Marisol

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Mais qu'est-ce qu'il m'a prise de succomber à ce play-boy ?

Mon corps courbaturé me rappelle chaque seconde passée à ses côtés. Il a su me montrer que ne rien contrôler pouvait être une échappatoire grisante, euphorique, voir plein de bon sens.

Merde, je ne me suis jamais sentie aussi vivante. Mes sens sont exacerbés comme jamais. Je me suis réveillée en sursaut aux premières lueurs du jour, la truffe de Hidalgo collée contre mon bras. Le pipi du matin était chose sacrée, autant pour lui que pour moi. Noah dormait à poings fermés, je me suis levée sur la pointe des pieds puis suis partie sans faire de bruits. Ma balade matinale sur la plage, malgré la fatigue, m'a permis de réfléchir, de penser à ce que je voulais vraiment. Rester cette femme obnubilée par sa petite vie tranquille, posée et réfléchie, peut-être même trop réfléchie. Je me suis révélée au contact de l'homme avec qui j'ai passé la nuit, comme s'il faisait ressortir la vraie Marisol, celle que Steph veut absolument que je sois.

Assise en tailleur sur mon canapé, je fixe mon téléphone portable sur la table basse. J'appelle ou pas ? Je continue sur cette lancée ou non ?

Prenant une grande inspiration, je le récupère, compose le numéro de ma collègue.

– Marisol ? Quelle surprise de t'avoir au téléphone un week-end !

– Bonjour Steph ! Écoute, si tu souhaites sortir aussi ce soir, je serais partante.

Un cri de joie me fait écho, m'oblige à éloigner l'appareil de mon oreille.

– Tu es sérieuse ? Tu veux sortir ?

– Oui, mais ne me fais pas regretter cette décision.

– Noooon, je te promets qu'on va bien s'amuser. Je passe te prendre ce soir, vingt heures, qu'on aille se manger un bout quelque part, et après... surprise !

– Ah...

Une pointe de stress apparaît à ses mots. Suis-je vraiment prête ?

– Ne panique pas, je te jure qu'on va s'amuser ! Je préfère raccrocher avant que tu ne changes d'avis, et pour info, je ne suis pas disponible le reste de la journée, pas la peine d'essayer de te dédire !! A ce soir !

Elle raccroche avant même que je n'ai eu le temps d'en placer une. Je souris malgré tout, éberluée par la tournure des événements. Je grimace, puis me fout une claque mentale.

Arrête de réfléchir, profite !

La journée passe à une vitesse folle, notamment à cause du fait, qu'épuisée par ma nuit de folie, je me suis octroyée une sieste une bonne partie de l'après-midi. Loin de me sentir reposée, celle-ci a été perturbée par le souvenir de mon amant, mon corps incapable d'oublier la sensation de ses mains sur ma peau, de sa bouche contre la mienne, de lui à l'intérieur de moi. Je frissonne, essuie mes mains tremblantes contre mes cuisses.

Je viens de sortir de la douche, me trouve devant mon armoire à chercher comment me vêtir. Mon choix se porte sur une robe fluide, un peu bohème s'arrêtant au-dessus du genou. Je chausse des bottines mi hautes, sachant que des talons seraient de véritables instruments de torture pour une soirée entière. Je relève mes cheveux en un chignon flou, orne mes oreilles de créoles dorées et mon poignet d'un bracelet du même ton. Je ne sais absolument pas où elle compte m'emmener, alors pour rester naturelle, j'applique simplement du mascara et une touche de gloss en guise de maquillage. Le reflet que me renvoie le miroir me convient parfaitement, je me sens jolie, séduisante et cela faisait longtemps que je ne m'étais pas sentie ainsi.

Il t'aura suffi d'une nuit... me siffle ma conscience. Je la fais taire, surtout que la sonnette de la porte d'entrée vient de retentir. Hidalgo s'agite joyeusement devant celle-ci, ravi de découvrir un nouvel ami à sentir. Steph s'extasie devant lui, à peine un pied à l'intérieur. Elle ne l'avait jamais vu, mais en entend souvent parler. En même temps ma vie tourne un peu autour de lui. A vingt-six ans, je n'ai pas eu de mec qui mérite que je m'extasie dessus pendant des heures.

– Tu es sublime, s'exclame-t-elle en détaillant ma tenue. Qui aurait cru qu'une bombasse se cachait sous tes vêtements de nonne !

Ok, une amie, mais pour la délicatesse, on repassera. Je lève les yeux au ciel, tandis qu'elle rit et me prend dans ses bras.

– Ça va être trop bien.

Nous nous passons un bon moment au restaurant, qui me permet d'en apprendre plus sur elle, sa vie passionnante de femme célibataire et heureuse de l'être, profitant des occasions pour se faire du bien et croquer la vie à pleine dents. Pourquoi me suis-je toujours mis des bâtons dans les roues ainsi, gardant des œillères pour rester concentrer sur ma vie professionnelle ? Peut-être du fait de mon éducation, du fait que je sois la seule de la famille à avoir obtenu un poste dans le médical, bien payé et suscitant leur fierté. Mais malgré cela, depuis hier, j'ai l'impression de passer à côté de l'essentiel.

Il est l'heure de se divertir, Steph m'emmène dans un club en bord de mer, endroit apprécié vu la file d'attente pour y entrer. Elle prend mon bras et nous fait remonter en première ligne, sous le regard énervé des personnes qui attendent.

– Je suis une VIP ici, t'inquiète, Fred va nous faire passer sans que l'on risque une pneumonie, surtout pour une fois que tu as les fesses à l'air !

– Steph !!! m'étouffé-je, rouge de honte.

Elle m'entraîne vers les videurs, qui la laisse entrer contre une bise bien sonore. Je rentre la tête dans mes épaules, mais la redresse bien vite, grisée par l'ambiance intérieure. Il ne nous faut pas plus de deux minutes pour nous glisser parmi les danseurs. Je me laisse vite emporter par la musique, sollicitée par mon amie qui fait son maximum pour ne pas que je réfléchisse. Mon regard vagabonde, sans but précis, je m'imprègne des gens, de leur bonne humeur. Je souris, rosis devant les œillades de certains hommes. Puis soudain, je me fige, apercevant dans un coin de la salle, entouré d'hommes et de jeunes femmes magnifiques, mon amant d'un soir. Ma respiration se bloque, je me sens défaillir, sous le choc.

Il embrasse à pleine bouche une rousse plantureuse, habillée comme une catin. Je ne devrais pas me sentir trahie, après tout, nous ne sommes rien l'un pour l'autre, c'était juste un coup d'un soir, même si je m'étais sentie unique entre ses bras, sous ses caresses, dans les flammes de ses iris. Écœurée, je plante ma copine, joue des coudes jusqu'aux sanitaires, ce qui m'oblige à passer à côté d'eux. Je retiens ma respiration, prie pour qu'il ne me voit pas et m'enferme dans les WC pour reprendre mes esprits.

– Arrête de délirer, Marisol !! sifflé-je à voix basse.

Pourquoi me mettre dans cet état ? Après tout, je me suis sauvée sans attendre qu'il se réveille, alors il faut que je cesse de lui en vouloir. Et puis, ce n'est pas comme s'il m'avait promis quoique ce soit, loin de là. Je me recompose une façade indifférente, puis sors de la pièce... pour cogner dans un torse musclé. Une poigne ferme me retient de ne pas tomber, je me dégage vivement, les dents serrées. Dans le regard chocolat de Noa passe une lueur inquiétante, sa mâchoire crispée montre qu'il retient sa colère.

Tiens donc, il m'en veut ?

Ne serait-il pas l'hôpital qui se fout de la charité ?


Unexpected Love (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant