- Alors, voilà...
Avant qu'elle ne puisse poursuivre, la sonnerie d'un téléphone la coupa.
Le blond fourra la main dans la poche de son peignoir pour sortir son mobile qu'il ne quittait jamais. Il jeta un oeil sur l'écran avant de lever la main en signe d'excuse, puis il répondit. La conversation engagée en allemand, Laura dont le sourire disparut à la seconde même où Bill décrocha, savait de qui il s'agissait. Après tout, il n'y avait qu'une personne au monde que Bill ne faisait pas attendre. Laura imaginait déjà comment allait se terminer cet appel, elle s'en doutait. Comme à chaque fois.Contrariée, elle se mit à jouer, du bout de sa fourchette, avec les morceaux de fruits composant sa salade exotique. Elle n'eut pas à attendre bien longtemps avant que Bill ne raccroche et vienne la fixer d'un air à semi-désolé.
La brune attrapa son verre de jus derrière lequel elle tenta de cacher sa déception imminente.
- C'était Tom.
Évidemment que c'était Tom, il n'avait pas besoin de le préciser, c'était évident.
- Il dit qu'il a besoin de moi pour un truc, fit-il en grimaçant.
Laura avala une gorgée de jus pour faire passer son amertume avant de poser un regard accusateur sur son copain.
- C'est censé être nos vacances à tous les deux.
- Je sais, mais promis j'en ai pas pour longtemps.
Autrement dit, il ne lui demandait pas son accord. Il avait pris sa décision et Laura n'avait rien à y redire, elle l'avait bien compris. Elle fit mine que ça lui était égal et s'attela à finir son verre tandis que Bill se levait déjà. Il posa un baiser rapide sur sa tempe et quitta la pièce sans un mot de plus.
Ce fut seule que la brune finit de manger, les paroles d'Aragon chantées par Ferrat lui tenant compagnie. Son coeur se serra à l'écoute des mots qui glissaient jusqu'à elle. Elle aurait aimé que Bill lui prenne la main, qu'il la fasse tournoyer et danser contre lui. Elle aurait aimé lire dans ses yeux qu'elle était celle qui lui ferait aimer le simple fait d'être deux. Mais elle devait se rendre à l'évidence, ils ne seraient jamais que deux, même quand il le lui promettait. Oh, elle avait accepté l'idée qu'elle ne passerait jamais avant Tom, mais elle s'imaginait qu'elle pouvait avoir Bill rien qu'à elle pour ce séjour en amoureux. Même pas une semaine, c'est ce à quoi elle avait droit et même là, elle devait s'effacer et laisser la place à ce jumeau parfois envahissant.
Cinq jours ! Ce n'était rien comparé à tous les autres que possédait Tom. Elle lâcha un soupir, vaincue et entreprit de débarrasser la table, elle n'avait plus d'appétit. Alors qu'elle faisait la vaisselle, des bruits de talons claquant le sol lui apprirent que Bill était fin prêt à partir. En effet, le jeune homme apparut dans la pièce et se glissa près de Laura pour lui offrir un dernier baiser avant de s'en aller.
Le coeur lourd, la jeune femme termina sa tâche et vaqua à quelques occupations pour combler l'absence de Bill et donc à sa soudaine solitude.
Ne sachant quoi faire et pour ne pas tourner en rond, Laura s'était mis en tête de sortir. Il faisait beau et elle était ici pour profiter. Alors, elle enfila un maillot de bain noir à pois blanc ainsi qu'une robe légère et évasée à motif fleuri, attrapa un grand chapeau de paille, des lunettes et son sac dans lequel elle fourra crème solaire, serviette et un bon livre. Elle avait à peine deux cents mètres à faire avant d'atteindre la plage privatisée où s'étendaient des transats mis à disposition pour les touristes.
La jeune femme n'avait aucune intention de broyer du noir et de rester enfermée. Elle était plutôt du genre à profiter des choses simples de la vie et aller à la plage en faisait partie selon elle. Qu'importe si elle devait s'y rendre seule. Elle ne devait pas gâcher cette journée à ruminer dans son coin, il en était hors de question. Ce n'est pas tous les jours qu'elle pouvait se rendre au Mexique.
Une fois bien installée, Laura s'empara de son roman d'amour qu'elle se mit à lire. Mais très vite, cette histoire d'amour parfois tourmentée par des facteurs externes, l'amena à sa propre histoire avec Bill. Ses pensées s'envolèrent donc vers ce dernier et plus précisément vers l'avenir de leur couple.
Elle commençait à se poser des questions sur eux deux. Elle n'avait aucun doute sur ses sentiments, Dieu seul sait à quel point elle était folle de Bill. Mais c'était peut-être ça son problème. Elle était à peu près sûre de tout supporter venant de lui, à tout faire pour le rendre heureux. Mais est-ce que lui ressentait la même chose ? Est-ce qu'il l'aimait comme elle l'aimait.
Elle était toujours contrariée de l'intervention de Tom qui lui, était censé passer ses quelques jours avec Heidi. Pourquoi lui avoir arraché Bill ?
Elle ne croyait pas une seconde au fait qu'il se soit produit quelque chose de grave. Si ça avait été le cas, elle l'aurait su. Mais alors, pourquoi ne pas l'inviter à se joindre à eux ? Elle soupira.
Le problème, le vrai, c'est que Laura était prête à s'investir davantage dans sa relation avec Bill. Elle était prête à aller plus loin qu'avec aucun autre car Bill était le bon à ses yeux. Il ne s'agissait pas d'une simple amourette de passage. Cela faisait onze mois qu'ils étaient ensemble et déjà elle se projetait avec lui dans les années à venir. Elle avait espéré que ce séjour au Mexique puisse l'aider à en savoir plus sur ce que Bill pensait de leur couple. Il était clair que le jeune homme lui donnait de l'affection et de la tendresse. Oui, il l'aimait, elle n'en doutait pas une seconde. Comme elle, il était généreux quand il aimait. Mais elle voulait savoir à quel point il l'aimait et surtout s'il avait des projets les concernant.
Car le jeune homme n'en était pas à court en ce qui concernait son métier, son frère, sa famille et ses amis. Mais qu'en était-il d'elle ?
Laura avait beau n'avoir que vingt-trois ans, elle était plus mature que la plupart des filles de son âge. Elle voulait avancer dans sa vie et n'avait plus envie de continuer à vivre comme une adolescente qui voit son copain une fois par semaine.
Elle ne s'imaginait pas non plus se marier ou même se fiancer, pas dans l'immédiat en tout cas, mais elle aurait aimé pouvoir se poser quelque part avec Bill, emménager avec lui et le voir un peu plus souvent que ce qu'il lui était actuellement permis.
Alors, devoir le partager avec Tom deviendrait beaucoup plus simple. Ils étaient jumeaux et étaient inséparables, elle l'acceptait mais quand elle devait se contenter de quelques petits jours par-ci par-là, elle aurait aimé qu'il ne soit que pour elle.
C'est la première fois depuis le début de leur relation qu'ils prenaient réellement un moment pour eux deux. Elle misait beaucoup sur ce séjour. Elle y voyait là une évolution, un pas de plus pour leur couple. Mais de voir qu'elle s'en trouvait privée aussi rapidement lui faisait naître des doutes sur sa place auprès de celui qu'elle chérissait tant.
Rah, mais qu'est-ce qu'il lui arrivait ? Ce n'était pas dans ces habitudes de tout remettre en question ainsi et pour si peu. Elle se sentait beaucoup trop à fleur de peau aujourd'hui et cela lui fit grincer des dents.
Agacée, elle referma son livre et le rangea avant de se rallonger sur son transat. Protégée par son chapeau, elle se risqua à lever les yeux et venir fixer l'horizon. Laura ne voulait plus qu'une chose, se vider la tête, ne penser à rien et surtout pas à cette déception qui lui comprimait la poitrine.
