Chapitre 34 : Point de rupture

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Les dieux autrefois dépendaient des hommes qui avaient foi en eux. Au cours du temps, les êtres divins changèrent de nom et de forme en fonction du coeur de leurs créations. Mais ils durent également renouer des liens avec eux pour qu'ils puissent survivre.

Pourtant, les liens qui avaient été recréés se brisaient lentement, douloureusement. Personne ne les voyaient et les jeunes femmes, qui avaient été choisies pour restaurer l'équilibre commençaient à dépérir.

"Apollon, où allons-nous ? Nous ne pouvons pas laisser ces pauvres gens mourir !"

Le dieu tourna vers elle un regard désolé mais continua de marcher. L'humaine trébucha sur une racine mais fut rattrapée de justesse par le dieu du soleil avant de finir la tête dans le sable. Elle lui sourit légèrement en remerciement mais, avant qu'il ne reparte, referma ses doigts sur son bras et ne bougea plus.

Le dieu soupira, agacé. D'un geste vif, il attrapa la jeune femme sous les genoux et aux épaules et la ramena contre son torse. Il sauta et s'envola haut dans le ciel.
Trop surprise, Xylia poussa une petite acclamation de surprise et entoura le cou du dieu de ses bras.

"- Mais Apollon, pourquoi tu...

- Je ne pouvais plus rien faire.

- Quoi ?

- Je ne pouvais plus rien faire pour ces habitants. Ils ont déjà été condamnés.

- Mais c'est impossible ! Tu es le dieu de la médecine ! Et j'aurai pu faire quelque chose, j'ai le...

- Tu as hérité des pouvoirs d'un phoenix. Et je suis un dieu qui peut soigner. C'est vrai. Mais en aucun cas nous n'avons la possibilité de défaire une malédiction ni de ramener les morts à la vie.

- Une... Malédiction ?

- Oui... Le coeur des hommes devient plus sombre à chaque instant alors que je te parle. Nous avons noté que certaines zones du globe ont été atteintes plus rapidement mais le résultat et là. La malédiction est bien plus forte. Même plus forte que moi.

- Impossible ! Mais la dernière fois, le feu avait détruit cela !

- En quelque sorte. La dernière fois, ce sont des miasmes qui ont été détruit, quelque chose qui pouvait être vu et touché. Les malédictions sont différentes. Invisibles, elles ne sont pas guérissables et elles sont dans tous les cas mortelles.

- Mais je voulais rester près d'eux, même si ils allaient mourir, c'était mon rôle, j'ai encore failli !"

Elle eut beau protester, s'acharner pour le faire changer d'avis, Apollon ne retourna pas en arrière. Il se posa dans un champ qui s'étendait à perte de vue. La guérisseuse se dégagea violemment de son étreinte et fit quelques pas pour s'éloigner. Elle regarda tristement le ciel.

"Alors c'est cela ? Nous devrions fuir encore et encore ? J'ai encore échoué, j'ai encore..."

Elle laissa en suspens sa phrase. Admettre qu'elle ne pouvait rien faire lui faisait beaucoup de mal. Savoir qu'elle les avait abandonné à leur triste destin, contre son gré, la tortura plus que n'importe quel fer rouge.

"- Pourquoi ai-je été choisie ? Souffla la jeune femme.

- La lumière sacrée nous emplie tous. Elle a vu en toi. Ce que tu es réellement et...

- Arrête.

- Quoi ? Dit le dieu, surpris à cet ordre.

- Tu es un dieu mais tu ne sais pas mentir. Tu as su dès le départ que j'étais inutile.

- Pardon ? Mais... non ce n'est pas...

- Peu importe maintenant, ce qui est dit est dit. Ce qui est fait est fait. Je ne suis qu'une humaine, une mortelle. Je suis condamnée à mourir qu'importe le comment. Lorsque mes parents sont morts, je me suis promise de soigner les gens et de ne plus jamais échouer. Mais voilà j'ai failli à cette promesse qui pour moi représentait ma vie. Et cela, par ta faute."

La Tresse du destin-Kamigami no asobiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant