Une maison, vide, abandonnée.
Dans un coin, une chaise, en bois abîmé. Et toi, homme décharné, tu es là, assis sur cette chaise un peu trop bancale, si elle craque, si elle cède, si un de ses quatre pieds glisse; tu meurs.
C'est la chaise qui contrôle ta vie. Pas toi.
Cette maison, non, cette cabane, c'est l'endroit où tu es né, où tu as grandit, seul, où tu as vécu, seul, et où tu mourras, seul.Je ne suis qu'une ombre ici, qu'une pensée, une poussière. Dehors c'est joli, lumineux, on pourrait même dire joyeux. Mais une fois à l'intérieur, tout s'assombrit et l'ambiance n'est plus du tout pareil. Sinistre. Déprimant... c'est un lieu qui devrait être interdit à tous, et la plus grosse erreur serait de s'y rendre. Car quiconque franchit la limite entre l'extérieur et cette pièce est anéantit à tout jamais.
Mais ton corps étique ne vibrait plus. Cette minceur à l'extrême était impressionnante. Impressionnante et répugnante. Un simple geste et tu te casserais en mille morceaux. Mais c'était déjà trop tard; dans le plus grand des silences, tu t'es laissé basculer avec cette chaise. La chute ne dura que quelques secondes. Tu n'as pas fait de bruit en t'effondrant, seul le plancher a gémit. En cette nuit trop calme, tu as laissé la maison encore plus vide qu'elle ne l'était déjà. (Et mon coeur avec.)

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Le gouffre
PoesíaQuelques métaphores empilées les unes sur les autres. Quelques pensées, quelques bouts de vie.