I.

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J'attendais devant sa maison depuis une bonne heure. J'avais sonné, personne n'avait ouvert. Les lumières étaient éteintes. Le nez dans mon écharpe, je tentais de me réchauffer en pietinant le sol. De la buée me sortait de la bouche, il faisait froid. Évidemment, nous étions en décembre, ce n'était pas la saison des maillots de bain - en france en tout cas.

Enfin, une voiture s'arrêta sur une place de parking et une jeune femme en descendit. Elle s'approcha en fouillant dans son sac à la recherche de clés. Elle était très élégante.

Ses bottines claquaient contre le béton. Ses cheveux étaient emprisonnés dans un béret rouge, assortit à son écharpe. Elle avait beaucoup changé mais pas de doute, c'était la bonne adresse. Je ressentis un petit pincement au coeur en la voyant.

J'inspirais un coup. Je n'avais pas attendu si longtemps pour rien.

Quand elle passa devant moi, j'eus le courage de tendre le bras pour la retenir. Surprise, elle se retourna et me sourit :

- Bonjour !

- Bonjour ! Vous vous appelez bien Elena Larbane ?

- C'est mon nom de jeune fille, oui.

- Oh. Vous êtes donc mariée ?

- Il me semble bien !

Elle continuait de sourire, pour être polie probablement. Elle pencha légèrement la tête sur le côté :

- Excusez-moi, monsieur... Qui êtes-vous ?

Je me raclai la gorge.

- Vous ne vous rappelez sûrement pas de moi - et croyez moi je ne vous en blâmerais pas, loin de là !

- Vous vous égarez, observa t'elle.

- Raphaël. Raphaël Moreno. Ça vous dit quelque chose ?

Elle perdit son sourire. Aïe.

- Qu'est-ce que tu fais là, Raphaël ?

Elle me tutoyait, à présent. J'étais incapable de savoir si c'était bon ou mauvais.

- Trois jours avant Noël, sérieusement. Et ça fait combien de temps qu'on s'est pas vus ? Dix ans ?

- Quinze.

Elle planta son regard dans le mien :

- Tu m'as brisé le coeur, Raphaël. Tu n'es qu'un connard. Je ne sais même pas pourquoi je te parle.

- Les gens changent. Moi j'ai changé.

- Qu'est-ce que tu fais là, Raphaël ? répeta t'elle.

- Elena ! appela quelqu'un.

Elle tourna brusquement la tête et son sourire réapparut, quoiqu'un peu crispé.

- Mon mari, souffla t'elle discretement.

Ledit mari arrivait effectivement au bout de la rue, à pied. Ça me rassura de voir qu'il était seul. Il ne manquerait plus qu'Elena ait des enfants !

- Bonsoir, me dit-il. Vous êtes...?

- Raphaël Moreno, un ami d'enfance, me coupa sa femme.

- Oh. Enchanté. Louis.

Nous restâmes tous les trois dans le froid, sous un lampadaire. Puis Louis eut une idée incroyable :

- Et si Raphaël restait manger, pour fêter vos retrouvailles ?

Plus d'un aurait fait une crise en voyant sa femme en train de parler à un autre, mais pas lui. Il me proposait carrément de venir diner. Incroyable, je vous dis...

Une lueur d'alarme passa dans les yeux d'Elena.

- Louis, enfin, nous sommes trois jours avant Noël. Raphaël doit avoir d'autres choses à faire.

- Non non, ne t'inquiète pas.

Elle leva discretement les yeux au ciel.

- À la bonne heure ! Allez, Raphaël, entrez dans la maison.

Louis partit devant ouvrir la porte. Elena m'attrapa par le coude, furieuse :

- Je peux savoir à quoi tu joues ?

- Je suis venu ici pour te prouver que j'ai changé. Tu verras !

- Raphaël, toi et moi, c'est de l'histoire ancienne. Mets toi ça dans le crâne. Je suis mariée et comblée.

Je la regardai d'un air étonné :

- Mon idée n'a jamais été de t'enlever à ton mari, je t'assure. Ça a l'air d'être un type bien. Vraiment.

- Oui, pas comme certains, répliqua t'elle cinglante.

admirez ma couverture svp.

the crazy christmas of me, my ex and her husbandOù les histoires vivent. Découvrez maintenant