Chapitre 8

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L'inspectrice Brooks retourna sur le perron, observant la lente procession des voitures. Les automobilistes, de nouveau autorisés à emprunter la rue après la dispersion de l'équipe du RAID, ralentissaient pour voir ce qui passait. Elle commençait par être habituée à ce genre de scène.

« Où est-ce que j'ai posé mon briquet... »

Allumant un cigare, elle écoutait en arrière fond la rumeur familière de la ville. Un accompagnement sonore qu'il était impossible d'arrêter, ni mettre en sourdine.

Elle ressentit comme un grand vide quand elle pensa à Duplessier. Elle ne devait pas se soucier de lui, pas après ce qui venait de se produire, mais elle ne pouvait s'empêcher de penser que malgré leurs différences, Duplessier était la personne que qu'elle connaissait le mieux.

Du moins, elle le croyait.

Passot vint la rejoindre.

« Alors c'est fini ? demanda-il.

- C'est ce qu'on espérait non ? Que le tueur, quel qu'il soit, mettrait un terme à tout cela de son propre chef. Duplessier nous avait même prévenus. Il avait suggéré dans son profil que le tueur risquait de se donner la mort s'il se sentait acculé.

- Mais il ne l'était pas. C'est lui qui s'est placé dans cette situation. Ça fait une énorme différence.

- Il a peut-être voulu s'assurer qu'il ne serait jamais pris.

- Peut-être bien...

- Après tout, si l'on se fie aux termes employés : son dernier ennemi à vaincre c'était la Mort.

- Vaincre la mort pour ne jamais être défait par les mortels.

- Je voyais quelque chose dans ce genre.

- Ça ressemble à Duplessier ces pensées métaphysiques. »

Pringent vint les rejoindre à son tour.

« Du nouveau ! Son portable a été retrouvée dans la maison.

- Bonne nouvelle, fit la policière. Quelque chose d'intéressant aux premiers abords ou il faut attendre l'analyse informatique ?

- Il a écrit un SMS qu'il n'a finalement pas envoyé.

- Un message ? Qui devait être le destinataire ?

- Vous connaissez très bien cette personne. Il s'agit de Sienna Brooks.

- Moi ? »

Pringent, les mains toujours gantées, tendit le portable à Brooks. Elle lut le message à haute voix.

« Brooks, je suis le Prédateur. »

Elle rigola.

« Si c'était sa dernière volonté, alors que Maur parte tranquille. Nous sommes tous au courant. »

~

Plusieurs heures passèrent, le vieux commissaire convoqua une conférence de presse afin d'annoncer la clôture de l'enquête. Brooks évita les festivités, elle n'était pas d'humeur à le voir afficher son sourire niais. Elle n'était pas non plus d'humeur pour répondre aux journalistes qui n'allait pas tarder à la solliciter au sujet de Duplessier.

Elle se sentait vidée, dépourvue d'énergie. Quatre mois d'implication totale, elle n'en pouvait plus. Il fallait qu'elle cesse de penser au profileur.

Pour elle comme pour les autres, l'enquête était terminée.

« Rentrons chez nous. »

Le dernier ennemi à vaincreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant