de nombreux problèmes récemment en parlant trop fort et en m'affichant devant beaucoup de monde. Des rumeurs circulent sur moi au lycée, même si ça m'est égal de ce que peuvent bien penser les gens, c'est assez handicapant. Quoi que je puisse faire, Gabriel a colporté de fausses idées, sans même s'en rendre compte, car lui-même se fait des films et ses propos ont déformé la réalité. Il croit que je l'ai quitté pour un autre, je suis donc perçu comme une trainée au sein du bâtiment. Mais je ne peux pas lui en vouloir, c'est de ma faute, je l'ai quitté presque sans raison valable alors c'est normal qu'il imagine des choses et que les rumeurs soient ainsi mais elles ne m'atteignent pas. Par chance, je n'ai pas d'amis, je peux donc facilement ignorer toute source de gêne à ma bulle de confort. Finalement, le seul ami que j'avais c'était lui, même si on ne trainait presque jamais ensemble, le peu de fois qu'on se parlait me faisait sentir vivante.
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Au cœur de la verité
Teen FictionBloqué entre quartes murs. Un frère qui disparaît du jours au lendemain. Un quatuor amoureux, avec des protagonistes au passé plus fou les uns que les autres. Une aventure rythmée de secret et de carapaces forgées par des vies difficiles. Arriveront...