Chapitre V - Les déclarations du villageois

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J'ouvre la porte sans ménagement et tombe nez-à nez avec un homme d'une quarantaine d'années aux cheveux poivre et sel. Il est grand et plutôt élancé. Il est en train de coudre un vêtement quand je fais irruption comme un fou dans la pièce. Eléonore me suit tant bien que mal, ne comprenant pas mon emportement.

L'homme lève les yeux vers moi, comprenant tout de suite qu'il était temps pour lui de révéler tout ce qu'il savait :

« - J'attendais votre visite depuis bien longtemps, mon seigneur. Je savais qu'un jour ou l'autre, quelqu'un viendrait me poser des questions. Tu peux nous laisser, Eléonore, s'il te plaît. Veille à ce que le repas soit prêt pour notre invité. Nous avons beaucoup de chose à nous dire.

- Mais père, vous connaissez cet homme ?

- Non, pas vraiment, je t'expliquerai plus tard, Vas-y maintenant », dit-il d'un ton autoritaire.

Elle lui obéit et disparait en fermant la porte. Je posai mes deux points sur la table ; prêt à en avoir le cœur net :

« - J'ai entendu quand vous avez frappé tout à l'heure mais je ne voulais pas vraiment vous ouvrir. C'est assez rare, qu'un noble, général en chef des armées de sa majesté de surcroît, vienne nous rendre une petite visite dans cette humble demeure.

- Vous savez qui je suis ? Comment ?

- Je vais commencer par le début de l'histoire, il y a deux ans, j'étais un peu perdu, voyageant de villages en villages, à la recherche d'une nouvelle raison de vivre après le décès de ma femme et à l'aube un matin, je suis arrivé devant un grand lac. J'y ai posé mes affaires tranquillement et j'ai remarqué une chaussure flottée au-dessus de l'eau. Intrigué, je me suis approché et mon visage a dérivé sur le corps sans vie d'une jeune femme qui flottait au coin du lac. Je me suis immédiatement précipité pour savoir si elle était vivante et miracle de Dieu, malgré la flèche qu'on lui a tiré dans l'épaule, elle était en vie. Dans un triste état mais en vie !

- Où avez-vous trouvé cette femme ? Savez-vous qui elle est ?

- Calmez-vous, jeune homme, j'y viens. Je l'ai alors transporté dans ma charrette jusqu'au village le plus proche pour qu'elle voit un médecin. J'ai compris immédiatement qu'elle était dans de sales histoires vu son état, je suis alors resté le plus discret possible prétextant qu'elle était ma fille. Ayant fait fortune avec ma femme, j'ai pu acheter cette maison, un peu isolé de tous pour qu'elle puisse se reposer. Le médecin a eu beaucoup de mal à la soigner car elle était vraiment proche de la mort. »

Je ne peux pas m'empêcher de verser une larme. Je suis sûr que cette inconnue est ma femme et je veux comprendre ce qui a bien pu lui arriver durant ses deux ans :

« - Elle avait de trois côtes cassés et la jambe fracturée. Heureusement pour nous, le médecin était vraiment très intelligent et il l'a soigné sans qu'elle ne garde de séquelles à la jambe. Malheureusement son corps porte toujours les cicatrices de cette attaque et son esprit aussi ...

- Que voulez-vous dire ?

- Il lui aura fallu près de cinq semaines pour qu'elle se réveille et réussisse à dire un mot mais Hélas, elle ne se souvenait plus de rien. Ni de son prénom, ni de son nom, ni d'où elle venait, de rien du tout. L'un de mes principaux défauts est ma grande curiosité, alors je ne pouvais pas me résigner à ne pas savoir ce qui avait pu se passer. J'ai donc interrogé les habitants aux alentours, sur plusieurs dizaines de kilomètres et après quelques semaines, j'ai enfin compris qu'elle était la duchesse Lara, celle dont tout le monde chante les louanges. Mais j'ai compris aussi qu'elle devait avoir un ennemi puissant parmi la noblesse vu sa triste fin.

Une autre vie - tome 3 : Retour vers l'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant