Coup de foudre

Après la pluie le beau temps

Nous sommes tous regroupés devant le SCA pendant qu'un agent de police nous compte. Tous, ou presque. Izuku Midoriya, le garçon aux cheveux verts, s'est apparemment battu contre des vilains et il se serait cassé les deux jambes. C'est vraiment incroyable... Et complètement inconscient. Tout le monde s'est battu, naturellement, mais pas au point de se mettre dans un sale état. Il a dû faire face à un adversaire de taille.

Tout le monde affiche une mine sombre, crispée, personne ne réalisant encore bien ce que nous venions de vivre. Je n'arrive pas à croire qu'on se soit battu contre des vilains, des vrais. Et surtout, je n'arrive pas à croire qu'ils aient réussi à nous attaquer alors même que nous étions sous la garde du lycée. Y a-t-il des failles dans le système de sécurité du lycée super-heroïque le plus réputé du pays ? Je ne peux pas le croire. Je pense d'ailleurs que personne ne le peut.

Alors que je cogite comme plutôt rarement, la voix de Tooru me parvient. Je la cherche du regard et l'aperçois, ou plutôt j'aperçois son costume, en train de discuter avec Mashirao. Denki, Eijiro, Tokoyami et Koji font également un bilan de leurs situations. Aoyoma cherche, quant à lui, à attirer l'attention, comme toujours il semblerait. Je n'ose pas trop me mélanger aux autres, encore perturbée par les évènements.

J'avoue ne pas avoir prononcé un mot depuis être sortie du bâtiment, et je pense que le seul fait d'ouvrir la bouche pourrait me faire craquer. Or, je n'ai pas le droit. Je ne dois pas me montrer faible quand les autres restent forts. Je dois me comporter en héroïne. Alors je me tais et j'écoute les récits de chacun, les questions et le réponses, les rapports des policiers et des professeurs venus nous sauver. J'observe également et remarque un homme au physique de chat en tenue de police. C'est surprenant, je m'imaginais uniquement des chiens dans les forces de l'ordre. Un peu d'originalité ne peut pas faire de mal.

Les enseignants commencent à nous rapatrier vers l'autobus et nous montons un à un, de nouveau en silence. Le voyage du retour de fait dans un calme abyssal, pesant. Les ronflements du moteur et les vibrations de l'engin me parviennent très nettement alors que je reste l'oreille collée à la vitre tout du long. Le silence me fait presque peur. Pourquoi plus personne ne parle ? Il y a des morts ? Et où est Aizawa sensei ? Faites qu'il ne lui soit rien arrivé de grave...

*
J

e cherche mes clés dans la poche de mon uniforme tout en avançant vers la porte de mon appartement. Je relève la tête après les avoir trouvées et m'arrête net : la porte est ouverte. C'est une blague ? Si le but est de me pourrir ma journée, je peux vous garantir que c'est réussi ! J'avance a pas de loup vers la porte tout en étendant mes lobes pour essayer de capter des bruits, des paroles. Je perçois des mouvements précipités mais il semblerait que les intrus ne touchent pas à mes affaires.

Je continue d'approcher tout en cherchant mon portable dans mon sac. Ah c'est vrai... Je l'ai perdu dans le métro. Je ne vais pas pouvoir prévenir la police ou Tooru, comment je vais faire si ça tourne mal ? Dans le pire des cas, la petite vieille de l'appartement du dessous viendra voir ce qu'il se passe avant d'appeler à l'aide. Si elle ne fait pas sa sieste... Pitié, pourvu que je ne sois pas en train de vivre mes derniers instants !

Je sais ! Je vais essayer de les prendre par surprise avec une bonne salve d'ondes. Je saisi ma petite enceinte dans mon sac de cours et branche une de mes prises dessus. Je garde l'autre tendue au cas où un des deux intrus -oui j'en entends deux- déciderais de venir par ici. J'avance très lentement, en regardant où je pose les pieds pour ne pas les alerter, et atteins enfin la porte. Là, je marque une pause, essayant de savoir où ils sont. Dans le salon... Ah, ils bougent vers ma chambre ! Tant mieux, elle est de l'autre côté de l'appart, ils ne me verront pas entrer.