Chapitre 4 : être ou ne pas être Vincent

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C'en était trop pour Yann, il ne pouvait décemment pas laisser Vincent lui piquer SON Martin sans réagir, il le suivit alors dans les rues de la capitale et quand les deux hommes se retrouvèrent devant le cinéma de leur choix, il ne put réprimer une grimace alors qu'il les voyait se serrer tendrement dans les bras pour se saluer, un câlin qui avait tendance à s'éterniser trop largement à son goût.

Cette étreinte déplut également fortement à Martin qui les observait non loin de là, il espérait seulement qu'Hugo ne se permette pas d'aller plus loin avec SON Yann, question de principe, on ne touchait pas au mec de son pote, c'était la règle, un accord tacite entre eux.

Au beau milieu de la salle de projection, le sourire béat et les œillades répétées des deux hommes parlaient pour eux, c'était à peine s'ils portaient la moindre attention au film qui défilait sur l'écran géant, ils préféraient se contempler réciproquement. Vincent se jeta à l'eau le premier, il passa une main sur l'épaule de son beau blond et quand ce dernier lui sourit en retour, il prit ça pour un encouragement et se lança sans plus tarder.

Leur baiser était lâche et rempli de désir à la fois, assis quelques sièges plus loin, du côté gauche de la salle, Yann était encore sous le choc, la bouche ouverte, incapable de prononcer le moindre mot devant le spectacle navrant qu'il avait sous les yeux, il ne put rester une minute dans cette salle, il avait besoin d'air et tout de suite, c'était carrément urgent.

De son côté, Martin remettait furieusement son écharpe autour de son cou, la mâchoire encore serrée quand il repensait à ce baiser de la trahison dont il venait juste d'être le grand témoin. Perdu dans ses pensées, il fut surpris quand il sentit la porte de la salle claquer un petit peu fort tout contre son dos.

- oups, je suis désolé, excusez-moi !

Il se retourna en direction de cette voix coupable derrière lui et reconnut instantanément le poivre et sel aux magnifiques yeux gris de la conférence, c'était sûrement le destin qui lui envoyait un signe. Cela voulait dire qu'il devait se recentrer impérativement sur son boulot afin de rendre à son patron le meilleur article qui soit sur cette conférence annuelle du jouet à Paris.

- vous ?

Les deux hommes avaient prononcé ce simple mot en synchro totale alors que leurs yeux étaient toujours écarquillés de surprise.

- j'ai essayé de vous trouver hier après la conférence...

- oui ben ... j'étais parti... comme je m'apprête à le faire là aussi... bonsoir.

Le visage du poivre et sel était fermé, ses traits étaient tendus, son ton se voulait froid, peu aimable, il fit quelques pas en avant en direction de la sortie et Martin s'empressa de marcher derrière lui.

- non, attendez ! Attendez, s'il vous plaît ! Attendez !

Mais l'homme aux cheveux d'argent marchait toujours à vive allure alors le jeune journaliste se mit carrément à courir après lui avant d'arriver finalement à sa hauteur sur le trottoir.

- faut vraiment que je vous parle de Meccano et Écoiffier, est-ce qu'il y a un projet de fusion entre les deux, des accords secrets en vue ?

Franchement agacé par la persévérance du beau brun, le poivre et sel s'arrêta enfin de marcher pour mieux lui faire face et ainsi lui donner tort.

- non, rien de tout ça, vous n'y êtes pas du tout donc s'il vous plaît, soyez gentil, laissez-tomber cette affaire privée, d'accord ?

- il s'agit bien d'une liaison alors... elle dure depuis longtemps ? Combien de temps à peu près ?

Chassés-croisés de NoëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant