J'avale les derniers grains de riz qui remplissaient mon assiette. Après avoir bu mon verre d'eau, je pousse mon assiette vide devant moi, croise les bras et regarde les trois adultes qui ne sont rendu qu'a la moitié de leur repas. Il me regardent tous l'air surpris. Maëva hausse un sourcil :
" Mais depuis combien de temps n'as tu pas été nourrie ?!
- Au moins 3 mois ! répond Erwan à ma place. "
Je souris, le calme et la sérénité. Après plusieurs semaines de stress ambiant, ces émotion sont nouvelle, presque inconnues. Je regarde dehors par la baie vitrée du salon. Je me sens étrangement en sécurité ici, dans la campagne, isolée du monde urbain, isolée de tout...
Laura revient de la cuisine avec une salade de fruits colorés. Elle me demande d'apporter des ramequins pour y déposer le mélange juteux. Pendant que le parfum fruité chatouille nos narines, le goût s'ajoute à cette agréable sensation. Cette salade de fruits est exquise. Le silence confirme notre concentration à apprécier chaque bouchés, seul le bruit des cuillère qui frotte contre le petit récipient se fait entendre.
Lorsque le déjeuné est terminé, je monte dans ma nouvelle chambre pour laisser les autres discuter de notre avenir. J'aère ma chambre en ouvrant la fenêtre, laissant entrer la brise parfumée. Les oiseaux trouble le silence en chantant leur musique mélodieuse, ce mélange des sons de la plaine est apaisant. Je profite de ces instant de tranquillité rares pour me rendre dans la salle de bain. J'annonce du haut de l'escalier qu'elle est prise et m'engouffre dans la pièce voisine de ma chambre. Une large baignoire gouverne l'endroit, elle se situe dans le fond, mi-visible, mi-cachée à cause de rideau zébré. Après m'être déshabillé, je fais couler de l'eau chaude pour prendre un bain. En attendant que l'eau soit à un niveau assez élevé, je joue ma chanteuse devant la glace. Puis quand la baignoire est pleine, je me glisse dedans un savourant la douce chaleur sur mon corps. Je plonge ma tête sous l'eau pour m'abandonner complétement au reste du monde. Plus rien n'existe, je suis seule.
Jusqu'à ce que Laura frappe à la porte, impatiente de se laver elle aussi. Notre ancien appartement ne contenait pas de salle de bain, c'était désolant... Je sors du bain à la hâte, attrape une serviette et allume le sèche-cheveux. Je vide l'eau que j'ai utilisé pour la remplacer par un liquide propre. Quand je suis enfin sèche, je me coiffe rapidement en éliminant tout les nœud de ma chevelure brune, enfile les même vêtements qu'à mon arrivée puis sors finalement de la pièce. La femme gotique pousse un soupire de soulagement :
" J'ai faillis attendre.
- Désolée... "
Je retourne dans ma chambre pour m'assoir sur ma couette. J'ouvre mon carnet de poème et tout à fait par hasard, je tombe sur celui écrit il y a plusieurs années, un poème que j'avais oublié :
Famille
Depuis mes deux ans,
J'ai grandis seule et isolée
Et sans les parents
Faux parents qui m'ont adoptés,
Je ne serais pas là à présent.
J'ai appris
Au fur et à mesure de ma vie
A repousser la peur,
La colère, la froideur
Plus que supprimer les échecs
J'ai appris à vivre avec
Maintenant, tous les soirs
Je vis ce cauchemar
Ils ont disparus
Je ne les reverrais sans doute plus...
Violette R.
Je lis ces mots avec une lenteur abusée, mes yeux peine à lire certaines lettres, je ne discerne parfois que des formes floues. Une larme salée coule le long de ma joue, suivie de près par une deuxième qui entraîne la première dans sa chute. La goutte tombe sur mon carnet. Le "R" de ma signature se brouille à cause de l'eau qui aspire l'encre, bientôt, quand le liquide se sera évaporé, le "R" ne ressemblera plus à rien. Ma vue se décore de points noirs qui s'affolent et je ne parvient pas à lire le texte une deuxième fois. Je pleure. Aussi silencieusement que la chute de la nuit ou le levé du soleil, sans bruits. Ce "R" signifie RAVENSON, je l'ai toujours gardé, bien que désormais, sensée "fille" de Erwan et Laura, mon nom se trouve être Violette SCHLASHN. Mais jamais je ne me suis reconnue dans ce nom que porte mes tuteurs. Jamais. Je garde précieusement le souvenir secret des RAVENSON, tout au fond de mon cœur, je sais que ce nom est ce que je suis destinée à être pour toujours. Une pure RAVENSON, bien vivante. Descendante de Maud et Ian RAVENSON.
Nouveau sanglot, plus bruyant cette fois. Quelqu'un toque à la porte :
" Tout va bien Violette ? c'est la voix de Maëva, elle semble inquiète.
- Oui, répondis-je d'une voix étranglée. "
La poignée de s'abaisse, visiblement la jeune femme ne me crois pas. Je m'allonge sur le lit et ferme les yeux, je ne suis pas d'humeur à recevoir des visites. Erwan me connait assez bien pour le deviner. Je l'entend transmettre des phrases incompréhensibles, en raison de la distance qui me sépare de la porte d'entrée, à Maëva. Je l'imagine si bien poser la main sur l'épaule carré de son interlocutrice, l'air grave.
Lorsque je déduis que le couloir est vide, je me détend enfin, remercie Erwan par pensée puis me laisse emporter par la fatigue.
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Violette Ravenson
Teen FictionOrpheline depuis l'âge de 2 ans, Violette se retrouve élevée par Erwan, un soi-disant ami de ses parents... Lui et Laura se montre super gentils et la jeune fille les adore. Durant toute son aventure, elle va faire de merveilleuses rencontres et d'a...