Episode O1: L'Ultimatum 1/2

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Dans la résidence de James Rico, le calme régnait. Seul son majordome allait et venait à travers les pièces, prenant soin de ce magnifique manoir.

Soudainement dans le laboratoire, le silence fut brisé par le fracas tonitruant de la fabuleuse machine. Elle se matérialisa au milieu d'arcs électriques, de vapeur et de particules en tout genre, provoquant tout autour d'elle des distorsions de l'espace. Une fois l'engin stabilisé, la porte métallique s'entrouvrit d'un coup sec, et James Rico en sortit, l'air épuisé. A peine avait-il fait un pas sur le sol de son laboratoire qu'il dit sans réfléchir.

- Amigos ? Tu es là ?

Il ne lui fallut qu'un court instant pour réaliser ce qu'il venait de dire. Amigos n'était plus là. Il ferma ses yeux et passa ses mains sur son visage, tentant de remettre ses idées en place. Il avait beau le nier, les voyages temporels étaient toujours un coup dur pour son organisme. Il passa ses doigts sur ses tempes, se massant lentement le crâne, puis souffla un grand coup. Un grincement de porte le rappela à la réalité. Son majordome venait d'entrer dans la pièce.

Edmund était un homme élégant, vêtu d'une tenue de majordome classique : une veste en queue-de-pie, une chemise blanche sobre et un noeud papillon d'un noir ébène. Le long de son col ou sur ses manches, quelques boutons dorés donnaient à sa tenue un aspect très distingué. Il portait aussi des gants en soie blanche qui représentaient bien la délicatesse dont il pouvait faire preuve.

Son visage était celui d'un homme ayant bien vécu. Par leur blancheur, ses cheveux plaqués en arrière et sa moustache rigoureusement taillée témoignaient de son âge, et de sa sagesse. En revanche, son visage arborait aussi des traits bien plus disgracieux. Une large cicatrice sur la joue droite traduisait la rudesse de la vie qu'il avait mené jusque là.

Mais sur ce visage abîmé par le temps, James lisait une profonde gentillesse qu'il n'aurait échangé pour rien au monde. Son majordome était un homme dévoué, et au grand coeur. Il regarda encore quelques instants son fidèle partenaire, appréciant ce moment que la seule présence d'Edmund rendait si confortable. Il esquissa un large sourire, mais face au regard confus de son majordome, décida de finalement ouvrir la conversation.

- Mes excuses Edmund, je... Je suis un peu fatigué.

- Votre mission s'est-elle bien déroulée monsieur ?

- On peut dire ça. La mission est accomplie... du moins pour cette fois.

James s'approcha d'une des tables présentes dans son labo, et y déposa alors la mallette du prince d'Ankou. Il déverouilla les loquets qui la scellait, puis souleva la partie supérieure de la mallette de ses deux mains. Edmund se pencha au dessus de celle-ci, et en découvrit le contenu. Il l'observa quelques secondes, puis se tournant vers James avec un sourire fier, répondit :

- Je vois cela. Oh, au fait monsieur Rico, j'allais oublier, voici la limonade que vous m'avez demandé durant votre mission.

- Oh, merci, c'est gentil. Ca va me rafraîchir un peu le moral. Enfin, je l'espère...

James se saisit de la bouteille en verre qu'on lui tendait, et en descendit la moitié en un rien de temps. Il était assoiffé, et il reconnaissait bien là la saveur de sa limonade favorite. Son majordome le connaissait par coeur. Il passa le dos de sa main sur ses lèvres, puis expira un grand coup, désaltéré. Il demanda alors à Edmund :

- Sinon, du nouveau ?

- J'ai tenté de vous le dire par microphone pendant votre mission mais je ne voulais pas vous déranger. Des hommes sont venus vous voir monsieur. Ils n'ont désiré laisser aucun message, et ont dit qu'ils reviendraient. Ils n'ont pas donné leur identité monsieur.

- Je vois. Une idée de qui ils pouvaient être ?

- Au vu de leur attitude, je dirais qu'il s'agit encore d'agents fédéraux ou quelque chose du genre.

- Génial. Je suis épuisé d'avance ! Je vais aller me reposer un peu.

Alors qu'Edmund quittait la pièce, James tourna les talons, et se mit à l'entretien de sa précieuse machine. Il mit en veille les divers systèmes qui la composaient, et fit quelques nettoyages et maintenances nécessaires. Il vérifia les niveaux, et ôta l'alimentation pour éviter tout accident. Après avoir fini sa procédure habituelle d'extinction de l'engin, il recula de quelques pas, et examina l'impressionnant mécanisme qui siégeait devant lui. Il remarqua alors un léger décalage dans la position d'arrivée de la cabine. D'habitude, celle-ci se matérialisait un peu plus vers la gauche, d'au moins quelques centimètres. Il souffla en pensant aux heures de calibrations qui allaient être nécessaires pour régler ce biais du système de navigation. Il s'attarda encore quelques secondes sur les écrans de contrôle analogiques et repensa à l'histoire de cette machine. Que penserait son père en le voyant ? Serait-il fier de la voie qu'il avait emprunté ? Il se remit dans la peau du petit garçon découvrant le terrible héritage de son géniteur. Une vie secrète terriblement dangereuse.

Cette machine avait toujours besoin de réglages et de calibrations. Mais ce n'était qu'un prototype après tout. Après avoir terminé de s'en occuper, James sortit de son laboratoire, ferma la porte et s'étira longuement en baillant. Il avait l'habitude de rentrer dans un piètre état, cependant cette mission avait été particulièrement éprouvante. Mais il ne voulait plus y penser. Il se dirigea ensuite vers la salle à manger, où il y découvrit un repas complet préparé par Edmund. Les plats étaient encore chaud. "Comment diable peut-il savoir aussi précisément l'heure à laquelle je vais rentrer ?" pensa James, un sourire aux lèvres. Sans se poser plus de questions sur la fabuleuse intuition de son majordome, il dîna en écoutant des grands classiques de Stoner. Après s'être rempli l'estomac, il sortit de table, ôta ses bottes en bas de l'escalier, puis monta dans sa chambre. Enfin, il allait pouvoir s'affaler dans son fauteuil préféré. Une fois confortablement installé, il ferma les yeux et sombra rapidement dans un profond sommeil. James s'endormait souvent très facilement dans son fauteuil. C'était un peu son refuge pour mettre ses pensées en ordre et oublier les difficultés qui l'attendaient. Sous les limbes du sommeil, des images de ses nombreux voyages aux confins des dimensions lui parvinrent. Tellement de de souvenirs. Les choses qu'il avait vécues étaient parfois magnifiques. Et parfois... Elles reflètaient toutes les atrocités dont l'humanité était capable pour le pouvoir. Il continua de plonger jusqu'à revoir sa maison en flammes. Ses parents à l'intérieur. Les cris. Il se réveilla en sursaut lorsqu'Edmund toqua à la porte.

- Qu'y a-t-il Edmund ?

- Des hommes sont là pour vous voir. Les mêmes qui étaient venus plus tôt. Ils attendent dans l'entrée monsieur.

- Ils ont dit qui ils étaient cette fois ?

- Il semblerait qu'il s'agisse bien de vos estimés amis fédéraux monsieur.

- Je vois. Je sens que cela va être une véritable partie de plaisir ! Amène donc ces deux messieurs dans le salon et ferme les portes. Je veux être seul avec eux.

- Bien monsieur.

James se frotta les yeux pour finir de se réveiller, puis souffla d'un air exaspéré. Il détestait les agents fédéraux. Mais encore une fois, il n'avait pas le choix.


The Time Traveler: Le Secret du Désert - Saison 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant