Chapitre 9

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Par la suite, Dorian avait proposé à Levi de passer dans un restaurant londonien qu'il aimait particulièrement. Etrangement de bonne humeur ce jour là, le noiraud suivi le brun sans rechigner.

Un serveur les avait mis en tirasse, l'air étant devenu plus doux. En face d'eux, des enfants jouaient à s'éclabousser avec l'eau gelée de la fontaine. Les mères, parlaient non loin, devant une crêperie.

-Tu étais comment, enfant ? Demanda Dorian en piochant du chèvre chaud dans son assiette.

-Selon ma mère, j'étais un enfant calme. Selon les villageois de Stanwell, j'étais sournois.

-Et selon toi ?

Levi attrapa une feuille de salade dans son assiette. Les deux jeunes hommes avaient commandés le même plat. Chèvre chaud et miel, une salade assaisonnée légère pour ce début d'après-midi qu'ils risquaient de passer debout, à marcher en ville.

-Selon moi ? Répéta le jeune Freeman après avoir avalé sa feuille de laitue, fallait pas me chercher. Je pense. Et toi ?

Au même instant, le plus jeune reçu une salve d'eau, qu'un des enfants était parvenu à éviter.

-Pardon monsieur ! S'exclama l'enfant en venant en face de Dorian.

Le brun se pencha sans répondre, puis une masse blanche dans les mains, la balança sur l'enfant. La neige atterrit sur l'imperméable du jeune garçon, qui repartit en riant. Le sourire aux lèvres, Dorian se tourna de nouveau vers Levi, qui regardait la scène d'un œil attendrit.

Déstabilisé par ce regard, Dorian toussota légèrement avant de se redresser sur son siège.

-J'étais un peu comme ce gamin là. Toujours agité, prêt à faire des bêtises. J'en ai fais voir des vertes et des pas mûres à ma mère !

-T'as des anecdotes ? Lui demanda Levi en regardant toujours le jeune homme d'un œil doux.

-Quelques unes, oui. Une fois, on devait partir en vacances avec des amis, sans notre chien. J'avais fais une crise de nerfs, et pour qu'il puisse venir avec nous, je l'avais entièrement recouvert de crème solaire. Le temps que mon père lui retire toute la crème de ses poils, il était trop tard, on a du partir le lendemain. Mes parents étaient furieux ! Oh, et aussi, j'avais la mauvaise habitude de vouloir imiter Tarzan en m'accrochant aux rideaux. J'ai dû les faire tomber une bonne dizaine de fois !

Le jeune Freeman se retenait de rire en imaginant le mannequin enfant, faisant les quatre cent coups chez lui.

Après le repas, les deux jeunes hommes repartirent sur la rue principale, lorgnant les boutiques du coin de l'œil, décidant de rester raisonnables. Sinon, ils n'auraient plus assez d'argent pour se charger des courses du repas de Noël.

-Qu'est-ce que tu as l'habitude de manger ? Lui demanda Dorian lorsqu'ils rentraient dans un supermarché.

-Ma mère cuisinait toujours un rôti de bœuf et des pommes duchesses. Mais je ne sais pas faire son rôti... Marmonna le noiraud en regardant le coin de la boucherie.

-J'ai un talent caché pour la cuisine, lui annonça le brun en lui faisant un clin d'œil.

Après les courses pour le repas, Levi et Dorian durent retourner à la voiture, qu'ils avaient laissé au départ de la grande avenue marchande, à côté du centre commercial du matin.

Pour le retour, Levi s'était proposé de conduire. Ainsi, le plus jeune avait pu se reposer de cette longue journée en extérieur durant le trajet du retour. Une fois arrivé dans le cottage de Stanwell, Dorian aida Levi à ranger les courses au réfrigérateur.

-Tu les mets où les pommes de terre ?

-A droite du panier de fruits, sur le comptoir.

-Et les bouteilles de vins ?

-Dans le cagibi.

-Et il est où le cagibi ?

