Quatrieme partie

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Un soir où les larmes n'arrêtaient pas, où la pluie ne m'aidait pas, j'ai croisé une ancienne connaissance. Il pleuvait des cordes et je n'avais malheureusement pas de parapluie.

« Kyara ? Qu'est ce que tu fais sous la pluie ?
- Je rentre chez moi, mais je n'ai pas de parapluie.
- Désolé mais moi non plus...
- Ce n'est rien, riais-je, la pluie ne tue pas. »

Sayf était un jeune homme qui vivait sa vie simplement sans trop se prendre la tête, il écoutait ses désirs et suivait ses passions. Il n'a jamais réfléchir aux conséquences de ses actes et il n'éprouvait pas le besoin de se poser deux minutes et réfléchir à un avenir lorsqu'il repérait sans cesse qu'il n'était pas sûr d'être vivant le lendemain.

« Je sais bien, c'est pas moi qui va te dire le contraire.
- Il n'y a que toi qui soit assez fou pour sortir par un temps pareil.
- C'est toi qui dit ça. Allez, je t'accompagne. »

Je ne sais pas si il s'ennuyait et donc voulait grater de son temps avec moi, où parce qu'il y tenait particulièrement. C'est difficile avec lui, je n'arrive pas à lire dans ses yeux pourtant pendant les jeux de regard c'est moi qui gagne à chaque fois, enfin bon, c'était nos années lycée. Trois ans après, il a sûrement changé.

« Je peux te poser la question ? me demande-t-il.
- De quoi ?
- Kyara la pluie ne cache rien, j'arrive à voir. Tu pleures.
- N'importe quoi.
- Pleurer c'est pas se sentir faible. Sache-le. Un jour peut-être tu me verras pleurer.
- Il n'y a que les vrais hommes qui pleurent.
- Pourquoi tu dis ça ?
- Parce qu'ils arrivent à reconnaître qu'ils sont faibles. Je te parle pas des pleurnichards mais de ceux qui pleurent parce qu'ils ont trop encaissé. »

Il ne dit pas un mot de plus et préfère rabattre sa capuche sur son visage.

« J'ai perdu ma mère il y a deux semaines et j'ai pas pleuré.
- Pourquoi ?
- Parce que je réalisais pas..
- Je suis désolée Sayf.
- Alors je suis pas un homme ?
- ... »

Il laisse apparaître un semblant de sourire face à mon silence. C'est un homme je dis pas le contraire, il est debout alors qu'il venait de perdre la femme qui l'a mis au monde. C'est pas rien ça et la douleur doit être immense. Ce n'est rien et pas comparable face à moi, je me sens minuscule.

« Peu importe pourquoi tu pleures gamine, sache que tous le monde a des cicatrices et certaines blessures qui ne guérissent jamais. Mais c'est la vie et lorsqu'on a accepter la vie alors il faut accepter la mort. Ne pas être égoïste et voir cette deuxième étape comme une fin heureuse peu importe que ce soit un proche, une connaissance ou même un animal de compagnie. Il faut voir ça comme un repos de l'âme et du cœur. T'en sais rien Kyara, peut-être qu'eux ils sont entrain de se dire " enfin. C'était pas facile et j'espère que j'ai assez vécu " et nous pleurons leur mort parce qu'on ne les verras plus, parce qu'ils ne seront plus notre quotidien et que ça va nous faire tout bizarre. Mais comme je t'ai dis c'est la vie.
- Tu le prends bien alors.
- Non, j'aurai mal jusqu'à mon dernier souffle mais je vivrai avec. Je soignerai ma blessure avec de l'or.
- Comment ça ? »

Nous nous abritons sous un abris de bus en attendant que la pluie se calme.

KINTSUKUROIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant