Il se tenait debout devant moi, j'ai fait comme si j'allais bien. C'était rien que du cinema mais c'est comme ça que je semble forte devant lui. Les hommes sont inconscients vous savez. Ils ne se rendent pas compte du mal qu'ils font car ils pensent égoïstement. Je ne hais pas les hommes, j'ai appris à les aimer, je les ai observé, parlé et même toucher. Ils ne sont pas différents de nous, j'ai entendu des cœurs battre à la chamade, j'ai entendu le bruit d'un cœur brisé et j'ai même entendu un cœur pleurer mais ils ont trop peur de ressentir quelque chose alors ils sont égoïstes.
Ils veulent aimer mais de loin, que ça ne soit pas trop étouffant, pas trop mignon, pas trop larmoyant. Ils veulent que ça se passe à leur manière parce que la plupart sont des mâles dominants. Ils aiment bien manipulé les cœurs fragiles comme une marionnette accrochée au marionnettiste. Il ne faut donc pas s'attacher ?
Il m'a demandé où j'allais et qu'est ce que je devenais. Je voulais vraiment répondre un truc du genre " mêle toi de ce qui te regarde " ou même, " je suis fatiguée de te croiser à chaque recoins de cette ville, je te hais. " mais je n'ai rien dit de tout ça, je me suis contentée de répondre à sa question par un simple " je vais voir quelqu'un ".
Je crois que j'étais terrifiée, paralysée juste par le fait d'imaginer qu'il était sûrement encore capable de me faire du mal, non pas physiquement mais psychologiquement et ça me terrifiait. Alors, je lui ai simplement jeté un regard noir car il était l'un des seuls qui pouvait lire mes yeux et il avait compris qu'il n'était plus le bienvenu dans ma vie même si ce n'était que de passage, qu'occasionnel. Il m'a salué et est parti sans se retourner, j'ai pu reprendre mon souffle puisqu'en le voyant arrivait vers moi il y a une dizaine de minutes auparavant, j'avais arrêter de respirer...Je suis partie voir une amie vers sept heures du soir, il faisait froid et on y voyait presque rien. C'était urgent et puis je voulais aussi respirer l'air frais de l'hiver. J'aimais sortir vers ces heures-là car il n'y avait pas d'agitation, les gens sont bien trop fatigués pour courir dans tous les sens. C'est plus calme et mon anxiété ne refait pas trop surface.
Elle s'appelle Dalia et elle fait de longues études de médecine, elle se tue pour pouvoir réussir et elle a rarement l'occasion de sortir. Elle se plaît ainsi alors pas besoin d'avoir pitié pour elle. Mais ce soir là j'ai compris que la douleur est universelle et qu'au fond ça pouvait nous aider à nous sentir mieux.
Elle en était à sa cinquième cigarette et son mascara sur ses joues à moitié effacé faisait ressortir ses yeux verts émeraude larmoyants.