Je revins sur la galerie, sans mon téléphone et Cole me questionna du regard.
Son air perplexe et inquiet aurait dû me dissuader de continuer, mais j'étais Wendy Steyla. Quand j'avais une idée en tête, aussi stupide pouvait-elle être, j'y allais jusqu'au bout.
J'adressais un sourire rassurant à mon petit-ami et respirais un bon coup pour me donner du courage, avant de mettre mon plan à exécution.
Toutes les maisons dans notre quartier avaient été conçues sur le même modèle. C'était comme si, les architectes étaient de gros flemmards et qu'ils s'étaient dit : " On garde les mêmes plans, mais on change tour à tour de sens. "
Hormis la couleur, la maison de Cole, à côté, était donc la copie conforme inversée de la mienne.
Du coup on avait le même balcon avec le même arbre à proximité ; c'était comme un effet miroir.
J'enjambais ma rambarde et, le cur cognant comme un tambour, je m'assis sur celle-ci. Je me forçais ensuite à atteindre les branches les plus proches et les plus solides du chêne, en priant pour que mon plan fonctionne.
Beau avait utilisé son arbre des tonnes de fois pour sortir en douce ; je pourrais bien y arriver, moi aussi.
Je devais vraiment avoir perdu la raison, pour comparer mes performances physiques à celles du capitaine de l'équipe de football du lycée. Sans oublier que la dernière fois que j'avais fait un jogging, j'avais vomi mes tripes.
Mais peut-être que ce soir-là ma détermination surpassa tout le reste car je finis par atterrir au milieu de l'arbre, essoufflée, avec quelques égratignures, mais triomphante.
Le plus gros du travail était derrière moi.
Il me fut assez facile de traverser les branches de l'arbre de la cour de Cole, dont le feuillage s'emmêlait, pour mon plus grand bonheur, avec celui de mon propre chêne. Et depuis les branchages de la grande yeuse ; le balcon du cadet des frères Aston était aisément accessible.
D'ailleurs je me demandais, pourquoi ce dernier n'avait-il jamais essayé de me rejoindre via ce moyen ?
Peut-être était-ce pour ne pas trahir la confiance de ses parents qui comptaient sur lui pour ne pas répéter les mêmes conneries que Beau. En tout cas, ces derniers pouvaient avoir l'esprit tranquille. Cole était l'un des garçons les plus sérieux et prudents de Marfa.
Je l'aimais beaucoup, mais parfois, nos délires et plans foireux d'enfance me manquaient...
Le noiraud n'attendit pas que je parvienne au bout de la branche sur laquelle j'avançais à petits pas pour me tendre la main. Il m'attrapa sous les aisselles et me déposa sur mes jambes d'un geste peu délicat.
- Bon sang, Wendy ! gronda-t-il, l'expression aussi furieuse que nerveuse. Pourquoi t'as fait ça ?
Mon rythme cardiaque avait encore du mal à se stabiliser. J'avais eu l'une des plus grosses peurs de ma vie, mais je n'arrivais pas à me sentir coupable. Si j'avais prévenu Cole de mon plan, je savais qu'il m'aurait dissuadé de poursuivre.
Pourtant, j'avais réussi, non ? D'ailleurs, je lui adressais un large sourire qui sembla décupler sa colère.
- Je voulais mon baiser, soufflais-je pour répondre à sa question.
Plusieurs émotions traversèrent son visage, dont la lassitude, le soulagement et l'exaspération... Il ferma les yeux comme pour calmer la tumulte dans sa tête, en inspirant profondément.
Son côté sérieux l'incitait certainement à se mettre en colère contre moi pour cette imprudence. Mais le Cole avec qui j'avais grandi, celui avec qui j'avais monté tant de coups, le garçon au regard tendre qui était amoureux de moi, finit par gagner et celui-ci soupira d'un ton résigné :
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Once Again
RomanceJe n'avais pas eu d'autre choix que de céder au chantage de Cole Aston : le traître qui m'avait laissée tomber deux ans plus tôt ; le lâche à cause de qui j'avais dû changer de ville et de lycée ; mon premier amour ; ma première fois... En entrant à...