Lorsqu'elle rentra deux heures plus tard, la petite maison louée par Bill était toujours vide de sa présence. Laura lâcha un soupir peiné et se rendit d'un pas traînant à la salle de bain où elle se fit couler un bain. L'air salin lui avait imprégné la peau, du moins c'est la sensation qu'elle avait.
Pendant que la baignoire se remplissait d'eau chaude, elle partit poser ses affaires dans la chambre et entreprit de se trouver des vêtements confortables avant de revenir sur ses pas.
Un cube pétillant à la vanille lâché dans le bain et elle put s'y détendre et apprécier la mousse lui couvrir le corps en y laissant son délicieux parfum.
Il ne lui manquait qu'une seule chose pour être parfaitement bien. Bill. Elle se fit la promesse de partager un moment semblable avec lui avant la fin de leur séjour. Elle avait tellement de choses à vivre avec lui, des moments simples où ils ne seraient rien que tous les deux, à se parler à coeur ouvert, à étaler leur sentiment l'un pour l'autre sans aucune retenue. Elle désirait l'entendre lui dire tous les mots d'amour dont elle rêvait en secret, elle avait besoin de son amour, elle avait besoin de Bill à en crever. Qu'il remplisse ce puits sans fond qu'était son coeur jusqu'à le faire déborder.
Laura aurait aimé pouvoir lui dire tout ça, mais elle en était tout bonnement incapable. Au fond, c'est cela qui la rendait aussi sensible aujourd'hui. Elle avait besoin que Bill s'ouvre à elle pour qu'elle-même puisse lui dire toutes ces choses qui lui brûlaient les lèvres, le coeur, l'âme, son être tout entier.
Elle était frustrée au-delà de tout entendement car, en se levant ce matin, elle était bien décidée à atteindre son objectif. Elle comptait le pousser sur cette voie dès le petit déjeuner, aidée par son ami Aragon et sa déclaration à Elsa. Que serais-je sans toi ? Un coeur à la limite de la mort pour ne pas avoir été assez sollicité, pour ne pas s'être assez emballé et ne pas avoir assez cogné comme un fou. Un coeur attendant d'être réveillé par sa moitié.
Une montre dont les aiguilles se sont figées dans le temps, faute de ne pas l'avoir remontée. Une montre abandonnée, privée de son essence même.
Si elle n'avait pas rencontré Bill, son coeur ne serait qu'un organe desséché, le temps serait figé, figé à l'heure de la solitude émotionnelle.
En rencontrant Bill, c'est elle qui s'est remis à vivre, pour de bon cette fois et pleinement. Elle voulait qu'il le sache.
Un long soupir s'échappa des lèvres de la brune. Rassasiée de son bain, elle sortit. Attrapa une serviette de bain et s'enroula dedans.
Laura se posta face au miroir, se regarda quelques secondes avant de finalement décréter que ses cheveux pourtant déjà courts mériteraient d'être coupés encore un peu.
Elle délaissa son reflet pour se sécher correctement avant d'enfiler un vieux jean et un tee-shirt à fines manches, laissant ainsi apparaître deux imposants tatouages colorés, un sur le bras gauche et l'autre sur l'avant bras droit.
Laura possédait un look bien à elle. Ses tatouages et ses cheveux très courts apportaient un côté rock and roll à son côté très féminin de pin up qu'elle cultivait grâce à des robes rétro pimpantes, une bouche rouge et pulpeuse et des yeux rehaussés d'un simple trait de liner.
Mais aujourd'hui, rien de tout ça. Elle n'avait envie de rien et décida de traîner avec les vêtements qu'elle réservait à ces jours où elle n'avait envie de faire aucun effort.
Il était près de midi lorsqu'elle décida de se mettre aux fourneaux. Elle mit de l'eau à chauffer pour cuire les pâtes.
Alors qu'elle renversait le tout dans une passoire, son téléphone lui annonça l'arrivée d'un message. Elle s'en saisit et vit apparaître le nom de Bill. Elle l'ouvrit.