-C'est le placard sous l'escalier.

Le noiraud s'amusait des questions de Dorian. Tout était si évident pour lui, comme si le brun devait savoir ces choses là. Ils étaient déjà le 23 décembre, et en un peu plus de 10 jours, le jeune Freeman s'était pris d'une étrange amitié pour le mannequin, qui s'était introduit dans sa vie soudainement. Passer un Noël avec lui, le premier depuis plusieurs années qu'il allait fêter sans son travail, le réjouissait.

Quitte à passer une fête avec des personnes, autant que ça soit des personnes avec qui on aime passer du temps. Et Levi aimait depuis peu, passer du temps avec Dorian. Comme quoi, tout pouvait changer.

Cet abruti heureux qui lui avait fait mauvaise impression chez le notaire, un gosse qu'il avait pensé que tout lui était dû et qu'il croyait être né avec une cuillère en or dans le cul, n'était pas si gamin. Ni si riche, d'ailleurs.

Comme lui, il avait su être au bon endroit, au bon moment.

Le jeune homme, lui avait raconté comment il était devenu mannequin et reconnu si tôt. Un ami qui se désiste pour une séance de shooting en ville, Dorian est proposé en remplaçant, les photos sont publiées dans le journal, un agent qui était en ville cette semaine, le repère, le joint. Et le succès commence.

Après avoir rangé la crème fraiche dans le frigo, le noiraud se tourna pour tendre quelque chose à Dorian. Cependant, ce dernier n'était pas revenu du cagibi. En grommelant quelque chose qui comportait le mot "escargot", Levi se dirigea en dessous de l'escalier, et entrebâilla la petite porte.

Devant lui, dans la pénombre, Dorian était sur la pointe des pieds, bras tendus, pour atteindre une étagère de vins. Il essayait d'y déposer le rouge dans sa main gauche, mais son bras restait trop court.

-Comment tu fais pour l'atteindre ? Demanda Dorian en se tournant vers le noiraud.

Se retenant de rire, Levi attrapa la bouteille, et contourna une malle devant les pieds de Dorian, et qui l'empêchait de passer. Il passa entre deux autres étagères, et y posa en toute simplicité la bouteille de vin rouge.

-Si tu te servais de tes yeux, parfois... marmonna le jeune Freeman en se retournant de nouveau.

-Je m'en sers... chuchota Dorian en se penchant vers Levi.

Levant la tête, le noiraud regarda droit dans les yeux celui qui le dépassait de plus d'une tête. Ses yeux bleus se plongèrent dans les yeux verts de Dorian, alors que des mèches de cheveux brunes, les cachaient l'un de l'autre.

-Et qu'est-ce que tu vois ? Murmura Levi sans briser la distance entre eux.

Le front de Dorian se rapprochait d'avantage de Levi, son nez allait frôler le nez du noiraud, et son souffle caresser ses lèvres.

Sans répondre à sa question, Dorian colla ses lèvres contre celles de Levi, ne quittant pas les yeux bleus de celui qui l'avait hypnotisé. Son hôte approfondi le baiser, en entrouvrant ses lèvres, l'incitant à l'embrasser avec plus de passions. Toujours séparés par cette haute malle, Levi hissa ses mains derrière la nuque de Dorian, et Dorian hissa Levi sur la malle, l'élevant à sa taille. Il le souleva et le fit passer de l'autre côté, sans briser le contact visuel.

Une fois l'un en face de l'autre, Levi se jeta de nouveau sur les lèvres du brun, qui le laissa faire. Toujours lancés dans ce baiser passionnel, Levi entraîna Dorian à l'extérieur du cagibi, le fit basculer sur le canapé, et se retrouva au dessus de lui.

Le regard toujours perdu dans la vague printanière des yeux d'Eren, il abandonna ses courses dans la cuisine. Il abandonna également ses principes. Et il s'abandonna à Dorian.

The Holiday「 BxB 」Où les histoires vivent. Découvrez maintenant