Chapitre 4

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Par contre, je doutais que ce fut prochainement, car après ma chute sur notre haie commune, je n'avais pas du tout le coeur à rire.

Apparemment, je n'avais rien eu de cassé, mais je n'arrivais même pas à m'en réjouir à cause des multiples brûlures dues aux égratignures sur mon corps. Les Azalées et les houx ne m'avaient pas ratée.

Après de multiples jurons et soupirs, j'arrivais à m'extirper de la haie en y laissant à regret quelques cheveux et morceaux de peau au passage.

Cette soirée échappait de plus en plus à mon contrôle et j'avais horreur de ça.

Arriva le problème de rentrer chez moi : toutes les portes étaient verrouillées. Une seule solution m'apparut à l'esprit, et elle ne me plaisait pas du tout.

Cependant, bon gré mal gré, je me dirigeais sous la fenêtre de Karen en enlevant les épines et branchages restants dans mes cheveux. Une bonne demi-heure de démêlage était au rendez-vous.

Je choisis un caillou et le jetais contre la fenêtre de ma soeur en priant pour que ça n'alarme pas mes parents. La petite caillasse provoqua un petit bruit ridicule qui me désespéra. Comment Karen allait-elle m'entendre si nos pauvres petits cailloux n'émettaient même pas le quart du bruit de ses pas ?

Mais bizarrement, celle-ci se présenta assez vite et haussa un sourcil en m'apercevant.

- Viens m'ouvrir la porte de la cuisine, chuchotais-je en joignant les doigts dans un geste implorant.

- T'étais où ? demanda-t-elle avec son air suffisant caractéristique, sans prendre la peine de baisser la voix.

- Chuuut, Karen ! m'offusquais-je le coeur battant à tout rompre.

- Alors comme ça la petite pianiste model découche ? résuma-t-elle en jouant avec une mèche de cheveux d'un air pensif.

Cette peste n'allait pas être facile à convaincre. Karen ne faisait jamais rien sans intérêt. Et plus le temps passait, plus j'avais peur qu'elle finisse par alarmer nos parents. La situation serait bien tordante pour elle : voir sa grande soeur accablée de remontrances tout en sirotant tranquillement son jus de pomme. De quoi la motiver à me dénoncer d'une manière ou d'une autre !

- S'il te plaît, Karen, l'implorais-je. Tu pourras prendre mon cardigan vert que tu adores ! tentais-je en désespoir de cause.

Un sourire triomphant prit naissance sur son visage.

- Avec ta robe K.M.J. ?

- Non ! objectais-je immédiatement.

C'était ma robe préférée. Maman et moi l'avions achetée à Houston l'année dernière. Elle ne pouvait pas la prendre. Je l'aimais trop et elle le savait parfaitement.

- Bonne nuit en bas, j'espère que les cailloux de l'allée seront assez confortables pour toi.

- Karen ! l'appelais-je en désespoir de cause.

- Quoi ?

- D'accord.

Elle sourit et vint m'ouvrir la porte de la cuisine.

- Tu saignes, remarqua-t-elle en fronçant les sourcils ; puis, vint son éclair de génie : Tu as fait du sexe ?!

- Chuuut !

- Oh mon Dieu ! s'exclama-t-elle avec un petit rire nerveux.

- Karen, promets-moi de ne rien dire à maman.

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