Chapitre 6

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La météo avait décidé d'être clémente, ce jour là. Le soleil brillait dans le ciel, et se reflétait dans la neige en contrebas.

Assis en face d'un mannequin qui n'avait pas l'air de comprendre ce qu'était le calme, Levi sirotait sa bière sur la terrasse de Stanwell, en face de la patinoire. Leurs commandes ne devraient pas tarder, il n'y avait pas beaucoup de personnes qui venaient manger au restaurant. Surtout dans un endroit aussi paumé que le bled où ils se trouvaient.

Une musique de Noël plutôt entraînante était diffusée dans les hauts parleurs de la ville, et le jeune Freeman faisait battre son pieds au rythme de cet hymne de Noël. Quel dommage que la chanteuse qui auparavant était si belle, ce soit transformé en monstrueuse otarie.

-Tu m'écoutes ? Demanda Dorian en remuant sa main devant les yeux de Levi.

Et bien non, Levi ne l'écoutait pas. Il était bien trop perdu dans ses pensées, pour prêter ne serait-ce qu'une infime part de son attention a ce mannequin imbus de sa personne. Il n'avait aucun sujet de conversation intéressant, et ses phrases tournées autour des « photographes », « autographes » et « régimes ».

-Ouais... répondit néanmoins le noiraud en prenant de nouveau une gorgée de sa bière brune.

-T'as pas l'air.

Lui répondre la vérité sur ce qu'il pensait, aurait été bien trop dure à avaler pour ce pauvre gosse de riche. Ça crevait les yeux, ce gamin était né avec une cuillère en or dans le trou d'balle. Mieux valait ne pas traumatiser un gosse de riches. Surtout s'il pouvait avoir des répercussions sur ses affaires dans le commerciale et dans le marketing de luxe.

-Tu veux parler d'autre chose ? Proposa le brun qui voyait bien que son hôte était peu emballé par ses histoires de mannequinat.

-T'as un autre sujet que ton corps ? Demanda Levi plutôt sèchement.

Conscient de l'atmosphère tendue qui régnait, le mannequin haussa les épaules en buvant à son tour sa boisson. Il avait prit de l'eau, peut être pour montrer qu'il n'était pas l'un de ces jeunes fêtards qui foutent le bordel dans leur vie.

-J'en ai plein. Tiens, par exemple tu pourrais prendre part à la conversation ! S'exclama le brun en se redressant sur sa chaise, quel genre de livre est-ce que tu cherchais chez la libraire ?

-Je cherchais pas de quoi lire, je voulais voir le père de la libraire. Mais il est mort.

Dorian forma un « O » parfait avec sa bouche et ses yeux se voilèrent d'un voile sombre. A croire que Levi n'avait vraiment pas envie de se trouver ici. Être aussi vague, passe encore, mais aucun humain ne pouvait être aussi vide d'émotions !

-C'est sa fille, la nouvelle boss de la libraire, ajouta cependant le noiraud.

Dorian reposa son verre d'eau, espérant peut être avoir débloqué quelque chose chez son hôte. Sait on jamais, s'il avait cette soudaine envie de dévoiler sa vie.

-Tu connaissais bien son père ? Le relança le brun.

-C'était un bon ami de ma mère, donc je le voyais souvent avant qu'elle ne meurt. Après, quand je suis partis au États Unis, je ne l'ai plus jamais revu. J'aurai dû revenir au moins une fois.

-T'es parti du jour au lendemain, comme ça ? Questionna Dorian en mimant une disparition mystérieuse avec ses mains.

-Non. J'ai étais accepté à NYU, je me suis pas gêné pour partir. Mon oncle est resté avec moi quelques années puis s'est barré chez lui, et j'ai continué ma vie.

-Comment t'es devenu important aussi rapidement ?

Le noiraud leva un sourcil, surpris. « Aussi important » ? Par ce qu'il le connaissait ? Il était connu dans la sphère New Yorkaise du jeune public, mais un mannequin londonien ne pouvait pas le connaître.

-Je ne suis pas important, préféra-t-il répondre.

Dorian faillit s'étouffer avec sa propre salive. Au même moment, un serveur arriva et adressant un sourire aux deux jeunes hommes, leur servir leur plat.

Les pâtes au poisson de Levi sentaient délicieusement bon, mais l'escalope de Dorian n'avait pas l'air si appétissante que ça.

-Bien sur que si, t'es important ! S'exclama Dorian en enfourchant un haricot du bout de sa fourchette, t'es le futur boss de New York ! Tous les mannequins d'Angleterre essaient de savoir quel produit de marque tu hisseras au haut du podium pour la saison prochaine. Le premier qui trouve remporte tout l'argent et toutes les photos !

Surpris, le noiraud laissa ses pâtes commencer à refroidir. Alors comme ça, les anglais s'arrachaient ses rapports ? Il n'en avait jamais entendu parler.

-J'ai une amie qui se vente de te connaître personnellement et de toujours savoir quel prochain article tu feras reconnaître dans le monde du luxe. C'est grâce à elle que j'ai pu avancer rapidement.

-Comment s'appelle-t-elle ? Demanda Levi, curieux.

-C'est une certaine Sasha. Elle s'occupe de mes séances chez le photographe.

Sasha ? Il ne connaissait pourtant aucune Sasha, dans son entourage. Peut être était-ce la proche de quelqu'un qu'il connaissait. Mais dans ce cas, les informations de son comité de marketing fuirait ? C'est assez dangereux. Il devrait se méfier.

-Ça ne me dis rien, répondit-Il toujours songeur.

-C'est la sœur d'une certaine Kate, d'après ce que j'ai compris.

Soudain rassuré, les épaules du jeune Freeman s'affaissèrent. Ce n'était que Kate, qui ouvrait trop vite sa gueule. Et heureusement, sinon quel drame s'il avait eu une taupe dans son équipe.

Dorian fit un bruit fort disgracieux en avant une pâte dans l'assiette de Levi, et le rouge lui monta au joue. Le noiraud ne se souvenait pas avoir autorisé le brun à picorer dans son assiette... il le laissa faire, trop perdu dans ses pensées de travail pour réagir.

-Et sinon ?

-Sinon quoi.

-Bah, comment t'as fais pour arriver aussi haut garder si rapidement ? Ça fait plusieurs années que je galère, moi.

-C'est venu tout naturellement. J'ai fais du bon boulot, Kate m'a repéré et rapidement nous sommes devenus amis. Elle m'a appris l'art du métier comme personne et je suis ce que je suis grâce à elle.

Les étoiles dans les yeux, Dorian but une grande gorgée d'eau. Lorsqu'il le regardait avec tant d'admiration dans le regard, Levi se disait que le mannequin ne pouvait pas être entièrement stupide ou imbus de sa personne. Il devait y avoir quelque part au fond, autre chose que du physique.

The Holiday「 BxB 」Où les histoires vivent. Découvrez maintenant