Billy <3
Ne m'attends pas.
C'est tout. Pas de bisous, ni de mot doux. Juste "ne m'attends pas". Déçue au plus au point, elle se remit à cuisiner, dans le seul but de satisfaire son estomac vide. Elle mangea seule et rumina comme elle ne l'avait jamais fait auparavant.
Après quoi, elle s'isola dans la chambre avec son ordinateur portable, ses écouteurs enfoncés dans les oreilles, et se mit à écrire. Du moins, elle tenta d'écrire sur ce qu'elle espérait être son deuxième roman. Elle tapa frénétiquement sur son clavier, effaça, recommença pour une nouvelle fois effacer les quelques lignes qu'elle venait d'ajouter. Aujourd'hui, elle n'arrivait à rien et cela l'agaça un peu plus. D'un geste franc et sec, elle referma le claper de l'écran et rangea son ordinateur.
Il ne lui restait plus qu'à se poser dans le canapé et regarder un film pour passer le temps.
Avec un bol de popcorn, elle se mit à visionner Mulan. Ne voyant toujours pas Bill arriver, elle se lança dans un autre Disney avant de décider qu'il était suffisamment tard pour se mettre en pyjama. Elle attendrait son copain pour décider ce qui composerait leur dîner.
C'est ainsi qu'elle enfila une petite nuisette noire à dentelle avant de retrouver sa place dans le canapé. Cette fois, elle lança un film choisi au hasard. Fatiguée d'attendre et surtout, épuisée par toutes ses émotions, elle finit par s'endormir avant la moitié du film.
Lorsqu'elle ouvrit à nouveau les yeux, le générique de fin défilait sur l'écran plat. Elle se saisit de la télécommande et mit la télévision en veille. C'est à ce moment qu'elle entendit un bruit provenant d'une autre pièce.
Silencieusement, elle reposa la télécommande sur la table basse, à l'affût d'un autre bruit suspect. Puis, elle se dit que son copain était peut-être rentré entre-temps. Alors, elle n'hésita plus et l'appela.
- Bill ? C'est toi ?
Un silence absolu lui répondit. Elle n'était pas folle, elle avait vraiment entendu quelque chose. Prudemment, elle longea le couloir à pas de loup. Elle tendit l'oreille, en vain.
Son regard fut happé par la porte de la salle de bain. Sur la poignée de celle-ci était accrochée une sorte de carte, toute rouge. Curieuse, elle avança rapidement vers le carton couleur sang qu'elle récupéra sans hésitation.
Elle eut beau le retourner dans tous les sens, il était vierge de tout mot. Sans qu'elle n'arrive à savoir pourquoi, son coeur se mit à battre plus vite que la normale alors qu'elle poussa lentement la porte qui s'ouvrit dans un grincement qu'elle n'avait pas prévu. Elle stoppa son geste avant de risquer un coup d'oeil à l'intérieur. N'y voyant quasiment rien, elle l'ouvrit plus franchement avant de se réfugier derrière le mur, au cas où on lui tomberait dessus.
Mais rien ne vint. Laura se sentit soudainement stupide et souffla un bon coup pour chasser tous les scénarios qui lui traversaient l'esprit. Elle était à peu près sûre que son état actuel avait tout à voir avec le début de son film. Elle se moqua intérieurement d'elle, certaine que si quelqu'un lui avait voulu du mal, il n'aurait eu aucune mal à agir alors qu'elle dormait il y a encore cinq minutes.
Elle pénétra la salle d'eau et découvrit des lettres tracées au rouge à lèvres sur le miroir.
Trouve-moi
Je vous souhaite à toutes et à tous de passer de bonnes fêtes de fin d'année :)
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Halo
Storie d'amoreRappelle-toi ces murs que j'ai construits. Et bien, bébé, ils sont entrain de s'écrouler, si facilement, sans même avoir résisté. Ils n'ont même pas fait de bruit.