Marisol

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Je me réveille, la bouche pâteuse, sur un matelas qui n'est pas le mien. Une truffe humide me pousse le bras tandis que je me redresse pour regarder autour de moi. Je suis dans une chambre d'hôtel, assez spacieuse pour contenir un petit salon et un grand lit à baldaquin que je quitte d'un bond. Hidalgo se couche en geignant, ressentant mon inquiétude. Les réverbères dehors renvoient à l'intérieur de la pièce une lumière chaude et tamisée. Pieds nus, sur la moquette molletonnée, je passe une main sur ma nuque crispée, tentant de me rappeler ce que je fous ici. Les souvenirs me reviennent soudain, me font vaciller. Je n'étais pas assez attentive lorsqu'une ribambelle d'oiseaux s'est envolée pile sous le nez de mon chien, ravivant son penchant pour la chasse. Je lui ai couru après sur le sable chaud, mais il allait beaucoup trop vite. Puis sa course s'est terminée quand il a dérapé juste à côté d'un homme, surfeur probablement à en juger par la planche posée à côté de lui. Ralentissant malgré moi, je me souviens avoir contemplé son corps taillé comme dans un roc et sa beauté presque irréelle. Mais je me suis vite reprise en le voyant lever la main vers le fugueur. Aussi beau soit ce surfeur, je ne laisserais personne frapper ce chien. Forte d'une poussée d'adrénaline, je me suis ruée sur eux. Malheureusement pour moi, la fatigue, la chaleur et cette brusque montée en pression ont eu raison de moi et je me suis retrouvée aspirée dans un trou noir. Je pose les mains sur mes hanches en soupirant, lorsqu'une voix rauque me fait sursauter. Je me tourne pour me trouver face à l'homme de la plage. Instinctivement, je jette une œil vers Hidalgo qui remue la queue en le fixant. Il a visiblement oublié que ce gars a voulu l'agresser.

– Vous êtes réveillée ?

Je reste silencieuse, à nouveau subjuguée par ce dieu grec. Ses cheveux bruns sont coupés courts, à part le haut de son crâne, où quelques mèches retombent sur son front. Ses yeux bruns me jaugent avec intérêt, manquant de me faire rougir. Une légère barbe ombre ses joues masculines, qu'il se met à gratter, pensif. Sa chemise, ouverte sur son torse, laisse entrevoir des entrelacs de dessins tribaux qui m'assèchent la gorge et m'oblige à relever mes pupilles vers son visage devenu moqueur.

– Où sommes-nous ? demandé-je, pour donner le change.

Il sourit en révélant des dents aussi blanches que celles d'un mannequin pour une pub de dentifrice.

– Dans ma chambre.

– Oui ? Je n'aurais pas remarqué, sifflé-je avec humeur. Mais sinon ? Comment suis-je arrivée ici ? Et pourquoi ?

– Vous vous êtes évanouie sur la plage. Malgré notre insistance, vous n'avez pas repris conscience alors on vous a amenée ici.

Je fronce les sourcils.

– Vous ? Qui d'autres ? Pourquoi ne pas avoir appelé les pompiers ?

– Avec mes potes. L'un d'entre eux est pompier justement, et il n'y avait pas lieu de s'inquiéter. Vous avez eu une sorte de choc émotionnel, rien de grave. Il fallait juste trouver un endroit où vous seriez tranquille et n'ayant pas votre adresse, nous sommes venus ici.

Je reste coite devant ses explications.

– Vous avez voulu taper mon chien et vous nous ramenez ici comme si de rien était ?? Vous êtes complètement barjot non ?

Il éclate d'un rire franc qui me cloue sur place, ce son provoque une chaleur non désirée au creux de mon ventre. Mais qu'est-ce qu'il m'arrive ?

Sans remarquer mon émoi, il tape doucement sur sa cuisse pour appeler mon lévrier qui le rejoint immédiatement.

– Mais on est potes maintenant, hein mon gars ? susurre-t-il en le caressant derrière les oreilles.

Je n'y comprends plus rien. Cependant, il faut admettre que cette sieste improvisée m'a fait du bien. Sans un mot, je passe devant lui pour aller enfiler mes nus-pieds, placés près de la porte. Je sens son regard me brûler le dos, provoquer des frissons sur mes bras. Dans un silence pesant, je me demande quoi lui dire pour prendre congé, lorsque mon ventre se met à retentir.

– Je vais rentrer, grommelé-je, morte de honte.

– Et si je vous invitais à manger ? propose-t-il soudain.

Je vais volte-face, surprise.

– Pardon ? m'étouffé-je.

– Visiblement vous avez faim, et moi aussi. Il est vingt heures passées, l'hôtel possède un restaurant plutôt goûteux. On le découvre ensemble ?

– Non, je ne pense pas, grimacé-je en secouant la tête.

– Vous me devez au moins ça... commence-t-il, énigmatique.

– Pourquoi donc ?

– J'ai dit à mes potes de se barrer sans moi ce soir, car je n'allais pas vous laisser toute seule. J'ai la dalle, alors je vais manger avant d'aller les rejoindre. Faisons-le ensemble et après, je vous ramène.

Mon ventre se fait entendre, décidé à me contredire. Il lève un sourcil, me défie de refuser à nouveau.

– Et Hidalgo ?

– On viendra le chercher après. Il a l'air d'apprécier l'endroit.

Effectivement, ce traître s'est roulé en boule sur le canapé du petit salon.

– Allez, c'est moi qui régale, insiste-t-il.

Je soupire, rends les armes. Il me remercie d'un sourire éclatant, qui ne manque pas de me faire fondre un peu plus, même si je m'évertue à garder un masque impassible. Ce mec sait-il à quel point il me perturbe ?

Il ferme sa chemise, la glisse dans son pantalon avant de mettre des chaussures. Je me mords l'intérieur de la joue pour penser à autre chose.

– Je m'appelle Noa, et vous ?

– Marisol, murmuré-je en penchant la tête.

– Et bien enchanté de t'avoir rencontrée Marisol. Allons faire plus ample connaissance autour d'un bon repas.

Il me fait un clin d'œil puis m'invite à sortir hors de la chambre.

Il me fait un clin d'œil puis m'invite à sortir hors de la chambre

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A demain pour la suite!

Noa et Marisol au restaurant? Que vont-ils pouvoir se dire ? ^^ 



Unexpected Love (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant