Toi, Moi Et Nos Souvenirs...

Amnesia

Alice

Tout s'est passé si vite Sam... Le camion... Ma voiture... La fatigue... Noir... Oubli...

19 jours, voilà le temps que j'ai mis avant de voir tes yeux posés sur moi. La seule chose dont je me souviens, c'est la lumière de l'ambiance... C'est toi ou moi qui entends les sirènes autour de la voiture. J'entends un homme qui s'approche de mon corps immobile.

- Elle est là !

Il pose sa main pour prendre mon pouls et dit:

- Elle respire !

Après cet épisode, c'est le trou noir.

J'ouvre les yeux et je vois mon corps allongé sur ce lit. La voilà la réponse à ma question. C'est moi qui suis là dans ce lit blanc avec des fils tout autour de moi.

Respirer... Se souvenir...

Je regarde ton visage qui m'observe, les cernes qui soulignait ton regard, les larmes au coin de tes yeux mais qui ne coule pas. Elles brillent juste comme des petites perles. Pourtant je n'arrive pas à savoir qui tu es. J'observais tes cheveux bruns court et ondulés. Ton regard s'est noircit quand je t'ai dit :

- Excusez-moi, je peux savoir qui vous êtes ?

Je ne me souvenais pas avoir vu un regard aussi noir et aussi triste à part celui de mon père après avoir fait une énorme bêtise avec mon frère. Ma famille ? Pourquoi je me souviens d'eux mais pas de toi ? Tant de questions auxquelles je n'ai pas de réponses.

Toi. Tu restes là. Assis. Sans rien dire. Pourquoi ? Pourquoi tu ne parles pas ?! Parles !

Les seules informations que je possède viennent des médecins. Tu es souvent présent dans ma chambre depuis mon réveil. On m'a dit que je vivais avec toi et que nous étions proches sans me donner notre vrai lien. Qui es-tu ? Un ami ? Mon petit ami ? Si c'était ça pourquoi tu ne me le dis ? J'essayais de me calmer mais je paniquais. C'était sûrement dû au fait que je n'aime pas les hôpitaux et que j'ai perdu deux ans de souvenirs. Je me le répète calmement.

J'ai perdu mes souvenirs des deux dernières années...

En rentrant chez « nous », enfin chez toi car je ne me sens plus chez moi, même si des photos de nous sont accrochées sur les murs. C'est une petite maison de ville à deux étages avec un grenier. La décoration a des inspirations scandinaves, du blanc, du gris, et du bois brut. Cette atmosphère est cosy et je m'y sens bien. Ma curiosité est attirée par une échelle qui monte au grenier. Pendant que tu as le dos tourné, je monte rapidement comme une enfant qui brave une interdiction. En fouillant dans le grenier, je suis tombée sur un carton avec écrit en gros et en rouge : "PERSO SAM NE PAS TOUCHER !" . Par curiosité, je l'ai quand même ouvert et j'ai trouvée une lettre que j'avais écrite datée d'août deux ans auparavant. Je me suis assise en tailleur par terre avant de me mettre à lire.

« Sam, amour de vacances ou simple amour,

Je suis partie sans te dire au revoir parce que j'avais peur que tu me retiennes. Je dois rentrer pour des raisons professionnelles et pas des raisons de cœur car tu le sais mon cœur est là où tu es maintenant. Je t'ai ouvert mon cœur et voilà que maintenant tout est finis parce que je pars. J'aime mettre des extraits de chansons dans mes romans, étant un peu mélomane, alors dans cette lettre je vais mettre une citation de Sam Smith dans Writing's on the wall : « J'ai passé toute une vie à fuir et je m'enfuis toujours mais avec toi je ressens quelque chose qui me donne envie de rester ». L'amour avec toi porte un grand A comme Aventure, Alchimie ou Appétit vu le nombre de glace que j'ai mangé avec toi durant ce séjour. Cependant l'amour me fait peur, l'abandon après l'attachement, la haine avant l'amour. Je suis peut-être pessimiste mais sans savoir où tu es, je ne sais pas comment garder espoir. En écrivant cette lettre, je me remémore nos soirées de plage à parler de tout et surtout de rien, nos bains de minuit et nos retrouvailles dans la petite cabane. Ces cinq jours ont été les plus beaux de ma vie (il est possible que j'exagère un peu mais pourquoi modérer ces propos quand on aime ?), je dois l'avouer. Je t'ai laissé mon adresse mail je crois que la romancière au fond de moi trouve ça romantique mais je t'ai aussi laissé mon numéro si tu veux plus de modernité.

Ne m'oublie pas,

Je t'aime, Alice.

PS : je suis désolé pour les endroits où le papier est un peu gonflé mais j'ai eu du mal à t'écrire tout ça. »

En relisant cette lettre, les larmes me sont montées au moment où j'ai lu « ne m'oublie pas », je n'aurais jamais imaginé, que deux ans plus tard, ce soit moi qui t'oublie. Le bruit de la porte me sortit de mes pensées. Je me retourne comme une enfant prise sur le fait après avoir fouillé dans les affaires de ces parents.  Tu m'observes comme si tu redecouvrais ma curiosité. Je me perds dans tes yeux noisettes. On dirait une couleur Nutella. Oups ! J'écris ce moment à la pause goûter alors mon ventre écrit pour moi.

Au faite, je m'appelle Alice et:

Bienvenu dans mon journal !