Chapitre 10 : Une étrange fourrure

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Mer d'East Blue, Navire aux Milles Esclaves, dix ans plus tôt.

La chaleur faisait perler sur son front des gouttelettes de sueur venant s'écraser lourdement sur le sol. Ayumi avait l'impression de ne respirer qu'un air chaud et humide. Sa bouche était sèche et elle suppliait qu'on lui apporte ne serait-ce qu'une infime goutte d'eau. Les cordes rugueuses autour de ses poignets et ligaments brûlaient sa peau, lui laissant des rougeurs désagréables.

Hadès Slorey sortit de la cabine du capitaine et vint se placer devant le mât où était attachée Ayumi. Il considéra un instant la fillette qui releva le visage vers lui. Elle était assoiffée et affamée et cela semblait lui procurer un plaisir malsain qu'il peinait difficilement à cacher.

« Si cet esclave ne ce serait pas interposé, tu serais morte à l'heure qu'il est, petite imbécile ! »

Ayumi ne répondit pas et se contenta d'ouvrir la bouche, espérant qu'il abrège ses souffrances en lui offrant à boire, ce qu'elle doutait fortement.

« Pour l'instant, je veux que tu souffres, Ayumi Saëto ! Cette méthode est efficace pour faire oublier des choses qu'on n'aurait pas du voir. Et quand tu seras enfin docile, je te vendrai au plus offrant. »

La fillette baissa de nouveau la tête tandis que Hadès se détournait d'elle et retournait d'un pas tranquille vers sa cabine.

Le jour succéda rapidement à la nuit. Ayumi ne trouvait pas le sommeil comme les nuits précédentes. De grandes cernes commençaient à se dessiner autour de ses yeux. Elle regrettait déjà la coupe d'eau quotidienne qu'était venu lui donner un jeune matelot. Hadès Slorey était un monstre ! Elle l'avait vu de ses propres yeux et le maudissait d'avoir assassiné Kanna. Elle ne devait pas oublier ce qu'elle avait vu et devait le répéter aux esclaves afin de les prévenir du danger qui les guettait.

Soudain, Ayumi vit une ombre se mouvoir dans sa direction. Elle prit peur pendant un instant puis soupira de soulagement lorsqu'elle aperçut le visage familier de Kaname.

« Eh bien, petite Ayumi ! Tu m'en auras fait voir ! » Lui intima-t-il d'un ton bienveillant.

La fillette ne dit rien et contempla avec peine l'ecchymose violacée qui se dessinait sur sa joue, après avoir prit le coup à sa place.

« Je pense que, si tu te serais prit ce coup, tu serais morte à l'heure qu'il est. » continua-t-il en désignant de son doigt sa blessure.

Elle ouvrit la bouche, dans l'espoir de s'excuser mais il lui fit signe de se taire et lui présenta avec joie un panier de fruits juteux.

« Tu as faim ? »

Aussitôt, Ayumi se mit à saliver et à hocher vigoureusement la tête.

« Nourris-toi bien car ce soir, nous prenons la fuite ! »

Les paroles de Kaname résonnèrent à ses oreilles comme un espoir.

Ayumi regarda l'homme dans les yeux tandis qu'il lui tendait un quartier de pomme afin qu'elle croque dedans. Elle était tellement affaiblie qu'elle n'arrivait pas à aligner ses mots alors elle laissa Kaname glisser l'aliment dans sa bouche. Ses papilles s'excitèrent sous l'effet immédiat du goût sucré, si bien qu'elle sentit ses yeux s'embuer. Aussitôt, ses dents mâchèrent et broyèrent doucement le quartier de pomme et elle déglutit de bonheur. Son estomac lui en redemanda et n'hésita pas à se manifester de nouveau. Kaname lui tendit un second quartier, puis un troisième... jusqu'à ce qu'elle termine totalement la pomme. Il lui offrit ensuite une poire délicate, une banane moelleuse, un melon sucré, une pastèque juteuse, puis une seconde pomme un peu plus acide. Tous ces arômes se réfugièrent dans son estomac, le comblant de satiété. Kaname lui tendit ensuite quelques noix et noisettes à la texture croquante qui soulignèrent subtilement la bouffée de fructose qu'elle venait de recevoir.

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