Je cours après lui mais il semble vraiment très en colère et accélère le pas :
« - Alec, Alec ! S'il te plaît attend ! » Il sort du palais en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. J'ai même du mal à le rattraper alors je décide de courir et je réussi à prendre son bras. Il se stoppe net au contact de mai main :
« - Qu'est-ce que tu as, mon amour ? Je ne comprends pas pourquoi tu es parti comme ça quand nous avons parlé d'enfant ? Tu ne veux pas de bébé avec moi ?
- Et toi ? Est-ce que tu en voudrais un avec moi ?
- Mais de quoi tu parles ? Bien sûr que oui. Pour tout te dire, j'espérais même être enceinte avant mon accident mais visiblement, ce n'était pas le cas. » A ne rien y comprendre, des larmes se mettent à couler le long de ses joues.
« - Oh, mon amour, tu n'as pas idée à quel point elles nous ont fait du mal ... Comment envisager un futur avec toi si tu ne sais pas si tu restes ou tu pars ?
- Ne recommences pas avec ça, s'il te plait. Il y a une chose dont je suis certaine, c'est que je ne me séparerais jamais de toi donc je vais rester ici ...
- Tu dis ça maintenant mais quand le passeur sera là pour toi, tiendras-tu le même discours ?
- Que veux-tu dire par « tu n'as pas idée à quel point elles nous ont fait du mal » ? Explique-toi !
- Je ... Je ... Je ne le sais pas depuis très longtemps... Léon aurait dû te le dire ...
- Me dire quoi, Alec ?
- Tu étais enceinte avant de tomber de la cascade et tu as perdu notre enfant ... » A cet instant précis, je pense qu'un coup de poignard m'aurait fait moins mal que cette déclaration.
Je tombe à genoux, en imaginant un instant ce qu'aurait pu être ma vie si je n'avais pas connu Amélia ou la reine. La photo d'un petit garçon aux cheveux bruns courant dans les herbes hautes après son père apparait devant mes yeux fermés. J'imagine qu'Alec le prend dans ses bras et le fait voler dans les airs et tous les deux se regardent en souriant. Je repense à la souffrance que j'ai ressenti en perdant Gabrielle et m'aperçoit que ce n'était peu à côté de celle que je ressens maintenant. Mon mari s'agenouille à mes côtés pour me soutenir. Il me prend dans ses bras mais je le repousse, complètement perdue. Je me lève et me met à courir aussi vite et aussi loin que possible pour échapper à ce monde et à la souffrance qu'il ne cesse d'engendrer.
J'arrive devant la chapelle où tout à commencer et je ralentis le rythme en laissant couler mes larmes. La chose la plus difficile au monde qu'une mère peut vivre est la perte d'un enfant. J'ai conscience que mon époux n'y est pour rien mais j'ai juste besoin d'être seule et de faire le point sur ce que je veux vraiment. Je n'arrête pas de me dire que si je n'avais pas fait cette excursion avec Eléa, rien de tout ceci ne serait arrivé. J'ai le cœur serré en repensant à mes amis et à mon ancienne vie qui me manque terriblement. Là-bas, les gens ne meurent pas parce qu'ils ont volés. On ne s'entretue pas pour une histoire de pouvoir. J'ai envie d'y retourner et de laisser tout ça derrière moi.
Je pousse la porte de la chapelle et observe les lieux qui semblent toujours bien entretenu. Les bancs sont bien alignés et les cierges allumés. Personne n'est là, le prêtre doit surement être au confessionnal. Soudain, un vent glacial traverse la pièce, les bougies s'éteignent et une lumière aveuglante apparait :
« - Je savais que tu étais vivante mais je ne pouvais rien leur dire ... » Le passeur venait d'apparaitre au milieu de la pièce, chose qui me paraissait invraisemblable puisqu'il n'est censé venir qu'une seul fois pour le rite du passage. Il me regarde en souriant, visiblement ravi de me voir. J'ai l'impression que les années se sont abattues sur lui : il a les cheveux tout blancs et une longue barbe blanche. Son dos est courbé et il se tient avec une canne comme si sa dernière heure allait bientôt arrivé.
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Une autre vie - tome 3 : Retour vers l'amour
RomanceDeux années se sont écoulées depuis la disparition de Lara. Alec, fou de douleur et d'amour n'a jamais réussi à passer à autre chose. Parti défendre les villageois à l'Est du royaume, il tombe nez-à-nez avec une femme qui ressemble traits pour trait...