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   " Bonjour, nous salut le policier, les papiers du véhicule s'il-vous-plaît. "

  Bon, aucune trace de danger pour le moment. L'agent n'a pas d'accent, il est français. Son costume bleu marine à l'air trop serré pour ses rondeurs particulières. Il possède un engin électronique où il  note tout ce qu'il voit et entend. Erwan le remarque et reste méfiant en donnant les papiers.

   " Très bien, merci. sourit l'homme en nous les rendant, où allez vous comme ça ?

- Dans le Sud, ma mère nous invite au festival.

- Oh, je vois. Mes cousins y sont partis eux aussi.

- Au revoir, conclut Erwan pour repartir plus vite.

- Oui, je ne vais pas vous retenir plus longtemps, amusez-vous bien !

  Personne ne prend peine de répondre. Un long silence se poursuit tandis qu'Erwan s'engage de nouveau sur la voie rapide.

- Franchement, demandais-je, qui avait envie de lui dire qu'on s'en foutait complètement ? "

  Mes deux tuteurs lèvent la main exactement en même temps et nous rigolons tous ensembles. 

   Oui, vous avez remarqué, Erwan a menti. Nous n'allons pas du tout chez sa mère, qui d'ailleurs, faute d'âge, est décédée tranquillement dans son sommeil mais comme il nous l'a dit précédemment : aux alentours de Dijon. Si l'homme en uniforme enregistrait tout les passages, l'information serait sûrement arrivée aux oreilles des américains qui savent pirater les réseaux et alors nous serions obligés de fuir dans un nouvel endroit inconnu avec des distances mystérieuses et des pertes d'argent pour trouver des abris, de la nourriture... Bref, mieux vaux assurer nos arrières. Et comme internet n'est même plus sûr, nous n'avons pas le droit de l'utiliser trop souvent, en faite, moi je n'ai pas le droit du tout. Pour cela il faut laisser tomber les GPS, les appels (sauf urgents), les informations et pour moi, les cours à distance... Oui, vous vous doutez bien que depuis que nous sommes poursuivit, je ne peux pas me rendre dans un établissement scolaire, avec tout nos déplacements... Cela serait juste impossible. Mais j'ai beau ne pas étudier, un médecin que nous sommes aller voir récemment, m'a révélé que je maîtrisait déjà la plupart des connaissances que j'aurais dû apprendre.

   Pendant les quelques heures qui suivirent, Laura dormit. Les nids de poules sur les routes soulève son corps a chaque fois que le conducteur passe dessus. Sa respiration est régulière et une mèche de sa chevelure lui tombe devant les yeux. En la remarquant, Erwan lâche une main du volant pour lui remettre derrière l'oreille. Je souris, j'ai toujours aimé la complicité des deux adultes. Pendant que je regarde le paysage par la fenêtre je sens moi aussi la fatigue m'envahir. Je me laisse lentement sombrer dans les bras de Morphée pour m'offrir à un sommeil sans rêves...

   Le véhicule s'arrête. Je le sens, bien que mon esprit soit encore loin d'être réveillé. J'ouvre les yeux. Tout autour, la campagne. Des arbres, des buissons, de l'herbe, des fleurs... Je vois Erwan sortir de la voiture et s'allumer une cigarette. Il range son briquet dans sa poche et laisse son regard se perdre dans le lointain de l'horizon. La chaleur des rayons de soleil se  font ressentir. Laura semble, elle aussi, remarquer l'inactivité de la voiture et ouvre doucement les yeux. 《 Woah ...! 》bailla-t-elle en s'étirant longuement.

   "  T'es réveillée toi aussi ? Commentai-je en baillant à mon tour.

- Ouais, j'ai bien dormi, viens on rejoint Erwan, répondit-elle en ouvrant sa porte.

   Je la suis en respirant l'odeur agréable de la nature.

- On va visiter le chalet ? demandai-je, une lueur dans les yeux.

   Erwan attend deux minutes avant de répondre, il écrase sa clope entre ses doigts puis la jette dans la poubelle la plus proche.

- C'est parti ! lança-t-il en s'avançant d'un pas décidé vers la maison de bois.

   Nous marchons imaginant le décor de nos chambres, la vue, l'espace... Je rêvais éveillée :

- Moi, ce que j'aimerais, c'est une chambre spacieuse avec une baie vitrée sur une vue extraordinaire. Un grand lit, hyper confortable et un bureau ou écrire mes textes...

- Ne rêve pas trop, petite maligne, rigola Laura, tu risquerais d'être déçu !

- Je m'en fiche, imaginer des trucs cool c'est génial. Il faut bien rêver un peu dans la vie, moi c'est une de mes activités préférée.

- Je ne sais pas si le rêve va durer longtemps. pâlit Soudain Erwan. Le bras tendu vers la porte, la clé dans la main, il restait immobile. Je suivis son regard. "

   La porte était déjà entrouverte.

Violette RavensonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant