Black Rain Empire (en cours)

Prologue

Les Landes,
9e année du règne du Roi Galbad.

La terre des Landes était teintée de rouge et l'air chargé d'odeurs putrides annonçant l'état de décomposition désormais avancé des cadavres qui jonchaient le sol. La brise tournait maintenant vers le camp vieux de plusieurs mois et chatouillait les narines du conquérant Galbad qui constatait l'ampleur des dégâts. Il se dressait devant ses yeux vieillis un champ de bataille mêlant ses hommes et les soldats du royaume des Landes, les silhouettes tordues de peur des morts soulignées par le crépuscule. Que peu de rescapés...

Le conquérant se sentait lâche de n'avoir participé à cette guerre que depuis sa tente, terré loin des épées et des lances tandis qu'une partie de son armée donnait sa vie pour lui. Alors que ses paupières ridées papillonnaient sur ses yeux humides comme pour chasser un mauvais rêve, un chef de guerre courut maladroitement vers lui, épuisé par l'effort.
- « Mon Roi ! L'ennemi s'est retranché vers les bois ! Que devons-nous faire ? Guidez vos hommes ! » insista le vétéran devant l'absence de paroles venant du Monarque.
Il se faisait vieux, son visage était désormais bien plus marqué qu'avant la bataille. Las des tragédies qui se répétaient de plus en plus depuis quelques temps, il se sentait perdu.

Quant au chef de guerre, qui demeurait silencieux, il frémit en voyant une ombre se dresser derrière le Roi.
- « Camie... » soupira ce dernier en reconnaissant sa présence.
- « Mon Roi... Permettez-moi de vous conseiller une nouvelle fois, je suis là pour ça après tout. » lui dit le conseiller d'une voix sifflante à l'oreille.
Il continua.
- « Il nous reste assez d'hommes pour pouvoir annihiler définitivement nos ennemis. Remportons le trône des Landes ! Et ce une bonne fois pour toute. » susurra-t-il à son oreille.
À ses paroles, Galbad se remémora ses hommes tombant par centaines au combat, transpercés de part et d'autre par des glaives ; mais aussi des êtres essayant de fuir la mort, suppliant pour qu'on leur laisse la vie sauve. Une image le frappa encore à ce moment là, un soldat des Landes gravement blessé suppliant un de ses hommes de mettre fin à ses jours après toute cette horreur. Celui-ci fut incapable d'accomplir cet acte, trop meurtri par toutes ces batailles sanglantes.
- « Assez ! »
Galbad se voulait ferme mais sa voix ne fut qu'un écho déchirant de tristesse dans l'air saturé des Landes. Camie se renfrogna. Il s'enfonça dans son grand manteau noir comme voulant s'effacer un peu plus dans l'ombre de sa capuche. Quant au chef de guerre, lui, le regardait avec insistance, attendant avec espoir des ordres tandis que quelques soldats par-ci par-là jetaient un regard vers eux.
Galbad continua.
- « Assez de massacres, trop de sang a été versé ! Et tout ceci pour amasser toujours plus de richesse et de terres... »
Après une pause en tentant de calmer son émoi, il reprit sur un ton plus calme mais néanmoins décidé.
- « Il suffit Camie. Plus de guerres, plus de tueries. Des terres, j'en ai conquis. Des richesses, j'en ai assez pour construire. Assez pour un grand fort dans lequel on saura vivre en paix. »
Camie, cacha sa révolte derrière son visage qu'il voulait impassible, et essaya de convaincre son Roi de fonder un grand empire.
- « Ne pensez vous donc pas à l'avenir ? Sans grand empire, sans grande force, nous devenons une proie.
- Je pense surtout à l'avenir de mon fils et de mon peuple. Continuer nous précipiterait dans les bras de la Mort. Je t'ai assez écouté, voilà où cela nous a menés. » acheva-t-il en jetant un bref coup d'œil à ses hommes en contrebas - qui tentaient de tirer des amas de chair des soldats blessés -, avant de se retirer dans sa tente.
- « Demandez le retrait de vos hommes, Chef. » grommela Camie avant d'entamer le pas lui aussi.
Le-dit chef de guerre soupira de soulagement avant de crier aussitôt les ordres à ses hommes.

Le Roi Galbad était bon. C'est notamment grâce à son bon sens que les guerres ont fini par cesser une à une, les autres souverains adoptant avec le temps sa façon de penser. C'est à lui que l'on doit la grande cité que l'on connait aujourd'hui sous le nom de Redereasm.
Mais tout le monde a oublié cette partie de l'Histoire.