Il pleuvait.
Il pleuvait beaucoup.Je m'en souviens bien car on avait dû précipiter tout l'enterrement afin de ne pas être tout mouillés.
Je me souviens aussi des parapluies.
Comme des petites fleurs rondes, noires, arrosées par les gouttes qui ruisselaient le long des tiges en fer.Nous n'étions pas nombreux, non vraiment peu. Quelques amis de ma mère, mon père et moi.
Mon père, lui, était anéanti.
Je m'en souviens car j'avais remarqué qu'il pleurait, et que la pluie se mélangeait à l'eau de ses larmes. Je m'étais dit que c'était beau, que c'était poétique et que maman aurait sûrement aimé sa cérémonie.Et puis il a finit par arrêter de pleuvoir. Alors les gens ont rangés leurs parapluies, ont déposés des fleurs et sont partis. Papa est allé boire un coup avec eux. "Pour oublier" ils ont dit. Et je n'ai pas bougé.
Je suis restée en face de la tombe, et de l'épitaphe. Du haut de mes presque 16 ans, habillée tout en noir - l'éthique oblige - j'observais. Il ne pleuvait plus, et je crois que je préférais la pluie car le silence est pénible. Il y a une manière de l'écouter, la pluie. Le bruit de l'eau qui coule comble une sorte de vide qui angoisse, angoisse, angoisse et angoisse si fort qu'on a de la peine à penser droit. C'est une drôle d'idée, d'ailleurs, "penser droit". Moi je veux réfléchir en rond, en courbe ou en carré et écouter l'eau qui dort car ça remplit l'esprit. Et parfois je ne veux plus imaginer.
Depuis sa mort, je ne ressens plus rien.
Alors après de nombreuses minutes à observer, mes cheveux bruns commencèrent petit à petit à frisotter car mon lissage ne tenait plus avec la pluie. Je fis un dernier adieu à maman, tourna les talons et pris le métro.
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Anesthésie
Lãng mạnPerdre sa mère à l'aube de ses 16 ans. C'est une douleur intense et si complexe, qu'il faut parfois savoir étouffer ses sentiments pour survivre. Entre père alcoolique et violences, fugues, drogues et harcèlement, Sasha devra finir par confronter t...