Cinquieme partie - FIN

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Pas un chat dehors, seulement la pluie, Sayf et moi et nous profitions de ce moment parce qu'ils étaient rares. Nous étions tous deux amoureux. Amoureux de la solitude.

« Vers le XVe siècle, au Japon, un homme a brisé un bol et cela la rendu très malheureux. Il aimait profondément ce bol car il avait une valeur sentimentale pour lui. Il a fait appel à un artiste qui a pu réparer son bol avec de la poudre d'or et le rendu lui plaisait encore plus. »

Je le regarde, je ne comprend pas trop son histoire même si j'ai les images en tête, un bol avec des fissures d'or c'est magnifique mais qu'est-ce que cela signifiait ?

« Un poète a dit : ce qui vous atteints faites-en de l'or. C'est le même principe.
— Faut il embellir les choses qui nous font mal ? lui demandai je.
— Au Japon, kintsukuroi ou l'art du kintsugi c'est une philosophie qui vise à réparer les choses par l'or. C'est une métaphore qui parle de guérison en quelques sorte.
— Mmh... »

Il me regarde réfléchir et j'avoue que je gamberge.

« La métaphore de l'objet cassé qui ensuite est soigné. Ça veut dire que l'objet assume son passé et il devient plus résistant, plus beau et plus précieux parce qu'il n'est pas parfait et c'est ce qui fait sa beauté. C'est pareil pour les humains Kyara... quand on se sent brisé, le kintsugi est le fait que tu prennes conscience que tu ne peux pas éviter l'inévitable... Quand une partie de nous est cassée il faut l'accepter même si c'est dur, c'est un fait. Les blessures sont là et on ne peut pas les cacher parce que ça ne nous aidera pas. Alors, au lieu de pleurer toutes les larmes de ton corps, accepte le fait de souffrir, d'avoir mal et t'iras un peu mieux pour commencer. »

Il regarde le ciel qui peu à peu se dégage, les mains dans ses poches, il reprend :

« Prend cette blessure comme un nouveau départ, une raison pour changer, une raison pour être quelqu'un d'autre comme une nouvelle peau sans jamais oublier les conséquences de tes erreurs passées, sans jamais oublier tout le chemin qui t'a amené à prendre aujourd'hui un nouveau depart, sans jamais oublier les personnes qui t'ont poussé vers la porte de sortie, dit-il d'une voix plus douce. Parce que tu te rendais pas compte que t'étais dans une pièce où l'air était toxique à en crever. Les gens derrière toi t'ont poussé vers le haut mais c'est rare de savoir leur identité parce qu'on ne se retourne que pour blâmer, regretter notre passé sans jamais voir le bon côté des choses. Si je peux te dire un truc Kyara, la moral de cette histoire, c'est que tu peux arrêter de pleurer, tu peux être belle avec tes cicatrices et ça ne te tuera pas. Tu sera plus forte parce qu'elles ont été réparé par de la poudre d'or. »



FIN.
@qatarissim

KINTSUKUROIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant