[One Shot Football]

Bonne Année [Draxembe]

La première année, ça m'avait semblé bizarre de fêter le nouvel an avec tout les gars du club : on était tous partis dans le Sud ou dans notre famille pour Noël, et il fallait revenir chez Marqui pour la nouvelle année alors que les entraînements ne reprenaient même pas tout de suite ?
Mais je m'étais habitué à l'esprit d'équipe qui était génial à Paris, et franchement, revenir un peu plutôt d'Afrique du Sud ne m'avait pas spécialement posé problème : ces vacances n'avaient pas été les meilleures. J'avais été mélancolique presque tout le temps et ma petite sœur s'en était bien rendu compte, même si elle avait pensé que je n'aimait pas son petit ami. Résultat, on s'était engueulés juste avant que je prenne l'avion, génial. Son copain, en vrai, ça allait. Si il avait aimé un peu plus le foot, ça aurait été encore mieux, mais ça se voyait qu'il l'aimait et il se comportait bien avec elle, donc j'avais rien à redire dessus. C'est juste que je n'avais pas su lui expliquer ce vide dans ma tête. À vrai dire j'avais du mal à l'accepter moi même.

Cette année, la traditionnelle soirée du nouvel an était chez Presko. J'avais enfilé un costume, même si c'était juste entre nous et sans journalistes : certains gars posaient toujours pleins de trucs sur les réseaux... Et en plus, j'avais envie d'être beau, un peu.

J'étais assez stressé : pour preuve, j'étais déjà habillé et prêt une heure avant le début de la soirée. Incapable d'attendre plus longtemps, je démarrais en direction de chez Pres'. À vrai dire, je connaissait la route par cœur. On habitait tout prêt l'un de l'autre, et même pas cinq minutes plus tard, je frappais à sa porte. C'est la tête toute carré de Kylian qui ouvrit en premier, et je sentit mon cœur se serrer.

"Salut, t'es en avance !

-Toi aussi on dirait, je répondit

-Ouais, j'aide Presko à tout installer. Viens, entre !"

Je suivis Kylian dans ce salon que je connaissait par cœur sans pouvoir m'empêcher d'être en colère. C'était moi le meilleur ami de Presnel, non ? Alors pourquoi c'était la tortue qui l'aidait ? Ça devrait être mon rôle.

Ce fut également mon rôle, puisque en attendant tout le monde j'aidais à faire des cocktails. Pas une fois Presnel ne vint me voir. Il était trop occupé à s'occuper de brancher des enceintes.

Peu à peu la soirée démarra, et avec Thilo on commença à descendre les stocks de Sangria. C'était un peu notre boisson préférée, mais j'avais aussi l'impression que le garçon était pas trop dans son assiette.

"Eeet ! Juulian ! Encore uuune ?" marmonna justement le défenseur en me tendant un verre. J'étais clairement moins alcoolisé que lui, alors je commençais à lui détacher le verre des mains avant de l'entraîner avec moi sur un canapé.

"On devrait plutôt discuter, non.

-Ah noooon... Pas paarler. On va daaaanser plutooot ?"

J'avais pas trop envie de danser mais fallait quand même que j'empêche Thilo de faire un coma éthylique chez Pres' alors je lui suivit sur la piste de danse.

Thilo commença à me prendre les bras et à m'entraîner dans un slow, alors les enceintes diffusaient un son de Dadju. Clairement il avait bu, et plusieurs fois je failli tomber car il me faisait brusquement tourner. Mais ça me changeait pas mal les esprits et honnêtement on rigolait bien tout les deux. On dansa comme ça pendant un long moment avant que quelqu'un ne nous interrompe

"Julian !"

Je me tourne dans un sursaut pour voir Presko qui n'a pas l'air hyper heureux.

"Hé, Pres ! Tu viens danser ?" je fais, en essayant que ma voix ne tremble pas. C'est plus ou moins réussi, mais le métisse secoue la tête avant de m'entraîner vers les escaliers.

Thilo reste seul sur la piste, mais je crois que Choupo l'a remarqué et j'ai confiance en lui pour s'en occuper. Demain, il allait falloir qu'on discute, lui et moi, mais la main de Presnel dans la mienne me déconcentrait un peu.

"T'avais quelque chose de particulier à me dire?" je demande, gêné que Presnel me fixe sans parler.

Il soupire, l'air triste, et s'avachit sur son lit. Préoccupé, je m'assois juste à côté, et sa main se glisse à nouveau dans la sienne.

"C'était bien, 2018, hein ?" il murmure.

J'ai envie de lui répondre que non, parce qu'en ce moment c'est la galère, au club où je joue pas, en national où on perd tout le temps... Mais lui ne connaît pas ces problèmes. Et puis en dehors de ça, je vis clairement ma meilleure vie ici. Alors après quelques secondes, je murmure :

"Ouais..."

Du coin de l'œil, je vois bien que Presko me fixe, mais je suis un peu gêné. J'ai pas trop envie de rougir comme une gamine devant lui. De nous deux, c'est moi le timide. Lui, non. Ça le gêne pas de me fixer.

"Y'a un truc qui pourrait la rendre encore meilleure..." fait Pres' d'une voix douce, et je hausse un sourcil.

"Ah oui ?"

Et silencieusement, sa main quitte la mienne et il la pose sur ma joue, puis me tourne lentement jusqu'à lui faire face. Cette fois je sens bien que mes joues sont brûlantes, surtout que ses mains sont froides. On reste là quelques secondes à se regarder dans le blanc des yeux. En bas, les autres commencent à hurler pour le décompte.

"Cinq !"

Le visage de Presnel se rapproche tout doucement du mien, et je peux sentir son haleine à la menthe, sûrement plus agréable que la mienne alcoolisée.

"Quatre !"

Mes yeux papillotent rapidement, et je réalise que je ne les avait pas fermés.

"Trois !"

On est tellement près maintenant que nos nez se touchent, et ça me donne des frissons.

"Deux !"

Je suis obligé de loucher pour regarder Presko, et du coup mes yeux se ferment tout seuls.

"Un !"

Soudain, des lèvres effleurent tout doucement mes lèvres, puis Presnel se recule et je rouvre les yeux.

"Bonne année..." il murmure alors qu'en bas tout le monde hurle.

Déçu que ce soit déjà finit, mes mains quittent l'édredon pour se loger dans la nuque du métisse et je l'attire vers moi pour reprendre un nouveau baiser, plus passionné.

"Elle commence de la meilleure façon..." je lui avoue en soupirant, ravi de pouvoir enfin embrasser l'homme que j'aime.