10. Le bonheur au bout du chemin ?

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Les mois passent et mon ventre s’arrondit. Nous ne voulons pas connaître le sexe de l’enfant, nous gardons la surprise pour la naissance.

Gabriel est adorable avec les enfants et avec moi. Maxime et Clara apprécient beaucoup leur beau-papa.

J’ai arrêté de travailler afin de me consacrer pleinement à ma famille. Je m’occupe des enfants et prépare quelques bricoles pour la venue du nouveau-né. Ma grand-mère vient souvent me rendre visite et nous restons des heures durant ensemble.

Je ne pouvais pas m’imaginer une vie meilleure même si Carl me harcèle continuellement de SMS et de lettres menaçantes. Gabriel veut porter plainte mais je me dis qu’il a assez souffert comme cela par ma faute et je ne veux pas en rajouter.

Ce soir Justine vient dîner avec sa fille et son mari. Je prépare donc un menu sympa et met la table tranquillement. Ma grand-mère est là et s’occupe des enfants. Il faut dire qu’à pratiquement huit mois de grossesse, mon quotidien est fortement perturbé.

Je vais touiller la sauce tomate lorsqu’une douleur aigue me lancine le bas-ventre. Je ne m’affole pas, à ce stade, les contractions sont fréquentes. Quelques minutes plus tard, je ressens une autre douleur et je sens quelque chose me couler le long des cuisses. Je sais immédiatement que j’ai perdu les eaux. J’appelle ma grand-mère et sans précipitation, je prends ma valise de maternité et me voilà parti en taxi. Sur la route, j’appelle Gabriel. Il décroche « Allô bébé. »

Je suis soulagée « Chéri, c’est moi. Juste pour te dire que je suis dans un taxi. Je souffre horriblement mais le bébé arrive. Peux-tu venir à la maternité ? Mamie est à la maison avec les enfants. » Je sens qu’il panique. « Oui, chérie, euh… Oui attend… Jean, je dois partir, Johanna accouche là… Bébé, j’arrive tout de suite ! »

Je tente de le rassure. « Ne panique pas Gabriel. »

Arrivée à la maternité, je suis prise en charge directement, j’informe que j’ai perdu les eaux et on m’installe en salle de travail. Une infirmière me demande « Qui reste avec vous ? » Je lui souris tant bien que mal. « Mon conjoint, Gabriel, va arriver. »

Les heures passent, les contractions se rapprochent. Je demande aux infirmières si elles n’ont pas vus Gabriel. Je me pose des questions. Il devrait être arrivé depuis bien longtemps. Est-ce qu’il a pris peur ? Je pleure. J’ai peur. Le bébé pointe le bout de son crâne. Le médecin arrive et j’accouche après quelques moments d’efforts intenses. « Félicitations Madame, vous avez un beau petit garçon ! » Je suis en larmes. Je prends mon fils. Il ressemble à Gabriel comme deux gouttes d’eau.

Une femme entre dans la pièce, le visage grave, on me prend le bébé pour lui prodiguer les premiers soins. La femme me prend la main. « Madame » commence-t-elle. Immédiatement, je comprends que quelque chose ne va pas. « Sur le chemin de la maternité, votre ami, Gabriel, a eu un accident de voiture… » Je baisse les yeux et me met à pleurer. Je ne demande pas si c’est grave. L’expression du visage de la femme me fait comprendre que je dois m’attendre au pire. « Il est mort sur le coup. » C’est le trou noir.

On dit que lorsqu’une personne nait, une autre meurt. Ce jour-là, la vie avait décidé que Gabriel mourrait et laisserait la place à son fils, l’autre Gabriel.

FIN

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Un amant infidèleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant