하나

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yeosang aimait marcher dans le paysage délabré de l'hôpital abandonné.
entre les débris de verre et les murs croulants qui supportaient faiblement la carrure du grand bâtiment.
il aimait voir le sol tâché de ce sang sombre, qui appartenait aux visiteurs de cette demeure, il aimait observer la ville éteinte depuis les fenêtres arrachées.

yeosang passa sa main dans ses cheveux qui tombaient devant ses yeux clairs, afin de remettre en arrière les mèches rosées qui coloraient son visage que la vie quittait. il marchait le long des couloirs sans lumières, ses doigts caressaient les murs salis. ses pieds connaissaient par coeur le chemin, il évitait sans même les voir les trous dans le sol qui le ferait couler à l'étage inférieur. il ne touchait même plus les morceaux de bétons ou les éclats de verre. il avançait en silence, même sa respiration calme semblait inexistante. le vent secoua timidement son corps, ses vêtements, ses cheveux. il fit onduler les plantes qui avaient envahi le lieu, et grincer les lampes qui pendaient du plafond.

yeosang s'arrêta, il n'aimait pas le bruit. et quand le vent cessa, il put reprendre sa marche plus calme que la mort. l'obscurité engloutissait sa peau pâle, ses doigts cessèrent d'effleurer le béton moisi qui s'effritait à son toucher, ses bras tombèrent le long de son corps. il avait atteint le bout du couloir. devant lui s'étendait le vide, désespéré et inaccessible, mais rempli de lumière. il voyait enfin la ville, elle était si petite devant lui. cette lumière le dégoûtait, elle était trop vive, trop forte, trop vivante. le yeosang de nuit et le yeosang de jour n'était pas les mêmes. il fit demi tour, pour retourner dans le couloir. il tourna à gauche, passa la première porte.

oui mes amis, je suis là, vous m'attendiez? notre jour approche, et la nuit dévorera le monde

yeosang ouvrit les yeux, il était couché au sol, au milieu du verre, des débris de murs et des plantes mortes. il était encore dans cet endroit. le soleil se levait et caressait sa peau. il avait tout oublié, mais comme chaque fois, l'odeur du sang et de la mort imprégnait ses vêtements abîmés, la saleté tâchait ses mains. il n'avait aucune idée de ce qu'il se passait dans ce bâtiment, mais il était effrayant. il était terrifié à chaque fois qu'il dormait, et il se réveillait souvent en sueur avec le visage humide de larmes. son coeur battait toujours vite. mais cela n'arrivait que lorsque qu'il ne s'éveillait pas au milieu de cet hôpital qui tenait à peine debout.

il se leva et prit le chemin qui le mènerait chez lui. il le connaissait par coeur à force, l'histoire se reproduisait à l'infini, encore et encore. il était épuisé.
il rejoignit la maigre résidence étudiante qui l'abritait, il était encore tôt, le pâle soleil se reflétait sur la peau de cristal de son visage. il passa la porte de sa chambre, retira les couches de tissus qui semblaient lui coller à la peau comme des bras qui le tiraient vers l'arrière. il se sentit tout de suite plus léger, comme si il renaissait, il était vivant à nouveau.

il alluma l'eau chaude qui sortit immédiatement en grands jets, heureusement qu'il ne se lavait que le matin. le soir l'eau était plus froide qu'un soir d'hiver. l'eau à ses pieds se teinta rapidement de rouge. le sang coulait de ses cheveux aux teintes d'aurore, il perlait de ses yeux sous forme de larmes. l'écarlate l'effrayait encore plus et pourtant. pourtant il faisait parti de son monde, de son quotidien, de son corps. yeosang appartenait au monde du sang, au monde des morts. et il était lui même éteint de l'intérieur, comme si la vie le quittait. son âme pourtant présente était enchaînée aux murs de l'hôpital qu'il voyait depuis la fenêtre ouverte de sa salle de bain, éclairé par le soleil.

yeosang quitta son appartement, avec de nouveaux vêtements, ses cheveux humides mais propres, et il tourna dans la première rue pour se rendre à l'université. ses études de design amenaient une petite routine dans sa vie. il y avait rencontré des amis, comme il aimait les appeler. mais ses vrais amis sont plus loin, en haut de la colline qui surplombe la ville. ils l'attendent.

hongjoong fut le premier à venir à lui, accompagné de seonghwa. les deux grands garçons ne faisaient pas les mêmes études que lui, mais ils aimaient lui tenir compagnie. yeosang était quelqu'un de calme, qui ne parlait que peu mais qui savait être agréable avec les autres. cependant yeosang était différent, depuis toujours. il lui arrivait d'être absent, de parler seul, d'avoir des moments de folie qui lui attiraient de mauvais regards.

son enfance était peuplé d'ombres et de monstres. à plusieurs reprises, yeosang aurait pu être interné. il aurait dû. mais ses parents ne voulait se séparer de ce fils, unique et tant attendu. alors même si le petit garçon était la proie des esprits, même si il vivait dans le cauchemar, ils refusaient de l'aider. yeosang en pleurait, il voulait en mourir. il marchait seul dans les couloirs de sa petite maison, la nuit le dévorait. il parlait à voix haute, seul, ses yeux sans couleurs détaillant les murs alors qu'il était en réalité tiré dans les ombres par la mort. ses parents le regardaient avec horreur. qui voudrait de quelqu'un comme lui? il n'avait pas dix ans, mais déjà il inspirait la crainte, dans ce regard qui perdait chaque année un peu plus de lumière.

le trio rejoignit en silence l'entrée de l'université. leur petit groupe d'amis les attendaient déjà. yeosang croisa le regard de san, il lui souriait. il aimait bien san. il était dans une section d'art, et il était toujours heureux. un vrai petit garçon qui ne vivait pas sans sa peluche de shiba qu'il traînait partout. yeosang avait déjà plusieurs portraits de san. il se réveillait souvent dans une des pièces, avec le prénom du garçon aux cheveux entre le blond et le vert gravé sur le murs, des tableaux de sang qui l'avait horrifié. san serait la nouvelle proie. yeosang se déconnecta de la réalité ce matin-là, le yeosang de nuit faisait son apparition en pleine journée.

il passa à côté de san, son épaule cogna la sienne et il s'arrêta. il ne leva pas les yeux vers lui, alors que la nouvelle victime se perdait dans l'incompréhension. le yeosang de nuit prit son bras, le tira vers lui, le plaça en face de son visage vide d'expression, pour qu'il perde son regard dans les yeux clairs de l'ombre de lui-même. il vit la peur éclairer le regard de san, il sentait qu'il voulait fuir, il tirait sur son bras, son coeur battait vite.

quand la nuit va dévorer le monde, tu seras la proie, le prochain le suivant. et j'écrirai ton nom, peindrai ton visage avec ton sang.


il lâcha le bras de san, le garçon s'enfuit. yeosang de jour revint. et ce yeosang avait peur du yeosang de nuit car il savait, il avait compris. san vivait son dernier jour.

killing meㅡateezOù les histoires vivent. Découvrez maintenant